Africa-Press – Congo Kinshasa. Dans une tribune publiée le jeudi 11 décembre, le professeur Jean-Jacques Wondo, expert et chercheur spécialisé dans les questions politiques, sécuritaires et militaires en RDC et dans la région des Grands Lacs, estime que la prise d’Uvira ne constitue pas seulement une victoire militaire du M23, mais révèle surtout une dynamique qui rappelle dangereusement celle de l’AFDL à la fin des années 1990. Selon lui, la rébellion reproduit un schéma déjà observé: avancée rapide, exploitation des faiblesses structurelles de l’armée congolaise, appui du Rwanda et prise de contrôle progressive de vastes zones stratégiques.
Wondo rappelle que l’AFDL avait, elle aussi, débuté par la conquête de villes clés avant de progresser vers l’intérieur du pays. Pour l’analyste, la chute d’Uvira montre que la situation pourrait échapper totalement au gouvernement, comme ce fut le cas en 1997.
Le Belgo-Congolais, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur l’armée congolaise, souligne que le M23 semble suivre la même logique que l’AFDL: tirer profit de la désorganisation des FARDC, avancer au rythme du recul des forces loyalistes et attirer, par opportunisme, d’autres groupes armés susceptibles de se rallier. Il évoque notamment l’éventualité que certaines milices du Katanga ou des jeunes frustrés dans les zones minières rejoignent la rébellion, à l’image des ralliements enregistrés au profit de l’AFDL dans les années 1996–1997. Selon lui, le mécontentement croissant envers le pouvoir central pourrait également favoriser des alliances inattendues, renforçant davantage la comparaison historique.
Enfin, Wondo observe que les discours et réactions du gouvernement congolais rappellent ceux de l’époque: appels répétés à la communauté internationale, absence de solutions internes solides et manque d’une stratégie claire. Pour lui, la combinaison d’une armée affaiblie, d’un mécontentement populaire, du soutien extérieur au M23 et de l’absence de réformes ouvre la voie à un scénario similaire à celui de 1997, lorsque l’AFDL avait finalement atteint Kinshasa. Il prévient que, sans un changement rapide et profond, le M23 pourrait poursuivre son avancée et provoquer un tournant majeur dans l’histoire du pays.





