Africa-Press – Congo Kinshasa. Dans un entretien exclusif avec Jeune Afrique, Massad Boulos, émissaire américain et architecte clé de l’accord RDC-Rwanda du 27 juin 2025, a estimé que l’ancien Chef de l’État Joseph Kabila ne jouait plus un rôle déterminant dans la résolution de la crise en République Démocratique du Congo.
L’homme d’affaires et conseiller Afrique du président Donald Trump, dont l’implication a été cruciale dans le récent accord de paix sous médiation américaine, a répondu sans détour à une question sur le retour de Kabila sur la scène politique: « Est-il vraiment influent? C’est un facteur, mais c’est une affaire purement interne. C’est au peuple congolais d’en décider ».
Cette déclaration rejoint les récentes prises de position du gouvernement congolais. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, avait lui-même qualifié Kabila « d’homme du passé », signe que Kinshasa marginalise tout aussi l’ancien Chef de l’État dans les négociations sur l’avenir du pays.
Dans son interview, Massad Boulos confirme le rôle prépondérant des États-Unis dans le dossier congolais, au détriment des acteurs locaux. L’accord du 27 juin, qui a abouti à un fragile cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda, a été piloté depuis Washington, avec le soutien de l’administration Trump.
« La résolution de cette crise passe par un dialogue régional et international, pas par des calculs politiques internes », a précisé Massad Boulos, sous-entendant que l’influence de Kabila, bien que réelle dans certains cercles, reste secondaire dans le règlement du conflit. Et de souligner: « Nous soutenons pleinement le dialogue interne en cours. Dès le début, nous avons parlé avec le gouvernement congolais de la question des réformes internes. Le président Trump lui-même l’a fait ».
Bien plus, le « Monsieur Afrique » du président Trupp confirme l’implication de son pays pour non seulement une RDC stable, mais aussi toute la région des Grands Lacs: « Nous voulons voir une RDC stable, et une région des Grands Lacs stable, elle aussi. Cela passe par la résolution des conflits internes via des réformes, qu’elles soient constitutionnelles ou autres. Nous ne sommes pas là pour interférer dans le détail des affaires intérieures d’un pays, mais nous encourageons les réformes et le dialogue. Notre but est de voir non seulement la stabilité, mais aussi la prospérité du peuple congolais et de la région, qui a souffert pendant des décennies. Avec la bonne formule, le Congo peut devenir beaucoup plus prospère. C’est ce que nous espérons ».
KABILA, UN ACTEUR AFFAIBLI?
Si Joseph Kabila conserve des soutiens au sein de l’appareil sécuritaire et politique en RDC, son absence des pourparlers récents et les déclarations de figures proches du pouvoir actuel suggèrent un recul de son influence.
Certains observateurs voient dans les propos de Massad Boulos une volonté américaine de contourner les anciennes élites pour privilégier des interlocuteurs plus alignés sur la vision du Président Félix Tshisekedi.
Une chose est sûre: pour Washington, l’ère Kabila semble bel et bien révolue.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press