Face au Kivu et au Kasaï : avec environ 12 millions d’électeurs, Kinshasa, clé des élections de décembre

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Face au Kivu et au Kasaï : avec environ 12 millions d’électeurs, Kinshasa, clé des élections de décembre
Face au Kivu et au Kasaï : avec environ 12 millions d’électeurs, Kinshasa, clé des élections de décembre

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le poids électoral de l’ex-Léopoldville, avec ses 12 millions d’électeurs, va peser sur la balance de la présidentielle du 20 décembre en République démocratique du Congo, selon l’analyse d’experts électoraux congolais dimanche auprès de l’ACP.

Depuis le weekend dernier, à une semaine des scrutins du 20 décembre, la campagne électorale a atteint sa vitesse de croisière. Les candidats présidents, en particulier, multiplient de déplacements à l’intérieur du pays. Toutes les provinces de la République démocratique du Congo, même les entités du centre du pays qui semblaient moins prioritaires jusqu’à la troisième semaine, sont atteintes de la fièvre de la campagne. Désormais, dans les Etats-majors, l’heure est à présent aux projections sur des tendances. « C’est le moment de spéculer autour du poids électoral de grands blocs historiques du pays », a confié un observateur dimanche à l’Agence Congolaise de Presse (ACP).

Les six bases socio-électorales de la RDC

Il est de notoriété publique que les élections en RDC se font sur des bases sociologiques. Politiquement parlant, la RDC compte six grands blocs territoriaux. Toutefois, il importe de signaler que le bloc incluant la capitale Kinshasa, capte à lui seul plus de 12 000 000 d’électeurs pourrait jouer le faiseur des rois.

Il serait donc utile de s’y référer dans les calculs et projections électorales.

Ces six blocs sont: l’ex-province de Léopoldville (Kinshasa, le Kongo Central et le Grand Bandundu) ; de l’espace Kasaï (qui comprend le Kasaï, le Kasaï Central, le Kasaï-Oriental, la Lomami et le Sankuru) ; de l’espace Kivu (avec le Nord et Sud-Kivu ainsi que le Maniema) ; de l’espace Grand Katanga (avec le Haut-Katanga, le Haut-Lomami , le Lualaba et le Tanganyika) ; de l’espace Grand Equateur (comprenant le Nord et Sud-Ubangi, l’Equateur, la Mongala et la Tshuapa) et enfin, de la Grande Orientale (avec Tshopo, Bas et Haut-Uélé et Ituri).

De tous ces blocs, l’ex-Léopoldville compte plus d’électeurs que tous les autres blocs, avec au total 11.933.771 électeurs inscrits.

En deuxième position, on retrouve l’espace Kasaï, au centre du pays, avec 7.531.484, suivi en troisième position de l’espace Kivu avec 7.021.900 électeurs attendus. Si Kinshasa a souvent été le fief de l’opposition, il sied de signaler que l’opposition actuelle n’a pas les mêmes assises dans l’opinion que ‘l’opposition UDPS’ contre Mobutu et Joseph Kabila. Contrôler Kinshasa électoralement, augure des bonnes choses pour la suite du processus. Et aussi, ne pas sous-estimer le poids du Kivu.

C’est dans cet objectif que le président sortant et candidat à sa propre succession, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, est arrivé à Goma ce dimanche 10 décembre, avant de continuer son tour du Nord-Kivu avec Beni hier lundi 11 décembre 2023. En parlant du Kivu, on se réfère obligatoirement à la guerre imposée au Congo par le Rwanda de Kagame. Après environ trente mois, soit depuis juin 2021 où Félix Tshisekedi avait tenu une conférence de presse conjointe avec son homologue Paul Kagamé, le Président de la République n’est plus revenu dans cette partie de la République en proie à l’insécurité.

