Africa-Press – Congo Kinshasa. La rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, semble désormais sous pression. Pour la première fois, le mouvement armé utilise des manifestations publiques pour légitimer sa présence dans les zones déjà occupées, alors qu’il avait auparavant suspendu toute activité politique et interdit toute mobilisation. Selon plusieurs sources, ces actions visent à créer l’illusion d’un soutien populaire, alors que le mouvement fait face à des pressions diplomatiques, notamment des États-Unis, qui ont exigé l’arrêt de toute offensive après la prise d’Uvira.
La première manifestation a eu lieu à Uvira, où les habitants ont été mobilisés sous la contrainte. Des témoins rapportent que des cadres locaux (chefs d’avenues, responsables de marchés et de corporations) ont été intimés de participer. Des jetons étaient promis pour la participation, tandis que des contrôles menaçaient de sanctionner les absents. Quelques jours plus tard, Kamanyola a connu le même scénario, avec des menaces diffusées par le « chef de cité » nommé par le M23, incitant la population à soutenir la rébellion.
À Goma, la mobilisation s’est poursuivie, toujours sous le prétexte de soutenir des initiatives citoyennes.
« Nous sommes menacés. Les autorités du mouvement ont été claires: si nous ne mobilisons pas les habitants, nous aurons de sérieux problèmes », témoigne un chef de quartier de la ville.
À Bukavu, la rébellion a repris la même stratégie, s’appuyant sur deux figures locales de la société civile: Samy Takibula, ancien vice-président du Bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, et Mick Mutiki, président du Cadre de concertation provincial de la société civile. Tous deux, protégés par des militaires lourdement armés du M23, ont justifié ces marches comme étant « pour la paix et le vivre-ensemble », alors que des affiches appelaient en réalité à soutenir la lutte armée du M23.
Le Bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, fidèle à ses principes démocratiques, a dénoncé ces manipulations. Dans un communiqué publié le 22 décembre 2025, il a appelé à une ville morte le 23 décembre, rappelant que certaines structures de la société civile avaient été achetées pour tromper la population. Le Bureau a également mis en garde les organisateurs contre toute violation des droits humains, faisant référence aux violences du 27 février 2025 à la place de l’Indépendance, qui avaient causé 17 morts et de nombreux blessés.
Le communiqué officiel de Mick Mutiki, du Cadre de concertation provincial, diffusé quelques jours avant la marche, appelle la population de Bukavu à une « marche pour la paix et le vivre-ensemble au Sud-Kivu », affirmant que cette initiative s’inscrit dans une « campagne citoyenne pour la paix » visant à soutenir le dialogue international à Doha et à Washington. Néanmoins, la réalité sur le terrain montre que ces mobilisations reposent largement sur la manipulation et l’intimidation des habitants.
Selon plusieurs observateurs, le M23, sous pression internationale, cherche à préserver ses positions dans les territoires occupés tout en donnant l’impression d’un soutien populaire. Ces agitations récentes révèlent également les enjeux politiques du Rwanda, qui souhaite conserver son influence sur ces zones tout en évitant l’image d’une rébellion incontrôlable.
Enfin, le M23 tente de rassurer sur ses intentions en plaidant pour le fédéralisme, tout en poursuivant implicitement un agenda susceptible de conduire à des changements constitutionnels en RDC. Ces événements démontrent qu’avec une pression diplomatique soutenue et un suivi vigilant, la communauté internationale peut influencer la situation et éviter que la population congolaise ne soit utilisée comme bouclier humain.





