Africa-Press – Congo Kinshasa. La RDC et le Rwanda ont signé ce vendredi à Washington aux États-Unis un accord de paix censé mettre fin au conflit dans l’est de la RDC.
C’est à plus de 11 mille kilomètres à vol d’oiseau de Goma que se trouve la réponse, à Washington. Aux États-Unis où la RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix.
Ce sont les ministres des Affaires étrangères des deux pays qui ont signé l’accord en présence de leur homologue américain.
« C’est un moment important après trente ans de guerre », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio lors d’une cérémonie au département d’Etat aux côtés de ses homologues rwandais et de la RDC, ajoutant cependant qu’il y avait encore « beaucoup à faire ».
L’accord est « fondé sur l’engagement pris ici de mettre fin de manière irréversible et vérifiable au soutien de l’Etat aux FDLR et aux milices associées », a déclaré le ministre des Affaires étrangères rwandais Olivier Nduhungirehe.
Le conseiller du président Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, a lui indiqué que Kigali s’engage à la « levée des mesures défensives du Rwanda » même si l’accord ne parle pas explicitement du M23.
Cet accord de paix « n’est que le début, pas la fin », a dit la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner.
Le président américain Donald Trump s’est félicité, plus tôt, dans la journée d’être parvenu à un accord.
« Vous savez, ils se sont battus pendant des années. Et il y avait des machettes. C’était violent. Et nous signons aujourd’hui un traité de paix. Pour la première fois depuis de nombreuses années, ils vont connaître la paix. C’est une grande affaire », a-t-il assuré. Donald Trump doit recevoir ce vendredi les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda.
Cet accord sera-t-il historique?
Pas tout à fait, tout dépend de ce sur quoi on met le curseur. Si l’on évoque le caractère inédit de l’accord, eh bien il y a déjà eu plusieurs accords entre les deux pays: les accords de Pretoria en 2002, d’autres ont suivi mais tous ont échoué à mettre fin à un conflit vieux de 30 ans dans l’est de la RDC. Dans une interview à Jeune Afrique en février dernier, le président Paul Kagame a lui-même reconnu que plusieurs accords ont été signés mais qu’aucun n’a été respecté. Plusieurs cessez-le-feu ont également été violés depuis la résurgence des rebelles du M23 en 2022. La médiation de l’Union africaine menée par l’Angola a aussi échoué il y a quelques mois. Et c’est là qu’intervient Donald Trump, le président des Etats-Unis.
Quelles sont les étapes avant la signature de l’accord?
Il y a d’abord eu le pré-accord de la semaine dernière, signé après trois jours de « dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques ». Il s’inspire d’une déclaration de principes qui, lui, a été approuvée en avril dernier entre la RDC et le Rwanda.
Début avril, le conseiller principal pour l’Afrique de Donald Trump, Massad Boulos était en RDC et au Rwanda pour pousser à une fin de la crise dans l’est de la RDC.
C’est le souhait du dirigeant américain qui veut se prévaloir d’avois mis fin à une “guerre sanglante” et qui entend aussi faire des affaires dans la région. Il est intéressé par certains minerais congolais.
Sur cela le président Tshisekedi se disait disposé à traiter avec les États-Unis.
Dans une interview qu’il nous a accordée il y a un peu plus d’un an, le chef de l’État congolais expliquait que « nous voulons développer nous-mêmes la chaîne de valeurs au Congo. C’est pour cela que j’appelle ça gagnant-gagnant parce que ça ferait que nous allons pouvoir lutter contre la pauvreté en créant des emplois, en créant de la richesse. Et en même temps avoir des partenaires qui eux-aussi vont pouvoir se retrouver dans ce genre de partenariats ».
Kigali dément la présence de troupes en RDC
Le pré-accord qui a été signé la semaine dernière appelait au respect de l’intégrité territoriale de la RDC, la fin des hostilités dans l’est du pays, le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle de groupes armés non étatiques.
D’après l’agence Reuters le texte prévoyait aussi le retrait de la RDC des troupes rwandaises. Cependant, d’après le ministre rwandais des Affaires étrangères, cela n’est inscrit nulle part dans le pré-accord. Même si plusieurs rapports confirment la présence de troupes rwandaises dans l’est de la RDC, Kigali a toujours nié cela.
La société civile en RDC a régulièrement appelé à la paix dans l’est de la RDC. Christian Shauri de la société civile de l’Ituri a une idée claire de ce qu’ils doivent faire en cas d’accord.
« Nous allons nous mobiliser, nous sensibiliser, nous liguer pour veiller à l’effectivité de cet accord, interpeller ceux-là qui sont en train de nous faciliter la signature de tout faire pour que la mise en œuvre soit totalement observée, que l’accord ne soit pas lettre morte. »
Parallèlement aux négociations de Washington entre Kigali et Kinshasa, des pourparlers ont eu lieu ces derniers mois à Doha, la capitale du Qatar entre les autorités congolaises et les rebelles de l’AFC/M23. Des rebelles qui répètent qu’ils ne sont pas concernés par l’accord qui sera signé entre Kigali et Kinshasa. Ce qui présage de lendemains incertains pour cet accord.
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