Africa-Press – Congo Kinshasa. La tension sécuritaire reste extrême dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où s’entrecroisent interventions étrangères, groupes rebelles et combats de haute intensité. Le Burundi a clairement fait savoir qu’il ne comptait pas se retirer de sitôt.
Lors d’une émission publique consacrée au bilan de l’année, organisée au stade Royal de Muramvya, dans la province de Gitega, le président burundais Évariste Ndayishimiye a été sans ambiguïté: les troupes burundaises resteront sur le sol congolais tant que les menaces rebelles ne seront pas neutralisées.
« Nos troupes, présentes en RDC, ne partiront pas tant que l’ennemi ne sera pas complètement éliminé, car la sécurité de la RDC est aussi celle du Burundi », a déclaré le chef de l’État, cité par la Radio-Télévision nationale du Burundi. Pour lui, l’est congolais constitue une ligne avancée de défense stratégique pour Bujumbura. Une position qui tranche nettement avec les appels de l’opposition burundaise réclamant le retrait du contingent.
18.000 soldats burundais engagés au Sud-Kivu
Déployé depuis 2023 à la demande des autorités congolaises, le contingent burundais compte environ 18.000 militaires, majoritairement stationnés dans la province du Sud-Kivu. Ces forces opèrent aux côtés des FARDC dans des missions de stabilisation et de lutte contre plusieurs groupes armés.
Le président Ndayishimiye a notamment pointé la milice RED-Tabara, accusée d’utiliser le territoire congolais comme base arrière pour lancer des attaques contre le Burundi. Selon les Nations unies, ce groupe actif depuis 2015 bénéficierait d’un soutien logistique rwandais. Implantée dans le Sud-Kivu, la RED-Tabara disposerait d’environ 800 combattants et demeure la principale menace transfrontalière pour Bujumbura.
Ce mois-ci, les troupes burundaises ont d’ailleurs été engagées dans des affrontements directs contre les rebelles du M23, dont l’activisme ne faiblit pas.
Makobola reprise, le M23 recule vers Uvira
Sur le terrain, les lignes bougent. Les forces gouvernementales congolaises, appuyées par des milices locales, ont repris le contrôle de la ville de Makobola, dans le Sud-Kivu, après plusieurs jours de combats violents, selon le site Actualité.
Entrées dans la ville à l’issue d’opérations offensives, les unités de l’armée congolaise ont contraint les combattants du M23 à battre en retraite sur une quinzaine de kilomètres, jusqu’à la périphérie sud d’Uvira. Makobola était tombée aux mains des rebelles le 15 décembre dernier.
L’Ituri à son tour sous pression
Plus au nord, la province de l’Ituri connaît à son tour une flambée de violences. La radio Okapi fait état de combats intenses au cours des dernières 24 heures entre les forces gouvernementales et les rebelles de la Convention pour la révolution populaire (CRP) dans la ville de Bule, située à environ 80 kilomètres de Bunia, dans le territoire de Djugu.
Profitant de la période des fêtes, les combattants de la CRP chercheraient à consolider leurs positions. Aucune information officielle n’a filtré sur d’éventuelles pertes. La situation inquiète d’autant plus que Bule, forte d’environ 130.000 habitants, est entourée de camps abritant près de 100.000 réfugiés et déplacés internes.
Créée au printemps dernier par l’ancien chef de milice Thomas Lubanga, la CRP disposerait de près de 4.000 combattants et affiche clairement son ambition: prendre le contrôle de l’Ituri et renverser le pouvoir central de Kinshasa.
Un foyer régional de plus en plus instable
Avec près de 20 groupes armés actifs, dont la CODECO et les Forces démocratiques alliées (ADF), l’Ituri reste l’une des provinces les plus instables du pays. Frontalière de l’Ouganda et du Soudan du Sud, la région est devenue un carrefour explosif, où la crise sécuritaire dépasse désormais largement les frontières congolaises.
Dans ce contexte, la détermination affichée par le Burundi confirme une tendance lourde: la crise de l’est de la RDC s’impose de plus en plus comme un enjeu régional majeur, aux répercussions directes sur toute l’Afrique centrale.