Depuis, les relations se sont tendues entre Kagame et Tshisekedi à la suite de la résurgence des atrocités des combattants de l’unité spéciale rwandaise M23, qui contrôlent une partie de la province. C’est ainsi qu’au garant de l’intégrité nationale, les habitants de Goma, ne réclamaient que la paix au stade Afia où le chef de l’État tenait son meeting. Mais la paix semble fausser compagnie à Goma, victime de ses richesses naturelles.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a réceptionné vendredi 8 décembre 2023, le dernier lot d’un tonnage de 92 884 kg composé de documents sensibles des bureaux de vote du matériel électoral commandé en Chine. Il s’agit des fiches de résultats et des procès-verbaux des opérations de vote supervisés et conditionnés par les équipes de la CENI dépêchées sur place depuis plusieurs semaines, et repartis par circonscription, par antenne et province. Ces documents ont transités à l’entrepôt de la centrale électorale avant le ‘transbordage’, en vue de leur son acheminement dans les provinces. Pour ne pas favoriser une quelconque manipulation, le matériel est hautement sécurisé. C’est lendemain samedi 9 décembre 2023 que le personnel commis à la tâche a opéré des groupages par destination. Ce matériel sera de nouveau embarqué en vue d’être acheminé vers les destinations respectives, pendant qu’une partie demeurera à Kinshasa tandis que le matériel non-sensible produit localement a déjà fait l’objet de déploiement.

Coltan, ‘’une malédiction’’ pour le Kivu ?

Ces derniers jours, de violents affrontements s’observent notamment autour de Mushaki dans le Masisi. Ils opposent les terroristes de l’armée rwandaise sous masque du ‘pseudo-rébellion’ du M23 et particulièrement contre les patriotes résistants Wazalendo.

« La paix. Si nous avons la paix, nous avons tout. Et nous avons confiance en lui », lance un habitant de Goma au Chef de l’État. Et d’ajouter, « cela fait déjà cinq ans qu’il est au pouvoir, espérons que dès qu’on va lui accorder un second mandat, il va faire mieux ». Ces terroristes, avec l’appui du Rwanda et de l’Ouganda, gagnent du terrain. Plusieurs rapports d’experts et des Nations unies ont clairement établis que « il y a beaucoup de Rwandais qui vivent à Goma, et personne ne les tracasse. Le président Kagamé est en train de détruire des bonnes relations qu’il y a entre les populations rwandaise et congolaise ». Ainsi, dès son arrivée à Goma, Félix Tshisekedi a indexé son homologue rwandais, Paul Kagame et a promis de ramener la paix et la sécurité dans la région. « Il ne reste plus grand-chose sur notre parcours pour vaincre définitivement cet agresseur. Faites-moi confiance et je vais vous donner la libération totale », a promis le président congolais. Celui-ci avait comparé Paul Kagamé à « Adolf Hitler et ses visées expansionnistes », lors de son meeting vendredi à Bukavu,Chef –lieu du Sud-Kivu. Kigali a dénoncé des propos qu’il qualifie de « menace » et « provocations » qui visent à « détourner l’attention de ses échecs en matière de sécurité et de gouvernance ». Toutefois, il est un secret de polichinelle, Kagame impose la guerre au Congo à cause de ses richesses minières, notamment le Coltan.

Le sous-sol de la RDC est l’un des plus riches au monde avec ses diamants, pétrole, or, cuivre, cobalt, cassitérite et principalement le coltan que le Rwanda et l’Ouganda se disputent le statut de principal transitaire. « On trouve des mines artisanales dans des zones de conflits dans l’est du pays, ces minerais financent les groupes armés présents dans l’est du pays. Ces minerais partent ensuite dans un pays voisin de la RDC pour être ensuite exporté vers un intermédiaire peu regardant sur les conditions d’extraction de ces minerais. Ces intermédiaires sont à Dubaï dans les Émirats arabes unis. Et les autorités locales ferment les yeux », explique Philippe Chalmain.

Le gouvernement des Émirats arabes unis affirme vouloir combattre la contrebande de ces minerais. Il cherche à investir dans le secteur minier en partenariat avec le gouvernement de Kinshasa. Les Émirats ont ainsi signé en juillet 2023 un accord de 1,9 milliard de dollars avec une société minière d’État en République démocratique du Congo, pour développer au moins quatre mines dans l’est troublé du pays d’Afrique centrale.

« Le secteur minier des grands groupes, dominé par des grands groupes chinois est plus propre que les mines artisanales », estime Philippe Chalmain. Pourrait-il verser une plus grande part des ressources minières à l’État congolais ? Philippe Chalmain rappelle que les investissements restent colossaux lorsqu’un opérateur veut ouvrir une mine industrielle dans le cuivre. “Une ligne de cuivre de 300 000 tonnes, comme au Chili, représente 11 milliards de dollars d’investissement”, explique le chercheur.

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