Héritage Controversé de Laurent-Désiré Kabila en RDC

3
Héritage Controversé de Laurent-Désiré Kabila en RDC
Héritage Controversé de Laurent-Désiré Kabila en RDC

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le 17 mai 1997, une date qui, pour beaucoup, a marqué la naissance d’un espoir en RDC -République démocratique du Congo-. Ce jour-là, les éléments de l’AFDL -Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo- entrent dans la ville de Kinshasa, mettant fin au régime de Mobutu Sese Seko. Porté par Mzee Laurent-Désiré Kabila, le mouvement est accueilli par une population lasse de 32 ans d’autocratie, d’inégalités et de déliquescence de l’État. L’homme de Fizi devient alors le symbole du renouveau tant attendu, paré des idéaux lumumbistes et auréolé de son passé révolutionnaire.
Une libération aux zones d’ombre

Mais très vite, les contours de cette « libération » s’estompent. L’AFDL, coalition hétéroclite, avance avec le soutien d’États étrangers, notamment le Rwanda et l’Ouganda, intéressés par les ressources du Congo et soucieux de sécuriser leurs frontières après le génocide de 1994. Derrière l’image du patriote se cache une réalité plus complexe: celle d’un pouvoir conquis sous tutelle, avec des partenaires dont les intérêts allaient bientôt entrer en collision avec ceux de l’État congolais.

Des alliances qui deviendront des fractures

L’embrasement du Congo en 1998, avec l’éclatement de la guerre dite « des six jours » à Kisangani et la rupture entre Kabila père et ses anciens alliés rwandais, vient confirmer cette lecture ambivalente de son accession au pouvoir. La souveraineté que Mzee voulait restaurer s’est heurtée aux ambitions de ceux qui l’avaient aidé à renverser Mobutu. Son fameux mot d’ordre « Ne jamais trahir le Congo » prend alors une résonance particulière: trahison ou sursaut tardif?

Aujourd’hui, un pays toujours en quête de libération

Vingt-huit ans plus tard, la République démocratique du Congo demeure en proie à l’insécurité, notamment dans sa partie orientale. Le discours officiel parle d’ »agression rwandaise », tandis que les populations civiles subissent exils, violences et humiliations sur leurs propres terres. Dans ce contexte, l’héritage de Mzee Kabila divise: certains continuent de le célébrer comme le dernier grand nationaliste, d’autres l’accusent d’avoir ouvert une brèche à l’ingérence étrangère, dont les conséquences se prolongent jusqu’à ce jour.

Mémoire sélective ou conscience critique?

La question n’est pas de réécrire l’histoire, mais de la confronter à ses résultats. Mzee Kabila reste une figure centrale, une légende pour certains, une énigme pour d’autres. Sa mémoire ne peut être dissociée du contexte dans lequel il est arrivé au pouvoir: avec des armes, des alliances tactiques et une promesse de changement. Que cette promesse ait été tenue ou trahie, reste au cœur du débat national.

Conclusion: L’héritage à réinterroger, non à figer

Mzee Kabila demeure sans doute un acteur majeur de l’histoire congolaise contemporaine. Mais dans une nation encore déchirée, il ne suffit plus de commémorer. Il faut interroger. Non pas pour condamner ni sanctifier, mais pour comprendre. Car, c’est à ce prix que le Congo pourra, enfin, sortir de l’ambiguïté, et construire une mémoire collective capable de porter une vision de paix et de souveraineté véritable.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here