Africa-Press – Congo Kinshasa. Au G20 à Johannesburg, et malgré le boycott des États-Unis, une déclaration commune a donc été adoptée par les États du groupe. Un texte d’une trentaine de pages où ils appellent notamment à la paix dans le monde et à l’approvisionnement en minéraux critiques. Un large consensus malgré des désaccords sur certains points.
À peine ouvert, la présidence annonce qu’une déclaration commune a d’ores et déjà été adoptée. C’était un des objectifs prioritaires du pays hôte, pour faire de ce premier sommet des chefs d’État des plus grandes économies du monde sur le continent africain, un succès.
Dans le texte rendu publique un peu plus tard dans la journée, les dirigeants réagissent aux grands conflits en cours dans le monde en réclamant « une paix juste, complète et durable » en Ukraine, mais aussi au Soudan, en République démocratique du Congo et dans les territoires occupés palestiniens.
Ils appellent aussi les pays à « s’abstenir de la menace ou de l’usage de la force pour gagner des territoires » au détriment de la souveraineté ou de l’indépendance politique d’un autre État. S’il s’agit de la seule référence à l’Ukraine dans ce texte de 30 pages, le plan américain pour le pays a bousculé l’agenda du sommet: les dirigeants occidentaux, en particulier européens, ont multiplié les consultations à ce sujet en marge du sommet.
Inégalités
L’Afrique du Sud a fait de la lutte contre les inégalités une des priorités de son G20 et prônait la création d’un panel international sur le sujet. La déclaration n’en fait pas mention. Elle souligne toutefois l’« impératif » de s’attaquer aux « disparités de richesse et de développement, tant au sein des pays qu’entre eux ».
Les dirigeants ont également appelé à la réforme du système financier international afin d’aider les pays à faibles revenus à faire face au remboursement de leur dette. Ce dernier entrave leur capacité d’investissement dans les infrastructures, la santé et l’éducation. La déclaration réclame plus de transparence de la part des créanciers, y compris ceux du privé, et dit soutenir les efforts pour instaurer des taxes mondiales minimales.
Minéraux critiques
Le G20 appelle également à protéger l’approvisionnement en minerais stratégiques, indispensables pour la transition énergétique, rapporte notre envoyé spécial à Johannesburg, Alexis Bédu « Nous cherchons à renforcer la résistance de la chaîne de valeur des minéraux critiques aux tensions géopolitiques, aux mesures commerciales unilatérales en violation des règles de l’OMC, aux pandémies et aux catastrophes naturelles », listent les dirigeants du G20 dans le paragraphe en question. Une référence directe à la guerre commerciale entre Washington et Pékin.
Visée par les droits de douane américains, la Chine n’avait pas hésité à utiliser son quasi-monopole sur les réserves et le raffinage des terres rares comme d’un puissant levier de négociations. Mais ce sont les industriels du monde entier qui se sont retrouvés ainsi privés d’une ressource indispensable à la plupart des technologies de pointe. Contrairement aux États-Unis, la Chine était représentée à Johannesburg en la personne de son Premier ministre.
En signant cette déclaration, Pékin réaffirme donc son désir de s’inscrire dans une démarche multilatéraliste en opposition à la politique du cavalier seul de Donald Trump. La démarche portée par la présidence sud-africaine n’est pas complètement désintéressée: on estime que 30 % des réserves de minéraux critiques se trouvent dans les sous-sols du pays.
Climat
Adoptée le jour même de la conclusion des négociations climatiques de la COP30 au Brésil, la déclaration reconnaît la nécessité d’augmenter « rapidement et substantiellement » les financements climatiques, pour passer « de milliards à des milliers de milliards à l’échelle mondiale et provenant de toutes les sources ».
Elle met l’accent sur les inégalités en matière d’accès à l’énergie, en particulier en Afrique, et appelle à accroître, sécuriser et diversifier les investissements vers des sources d’énergie durables. Les dirigeants indiquent qu’ils appuieront le développement de systèmes d’alerte précoces pour les populations les plus exposées aux catastrophes liées au climat.
L’empreinte de la philosophie Ubuntu
Ce sont 122 points parfois assez vagues avec, à chaque ligne, l’empreinte de la philosophie Ubuntu, concept sud-africain soulignant l’interdépendance de tous les êtres humains et donc des nations. Dans le texte, les signataires appuient très fort sur un point: le multilatéralisme survit malgré les puissantes tensions internationales.
Mais les déclarations des dirigeants sont moins optimistes qu’un texte finalement dont le principal mérite est avant tout d’exister. « Nous avons beaucoup de mal à régler autour de cette table […] les grandes crises internationales », a déclaré Emmanuel Macron. « Il ne fait aucun doute que le chemin à venir sera difficile », a renchéri le Premier ministre britannique Keir Starmer, Au-dessus de ce texte et de ce G20 planent des intérêts contraires. Ainsi le résume le Premier ministre chinois Li Qiang « l’unilatéralisme et le protectionnisme sont omniprésents. »
L’hôte du sommet, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, s’est montré plus positif, assurant que le G20 demeurait un symbole de « la valeur » du multilatéralisme pour résoudre les défis mondiaux. « Les défis auxquels nous sommes confrontés ne peuvent être résolus que par la coopération, la collaboration et les partenariats », a-t-il martelé.
L’importance du sommet pour les pays africains
La première journée du G20 a permis aux pays africains de conclure des investissements et partenariats. Des relations commerciales plus fortes entre l’Allemagne et l’Afrique. Le chancelier Friedrich Merz annonce les ambitions allemandes. Berlin va devenir actionnaire de l’ATIDI – une assurance panafricaine qui couvrent les investisseurs, les prêteurs et les entreprises. Cela permettra de mobiliser 430 millions d’euros supplémentaires.
Une revitalisation du programme Compact pour l’Afrique a également été garantie par de nouveaux fonds. Cette initiative était née lors du G20 à Berlin en 2017 – 12 pays africains y souscrivent dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou encore la République démocratique du Congo.
Quant aux Émirats arabes unis, ils misent sur l’Intelligence artificielle africaine. Ils prévoient d’investir 1 milliard de dollars pour étendre les infrastructures et les services d’IA à travers l’Afrique, ont-ils annoncé ce samedi. Un moyen pour Abou Dabi de renforcer son influence sur le continent africain qui a pris du retard dans la course technologique mondiale.
De nombreuses réunions bilatérales se sont également tenues après la session plénière. Emmanuel Macron s’est entretenu avec Teodoro Obiang, président de Guinée équatoriale, ainsi qu’avec le premier ministre éthiopien Abyi Ahmed.
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