Découverte d’une nouvelle bactérie de l’intestin qui pourrait aider à lutter contre l’obésité associée au diabète de type 2

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Découverte d'une nouvelle bactérie de l'intestin qui pourrait aider à lutter contre l'obésité associée au diabète de type 2
Découverte d'une nouvelle bactérie de l'intestin qui pourrait aider à lutter contre l'obésité associée au diabète de type 2

Africa-PressCongo Kinshasa. Dis-moi ce que tu as dans le ventre, je te dirai qui tu es. Nous sommes tous porteurs de milliards de bactéries. Elles sont les hôtes de nos intestins. Quel rôle jouent-elles précisément pour notre santé ? C’est ce qu’une équipe de chercheurs de l’UCLouvain étudie depuis plus de 20 ans. A leur tête le professeur Patrice Cani : “Nous essayons de comprendre comment les cent mille milliards de bactéries pourraient contribuer à améliorer notre santé ou, au contraire, à détériorer notre santé. Comment les bactéries dialoguent-elles avec nos cellules et vice-versa ?”

La bactérie qui pue

Dès 2006, ce professeur et son équipe mettaient en évidence les vertus métaboliques et cardiovasculaires d’une bactérie nommée Akkermansia. Aujourd’hui, ils en ont découvert une autre qu’ils ont nommée ‘Dysosmobacter welbionis’: Dysosmo (qui sent mauvais, en grec), bacter (bactérie) soit “la bactérie qui pue” (!), “parce que, quand on la fait pousser, elle a une légère odeur” et welbionis pour le WELBIO, l’organisme de la Région wallonne qui finance cette recherche.

“Nous sommes les premiers à isoler cette bactérie et à la caractériser. C’est ça le fun dans la recherche : on fouille pour trouver des os de dinosaures et on finit par trouver un trésor”, s’enthousiasme Patrice Cani.

Pourquoi cette bactérie est-elle si particulière ? Patrice Cani nous l’explique : “Quand on regarde la présence de cette bactérie parmi un échantillon de 12.000 sujets venant de différents continents, on constate qu’elle est présente chez 70% des sujets analysés et pas dans les 30 autres pourcents. Parmi ces douze mille sujets observés, qui ont tous des âges et des poids différents, ceux qui sont en surpoids et obèses mais aussi diabétiques de type 2 en ont moins. Quand il y a une obésité associée à un diabète de type 2, il y a donc moins de Disosmomater Welbionis dans l’intestin.”

Une bactérie qui accélère le métabolisme et lutte contre l’obésité

Pour comprendre ce phénomène, l’équipe a nourri des souris de laboratoire avec un régime riche en graisse les rendant obèses et diabétiques de type 2. Certaines d’entre elles ont également été nourries avec cette bactérie Disosmomater Welbionis. Résultat : ces animaux grossissaient moins, ne développaient plus de diabète de type 2, avaient moins d’inflammations et dépensaient plus d’énergie. Ce dernier point explique pourquoi elles accumulent moins de graisse.

L’équipe a également remarqué que ces animaux nourris avec Dysosmobacter welbionis produisaient plus de mitochondries dans leurs cellules. Ces mitochondries sont des espèces de centrales électriques à l’intérieur de nos cellules, qui ont pour but de consommer des sucres et des graisses pour fabriquer de l’énergie.

Et les effets de la bactérie ne se limitent pas à l’intestin. Patrice Cani poursuit : “Nous avons établi un lien entre cette bactérie et le fait qu’elle produit des molécules ayant un effet bénéfique sur le métabolisme et la santé.”

Efficace contre des maladies inflammatoires et le cancer ?

Les scientifiques ont ainsi découvert que certaines molécules produites par Dysosmobacter Welbionis migrent dans le corps et agissent ailleurs. C’est le cas de la molécule butyrate connue pour diminuer les risques de cancer du côlon, par exemple, via un renfort de la barrière intestinale et de l’immunité.

Tout ceci ouvre les portes pour un éventuel impact sur d’autres maladies comme les inflammations et le cancer, actuellement en cours d’étude au sein de l’équipe.

L’équipe de Patrice Cani a déjà mis au point un complément alimentaire avec la bactérie Akkermansia qui devrait être commercialisé dès l’année prochaine. Avec la découverte de Dysosmobacter welbionis, l’équipe compte bien tester l’association de ces deux bactéries à l’avenir et vérifier si leur association permet de démultiplier leurs effets sur la santé. Avec, toujours à la clé, la lutte contre le diabète de type 2, les maladies inflammatoires, l’obésité ou le cancer.

Il n’est déjà pas courant d’identifier une nouvelle bactérie et de lui donner un nom, qui sera ensuite utilisé dans le monde entier ! Cela se compte sur les doigts des deux mains pour la Belgique. Couplé au fait que la même équipe de recherche identifie les effets de cette bactérie sur l’organisme et son intérêt potentiel dans la lutte contre certaines maladies, c’est un pas supplémentaire, extrêmement rare, que très peu de scientifiques avaient déjà franchi en Belgique.

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