UA : ce que pensent les acteurs culturels congolais du mandat de Félix Tshisekedi

8
UA : ce que pensent les acteurs culturels congolais du mandat de Félix Tshisekedi
UA : ce que pensent les acteurs culturels congolais du mandat de Félix Tshisekedi

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le président de la République Félix Tshisekedi a achevé ce samedi 5 février son mandat d’une année à la tête de l’Union Africaine (U.A). En arrivant à la tête de cette organisation panafricaine, il y a un an, le chef de l’Etat congolais s’était fixé quelques objectifs clés. Outre la lutte contre le changement climatique, l’accélération de l’intégration régionale, l’investissement dans le capital humain, Félix Tshisekedi avait également fait de l’autonomisation des femmes et des jeunes ainsi que la promotion de la culture africaine ses priorités.

D’ailleurs, sa mandature à l’UA avait pour thème : « Arts, culture et patrimoine : leviers pour construire l’Afrique que nous voulons ». A juste titre, que retenir de cette année de la présidence congolaise sur la scène continentale sur le plan culturel ? Quelques acteurs au pays œuvrant dans ce secteur se sont confiés à ACTUALITE.CD.

« Les mots-clés de cette mandature étaient Arts-culture-patrimoines. Et l’on peut noter limitativement comme réalisations : la création du Grand prix panafricain de littérature, la création d’une maison de la culture africaine et afrodescendante ; l’entrée en vigueur de la charte africaine de la renaissance culturelle africaine, la création du festival panafricain de Kinshasa (FESPAKIN) … Sans aborder d’autres aspects liés aux questions politiques, éducation, santé, sécurité, l’intégration régionale, je note qu’il n’est pas sorti des axes majeurs de son mandat, d’après son discours inaugural en 2021. Un avis personnel, je dirai que son bilan est nettement mitigé. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agissait que d’un mandat d’une année à ne pas confondre avec un quinquennat. On ne peut pas tout faire en 365 jours ! L’une de ses plus grandes réussites reste son implication et son dynamisme pour l’entrée en vigueur de la charte africaine de la renaissance culturelle africaine plus de 10 ans depuis son adoption », a dit Maitre Glody Muabila Secrétaire général de l’Administration des droits d’auteurs au Congo (ADACO).

Tata N’longi Biatitudes est écrivain et président des éditions Miezi et écrivains du Congo Asbl. Pour lui, « l’initiative du Prix panafricain est une grande avancée puisque ça n’existait pas. C’est quelque chose d’important pour placer la littérature au-devant de la scène ».

Et d’ajouter :

« Jusqu’à présent tous les prix qui honorent les auteurs africains ou encore la littérature africaine sont plus ou moins des initiatives européennes c’est-à-dire de façon générale, parlant de grands prix. Le fait qu’il y ait une initiative africaine qui plus est marquée du sceau de l’UA, je crois que c’est symboliquement très fort mais c’est clair qu’aurait pu faire mieux (…) ».

Cependant Tata N’longi regrette qu’il n’y ait pas véritablement eu cet impact de la mandature congolaise à l’UA directement sur la RDC. Il dit attendre, de la part du chef de l’Etat, une vraie politique culturelle pour le pays.

« Ici au pays, des initiatives ont dû être prises pour être en phase avec ce thème proposé pour cette présidence notamment le festival de Kinshasa qui a été lancé mais qui sera effectif dans les années qui viennent. Il y a eu aussi le grand prix congolais du livre … Ce sont des initiatives qui sont encourageantes mais comme je l’ai dit, sur le plan national, nous attendons beaucoup plus du président de la République. Nous attendons une vraie politique culturelle dans notre pays la culture est menée sans vision et de ce côté-là il y a encore beaucoup à faire », a-t-il ajouté.

Constat presque partagé par Glody Muabila, Secrétaire général de l’ADACO.

« Au pays, les artistes et autres créateurs des œuvres de l’esprit n’ont pas vibré au rythme de cette mandature. Juste un exemple, les artistes visuels estiment qu’une seule poignée des gens se sont retrouvés durant cette mandature, alors que la fête devrait être totale pour tous. Ç’aurait été mieux de les mettre à contribution, car le rôle de la peinture murale par exemple dans l’espace public permet d’embellir la ville. L’art public à travers le street art contribue au renforcement du patrimoine urbain … Mais qu’avons-nous vu à Kinshasa, Matadi, Goma ? Aussi, l’on n’a pas senti un véritable engagement de l’UA sur le dossier relatif à la restitution du patrimoine culturel. Une déclaration de principe signée par tous les États membres en associant les délégués des monarques traditionnels africains aurait renforcé la voix commune du continent sur ce dossier », a-t-il dit.

Fin mandat, Félix Tshisekedi, qui avait succédé au Sud-africain Cyril Ramaphosa, a cédé son fauteuil au président sénégalais Macky Sall. C’est pour la quatrième fois que le Sénégal va présider à la tête de l’UA.

Joelle Manya

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here