Africa-Press – Congo Kinshasa. “Il n’y a pas d’opportunité pour réviser ou changer la Constitution. Le problème des Congolais n’est point dans le tripatouillage de la loi fondamentale. Le pouvoir doit cesser avec ses velléités”, a rappelé le président de l’ECIDE, Martin Fayulu, lors du lancement mercredi à Kinshasa, de “la campagne pour la défense de la Constitution”.
L’opposant congolais, leader majeur du pays, a signifié à l’opinion que le préambule de la Constitution est déjà éloquent et “rien ne peut se faire sans recours au souverain primaire”.
Est-ce notre Constitution prévoit ce qu’est fait le pouvoir aujourd’hui ?, est-ce la loi électorale a-t-elle prévu ce qu’on a vu se produire lors des élections de décembre 2023, est-ce cette loi a prévu qu’on donne des machines à voter aux particuliers, d’organiser les élections durant plus de jours que prévus ?, s’est-il interrogé.
Pour Martin Fayulu, la seule solution est de concevoir un processus électoral exempt de fraude et de hold-up afin de permettre au peuple d’exercer pleinement sa souveraineté en choisissant les dirigeants de son choix et capables de répondre à ses préoccupations. “Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir n’ont pas été élus par le peuple. Il se pose toujours un problème récurrent de légitimité”, a-t-il remué son discours de la vérité des urnes.
Remonté, Martin Fayulu appelle le peuple congolais à ne pas se laisser manipuler par le mensonge et la démagogie de certains acteurs politiques, mais à se ranger plutôt derrière les forces patriotiques pour s’opposer à un quelconque changement de la loi fondamentale.
“Si un président veut changer la Constitution, c’est pour son intérêt personnel de rester au pouvoir et non pour celui du peuple”, a, de son côté, fustigé l’activiste Jean-Claude Katende, soulignant que cette Constitution est un bien appartenant à tous les Congolais. L’activiste estime que les discours distillés ces derniers jours ne sont que des prétextes pour justifier une volonté malveillante de s’éterniser au pouvoir.
Il ne s’agit pas de réviser ou de changer quoique ce soit, mais de faire sauter le verrou de l’article 220 afin de rester aux commandes alors qu’il est foncièrement le bénéficiaire de cette même Constitution qui a donné au pays la première alternance politique de son histoire, a-t-il fait savoir.
Dans le même ordre d’idées, le doctorant Paulin Mpunga du CRIDA, a rejeté les arguments avancés récemment par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, selon lesquels la Constitution actuelle est l’œuvre des belligérants ou encore elle retarde la mise en place des institutions issues des élections.
D’après lui, “la Constitution est sacrée et constitue un pacte républicain qui ne peut être touchée”. Il n’a pas hésité de dénoncer les tentatives “machiavéliques” du pouvoir de faire abreuver à la population sa thèse suicidaire de la révision ou du changement de la loi fondamentale. Il a démontré que cette loi suprême a été obtenue au prix des millions de morts. “Elle est fondamentalement la meilleure de notre pays” car, a-t-il soutenu, elle a mis en place des “dispositifs susceptibles d’atteindre les objectifs de l’État de droit et de la démocratie”.
– Révision, pas une priorité –
A l’occasion, le coordonnateur du Forum citoyen, Martin Milolo, a clairement averti les pro-pouvoir que la révision ou le changement de la Constitution n’est pas une priorité dans le contexte actuel de notre pays. “Aujourd’hui, nous disons que la priorité n’est pas la révision ou le changement de la Constitution car le pays est en guerre et notre nation est agressée par le Rwanda. La priorité est donc la sécurité, la paix et le développement”, a-t-il mentionné.
Cependant, a reconnu le militant pro-démocratie, la Constitution étant l’œuvre humaine peut être certes imparfaite, mais elle n’est pas la plus mauvaise de la planète. “C’est la meilleure loi fondamentale que le pays ait connu depuis son histoire politique et constitutionnelle. Elle nous a permis d’avoir la première alternance politique pacifique et aussi l’actuel président a prêté serment sur base de cette même Constitution en promettant de la protéger et surtout de la respecter”, a souligné M. Milolo qui estime qu’à ce stade, il n’y a pas de raison de changer la Constitution. D’où, dit-il, le bien-fondé du lancement de cette campagne pour dire “Non” à la révision parce que, argumente-t-il, cette loi fondamentale est sacrée. “Toucher à la Constitution, c’est plonger le pays dans l’instabilité en ce moment crucial où le pays fait face à d’énormes défis”, a-t-il insisté.
La campagne pour la défense de la Constitution, a précisé Milolo, va s’étendre sur l’ensemble du territoire national. “Nous allons nous déployer sur toute l’étendue du pays pour sensibiliser la population avec des messages traduits dans toutes les langues”, a assuré le coordonnateur du Forum citoyen.
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