Africa-Press – Congo Kinshasa. L’Assemblée provinciale du Sud-Kivu a été secouée ce jeudi par une motion incidentielle percutante introduite par le député provincial élu d’Uvira, l’Honorable David Bubasha. Dans une intervention qui a électrisé l’hémicycle, le parlementaire a dénoncé avec fermeté l’absence prolongée et inexpliquée du gouverneur Jean-Jacques Purusi à Uvira, chef-lieu provisoire de la province, qualifiant cette situation d’« exagérée » et « intolérable ».
S’adressant à ses collègues de l’Assemblée, David Bubasha a exigé des explications claires sur ce qu’il qualifie de « désertion du lieu de travail » par le chef de l’exécutif provincial. « Que reproche-t-il à Uvira pour refuser d’y séjourner? Est-ce par mépris envers la population? A-t-il peur de justifier la gestion de l’argent du projet Lingons d’or? », s’est-il interrogé, n’hésitant pas à évoquer également un éventuel détournement de la rétrocession budgétaire provinciale.
Dans un ton à la fois indigné et accusateur, l’élu d’Uvira a lancé une série de questions qui résonnent comme des charges graves: Jean-Jacques Purusi fuirait-il ses responsabilités ou s’inscrirait-il dans un complot visant à asphyxier la gouvernance provinciale depuis la capitale, Kinshasa?
Un climat tendu au sein de l’hémicycle
La prise de parole du député Bubasha a provoqué une vague de réactions au sein de l’Assemblée. Plusieurs élus ont exprimé leur ras-le-bol, allant jusqu’à évoquer la possibilité de considérer l’attitude du gouverneur comme une démission tacite. Une majorité a appelé à des mesures fortes si aucune réponse satisfaisante n’était fournie dans les plus brefs délais.
Cependant, dans un souci de respect des procédures et du droit institutionnel, l’honorable maître Daniel Kandolo, juriste de formation, a rappelé que les accusations soulevées nécessitent une approche réglementaire. Il a proposé la convocation d’une réunion interinstitutionnelle afin de permettre un traitement structuré du dossier.
Une proposition qui a reçu l’aval du Président de l’Assemblée, l’Honorable Feston Kabeza, qui a plaidé pour une démarche mesurée mais résolue.
Ultimatum de 48 heures: l’Assemblée met la pression
Au terme d’une séance plénière poursuivie à huis clos, l’Assemblée provinciale a pris une décision sans équivoque: le gouverneur Jean-Jacques Purusi est sommé de se présenter à Uvira dans un délai de 48 heures. Passé ce délai, l’institution législative provinciale promet d’initier des actions parlementaires d’envergure, sans en dévoiler la nature exacte.
Ce bras de fer institutionnel met en lumière la tension croissante entre le législatif et l’exécutif dans la province du Sud-Kivu, sur fond de suspicion de mauvaise gouvernance, de centralisation excessive du pouvoir à Kinshasa, et de mépris présumé envers les réalités locales.
Un test crucial pour la décentralisation
L’affaire Purusi pourrait bien devenir emblématique des défis que pose encore la décentralisation en République Démocratique du Congo. Uvira, chef-lieu provisoire du Sud-Kivu depuis la délocalisation administrative, attend légitimement la présence physique et l’implication directe de son gouverneur. Le silence ou l’inaction prolongée de ce dernier risque de miner davantage la confiance entre la population et ses dirigeants.
L’issue de cette crise pourrait redessiner le paysage politique provincial et redéfinir les lignes de responsabilités entre les institutions en province.
Affaire à suivre de très près.
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