Africa-Press – Congo Kinshasa. Le président rwandais accentue la pression sur le front congolais. Paul Kagame n’entend pas retirer ses troupes tant que les causes profondes du conflit ne seront pas résolues: l’identité des tutsis congolais, les FDLR, le retour des réfugiés et la gouvernance. Devant le Parlement, il a affirmé jeudi que le Rwanda mobilisera « toutes ses ressources » pour atteindre ses objectifs.
Le plan du chef d’Urugwiro village est clair: asservir la RDC, premier producteur mondial de cobalt, une matière première stratégique pour l’industrie automobile. Pour y arriver, Kagame a mobilisé les RDF (Forces rwandaises de défense), qui ont intensifié des attaques, ces derniers jours, au Sud-Kivu, face une armée congolaise (FARDC) fragilisée par des problèmes structurels profonds. Une offensive qui a conduit à la prise d’Uvira.
Après avoir réussi à contraindre la force de la SADC et la Monusco à l’inopérabilité, le Rwanda se montre déterminé à faire échec à la coopération militaire entre la RDC et le Burundi, pour rester le seul maître du terrain.
Ci-dessous, l’extrait du discours de Paul Kagame prononcé jeudi devant le Parlement rwandais:
J’ai appelé le président du Burundi, Ndayishimiye, et je lui ai demandé: « Les forces de la CAE ont été expulsées de la RDC, le Burundi est resté, et maintenant les forces de la SADC se déploient – le Burundi a-t-il rejoint la SADC? » Il a répondu non.
Je lui ai alors demandé si le Burundi était resté au Congo par amitié avec Kinshasa et par volonté de soutenir les actions du Congo. Il a répondu que le Congo avait sollicité leur présence car ils étaient amis. J’ai insisté: « Mais de plus en plus de vos troupes se dirigent vers le nord. » Or, il m’avait dit auparavant que les problèmes de sécurité du Burundi, liés au Congo, se situaient au sud – à Uvira et Minembwe – et que c’était la raison de leur intervention au Congo. J’ai donc demandé: « Si Minembwe et Uvira sont au sud, que faites-vous au nord, à Goma et Rutshuru? »
Il a répondu: « Qui vous a dit que nous avions des troupes là-bas? » Je lui ai dit que j’avais été informé par des personnes qui m’avaient fourni des preuves, mais que je souhaitais l’entendre directement de sa bouche avant de le prendre pour acquis. Il a rétorqué: « On vous a menti. » « Nous n’avons pas de troupes dans le nord. » J’ai répondu que, puisqu’il me l’affirmait en tant que chef d’État, je l’acceptais.
Peu de temps après, de nombreux soldats burundais furent faits prisonniers au combat. Cela entraîna des rencontres entre nos deux pays. Le Burundi tenta de nier les faits, et il demanda: « Niez-vous la présence de vos propres soldats, capturés précisément là où vous disiez n’en avoir aucun? » S’ensuivit un échange interminable.
Même aujourd’hui, tout cela se produisait avant la signature de l’accord et a continué par la suite. Les événements d’Uvira ont révélé la présence de milliers de soldats burundais opérant à Uvira, Minembwe, Kalemie, Kindu, et dans d’autres localités qui s’étaient déplacées vers Walikale et Kisangani – plus de vingt mille au total.
Il faut se demander: comment une force burundaise aussi importante a-t-elle pu entrer au Congo? Il y a manifestement un grave problème. Ils passent leurs journées à bombarder les habitants de Minembwe avec de l’artillerie et des drones. Et la communauté internationale, qui ne cesse de parler, où est-elle? La population a crié à l’aide, et personne n’est intervenu.
Puis, récemment, après les combats… À Uvira, une vague d’indignation internationale a soudainement déferlé, proclamant: « C’est le Rwanda ! » Le Rwanda est donc désormais tenu responsable de tous les problèmes qui se déroulent au Congo ».





