Africa-Press – Congo Kinshasa. Lors de sa dernière visite officielle en France au début du mois de mai, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi s’est entretenu avec le journaliste français Darius Rochebin sur LCI.
Le président de la République a fustigé le fait que les Occidentaux, en particulier l’Europe, ne comprennent pas toujours les réalités africaines, tout en regrettant une certaine « arrogance » et cette posture affichée de donneurs de leçons.
De plus, le chef de l’État a affirmé qu’il préfère traiter avec la Russie et la Chine plutôt qu’avec l’Occident.
Au 15ème Sommet des BRICS au mois de septembre dernier, la RDC y a participé en tant que pays ami. Durant cet événement qui consacrait l’élargissement de cette organisation géopolitique à cinq nouveaux pays (l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis), la RDC a exprimé son souhait de renforcer ses relations avec les pays membres, en particulier avec l’Afrique du Sud, pays hôte.
Un nouveau monde en chantier
L’élargissement des BRICS et le souhait de la RDC de rejoindre cette plateforme reflète une des tendances géopolitiques structurels actuelles: la désoccidentalisation du monde sur le plan économique, démographique et culturel. On assiste aujourd’hui à une mutation du rapport de puissance de l’Ouest vers l’Orient et l’émergence du Sud Global, ensemble de pays remettant en cause la hiérarchie d’un ordre international toujours dominé par les puissances occidentales et refusent de s’aligner systématiquement sur leurs intérêts et leurs positions dans de nombreux domaines- économie, commerce, négociations multilatérales, crises géopolitiques.
Face à cette mutation du système international, on observe deux grandes postures géopolitiques poursuivies par les pays du Sud Global dont les anti-occidentaux (Chine, Russie, Iran) et les multi-alignés (Afrique du Sud, Inde, Émirats Arabes-Unis, République Démocratique du Congo).
Selon le politologue américain renommé, Samuel Huntington, la période post-guerre froide devrait être assimilée à un Choc des civilisations.
Pour lui, les conflits futurs opposeraient différentes civilisations, en particulier l’Occident et l’islam, ainsi que l’Occident et la Chine.
L’avenir des affaires mondiales et certaines tendances géopolitiques actuelles semblent avoir donné raison à la thèse de Huntington.
L’accession aux BRICS+5: Quel apport pour le secteur agricole de la RDC ?
Dans cet environnement international plus que jamais fracturé et multipolaire, l’adhésion aux BRICS+5 par la République Démocratique du Congo favoriserait des partenariats commerciaux renforcés avec des pays comme la Chine, les Émirats Arabes Unis et le Brésil ainsi qu’un accès à d’autres marchés émergents.
La participation de la RDC aux BRICS+5 offrirait également des retombées significatives pour son économie, notamment dans son secteur agricole.
Le programme de campagne électoral 2023-2028 du Président Félix-Antoine Tshisekedi évoquait la nécessité d’accorder une priorité aux filières de l’agro-industrie et de mise en valeur des ressources forestières.
L’accession au BRICS+5 pourrait bénéficier au secteur agricole de la RDC de trois manières:
– Investissements et financements
Les BRICS ont des ressources financières importantes et peuvent investir dans l’agriculture de la RDC, en finançant des projets d’infrastructures, de technologies agricoles et de développement rural.
– Transfert de technologie
Les BRICS possèdent des avancées technologiques dans le domaine agricole.
La RDC pourrait bénéficier du transfert de ces technologies pour améliorer ses pratiques agricoles, augmenter sa productivité et moderniser son secteur.
– Formation et échanges
Les BRICS pourraient offrir des programmes de formation, d’échanges d’experts et de renforcement des capacités pour les acteurs du secteur agricole en RDC. Cela contribuerait à améliorer les compétences et les connaissances des agriculteurs locaux.
Dans un monde en voie de désoccidentalisation où les pays du Sud Global représentés par les BRICS+5 revendiquent un rôle prépondérant au sein de la gouvernance économique mondiale, il est nécessaire que la RDC puisse tirer son épingle du jeu en matérialisant des partenariats économiques gagnants-gagnants avec comme fondement le bien-être du peuple congolais et le développement durable.
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