Mgr Muteba: Brader les Minerais Sacrifie une Nation

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Mgr Muteba: Brader les Minerais Sacrifie une Nation
Mgr Muteba: Brader les Minerais Sacrifie une Nation

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et archevêque de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba Mugalu, a critiqué sévèrement mercredi 24 décembre à Lubumbashi, en marge de la célébration de la Nativité, la gestion économique de la République démocratique du Congo, pointant notamment les accords conclus avec les États-Unis sur les ressources minières du pays.

Dans son message, le prélat a mis en cause une stratégie politique qu’il juge basée sur l’abandon des ressources nationales. À ses yeux, le fait de « brader les minerais » dans le but de maintenir un régime ou un ordre politique, met gravement en péril le futur de la nation et le bien-être de sa population.

Mgr Muteba a dénoncé le regard porté de l’extérieur sur la RDC, qu’il juge réducteur et exclusivement centré sur ses ressources minières. « Il est absurde qu’on ne voie en RDC que des minerais à prendre, surtout des minerais qu’on appelle stratégiques, je cite le cobalt, le lithium, l’or, le coltant, le diamant et le cuivre, aujourd’hui au cœur des appétits économiques internationaux», a-t-il affirmé.

L’homme de Dieu s’est aussi montré très critique à l’égard des grands corridors et projets miniers orientés vers l’exportation, qu’il perçoit comme des outils servant avant tout des intérêts extérieurs. Il a notamment évoqué le corridor de Lobito, qu’il décrit comme « le passage incliné vers l’extérieur de notre pays », estimant que ces infrastructures accélèrent la sortie des ressources sans retombées concrètes pour les communautés locales.

Poursuivant son réquisitoire, Mgr Muteba a remis en cause la nature même des accords miniers conclus par l’État congolais. « Tous ces accords dont vous entendez parler sont des accords de fausses amitiés, des accords de coopération déséquilibrés, des accords de convoitise immodérée de nos ressources naturelles », a-t-il rouspété, déplorant que des choix engageant l’avenir national soient arrêtés loin des réalités et des aspirations du peuple congolais.

Pour appuyer sa dénonciation, l’homme de Dieu a évoqué un épisode vécu lors d’une démarche diplomatique. « J’ai été à Doha. J’ai lu dans les yeux de ce prince du pétrole qu’il n’a pas le désir de nous aider, mais il s’est intéressé immédiatement sur des questions sur les minerais », a-t-il relaté, voyant dans cette attitude l’illustration d’ « une nouvelle forme de colonialisme, ou précisément du colonialisme économique ».

Selon lui, la gravité de la situation s’accentue avec la signature des contrats de très longue durée. « Il est dès lors inimaginable de brader les minerais de toute une nation pour sauver un régime », a-t-il râlé, faisant allusion à « un accord de 99 ans d’exploitation » qui revient, à ses yeux, à hypothéquer clairement le développement du pays et « à confisquer le bonheur des générations ».

A haute voix, l’archevêque de Lubumbashi exprime sa crainte de voir la RDC devenir un terrain de rivalités géopolitiques. « Il est inadmissible qu’on sacrifie l’avenir de toute une nation pour une paix imaginaire », a-t-il insisté, redoutant que le pays ne devienne « le champ de bataille des puissances occidentales, notamment les États-Unis et la Chine », un prix que « le peuple et ses enfants » risquent de payer lourdement.

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