Africa-Press – Congo Kinshasa. Une vive réaction de la Voix des sans voix qui s’apparente à un réquisitoire sévère contre l’ancien président Kabila sur la situation des droits de l’homme en RDC, a été rendue publique mercredi à Kinshasa.
La VSV, s’interrogeant sur l’histoire récente, a révélé que le régime Kabila n’a pas été un modèle dans ce domaine. Lors d’un point de presse, l’ONG a dressé un tableau sombre de la situation des droits de l’homme sous l’ère Kabila caractérisée par des violations graves et massives.
« La situation des droits de l’Homme n’a jamais été reluisante. En revanche, elle avait même atteint un niveau de détérioration très avancé”, a hurlé la VSV, rappelant au passage que l’insécurité n’avait jamais été éradiquée dans la partie-est où sévissaient toujours les groupes armés jusqu’à la veille du départ de son pouvoir.
L’ONG a rappelé que durant son régime, la justice avait toujours été instrumentalisée, des procès montés de toutes pièces et d’autres d’ailleurs expéditifs, des arrestations et détentions arbitraires (cas du procès et de la condamnation injuste du Pasteur Kutino Fernando en octobre 2008), des exécutions sommaires et extrajudiciaires, à l’instar de Armand Tungulu, des adeptes de BDK. Et les auteurs de ces violations graves sont demeurés impunis; des manifestations publiques pacifiques ont été systématiquement réprimées dans le sang, les droits fondamentaux et les valeurs démocratiques étaient violés jusqu’à pousser les Etats-Unis d’Amérique et l’Union européenne à prendre des sanctions allant jusqu’à l’interdiction de voyage des personnalités importantes du régime Kabila.
Les forces de défense et de sécurité infiltrées, mal équipées, affaiblies et mal rémunérées, des assassinats et autres meurtres de personnes dont les défenseurs des droits humains, ont caractérisé le régime du président Kabila.
À ce tableau sombre, la VSV a aussi épinglé les arrestations et détentions arbitraires des militants pro-démocratie (Lucha, Filimbi en 2015), des journalistes; le massacre des adeptes de Bundu Dia Kongo (BDK) ; les assassinats de Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Pascal Kabungulu, Rossy Mukendi, Thérèse Kapangala, Luc Nkulula, les journalistes Bapuwa Mwamba, Serge Maheshe, Franck Ngyke et son épouse, Didace Namujimbo; l’incendie des sièges de partis politiques dont l’UDPS avec des militants de ce parti calcinés à l’intérieur; la profanation de lieux de culte et le passage à tabac des prêtres lors des manifestations publiques pacifiques pour demander plus de démocratie et plus de respect des droits humains, de nombreuses personnes blessées grièvement par balles lors des manifestations publiques pacifiques entre 2015 et 2017. A cette époque, a poursuivi la VSV, l’infiltration des FARDC et d’autres services de sécurité a commencé au profit des pays voisins.
Sur le plan socioéconomique, a relevé l’ONG, les conditions socioprofessionnelles des agents et fonctionnaires de l’Etat, des médecins, des magistrats, des enseignants, des policiers et militaires, avaient été très précaires voire médiocres. La majorité de la population congolaise a vécu dans la pauvreté ou la misère la plus noire tandis qu’un groupe de personnes au pouvoir et leurs proches s’étaient accaparés du revenu national. La corruption, un modèle de gestion, avait fait perdre à la RDC chaque année, 15 milliards de dollars américains ; c’est également pendant son régime que des allégations de détournement de trente-deux millions de dollars venus du Congo- Brazzaville pour payer des factures d’électricité ont été faites.
Pas de retour au pouvoir par les armes
La VSV s’est interrogée si l’ancien président Joseph Kabila veut rappeler cette triste histoire en cherchant à revenir au pouvoir par les armes sous divers prétextes. Si tel est le cas, c’est un grand recul pour le pays après avoir organisé quatre cycles électoraux.
“Un grand recul pour la RDC après quatre cycles électoraux et surtout après que le président Kabila a fait ses deux mandats constitutionnels en plus du glissement de deux autres », a démontré l’ONG qui ne croit pas que les Congolais soient prêts à accepter ce recul.
Pour cette organisation de défense des droits humains, ce tableau peu reluisant devrait plutôt faire réfléchir l’ancien locataire du Palais de la Nation au lieu qu’il se fasse passer pour celui qui vient assister un peuple en danger ; alors qu’il a lui-même laissé le même peuple en danger.
“Le malheur que traverse la RDC ne date pas du début du régime actuel, même s’il est responsable de certains faits répréhensibles de gouvernance qui méritent d’être corrigés” , a fait savoir la VSV, avant d’interpeller tous les animatrices et animateurs des Institutions actuellement au pouvoir au sujet de la gouvernance actuelle, étant donné que certains maux jadis décriés avant leur accession au pouvoir, persistent. Pourtant, il fallait faire la différence par rapport à leurs prédécesseurs.
Parmi ces maux, la VSV a noté la corruption lors des élections des sénateurs, députés provinciaux avec certains cas sans solution suivis jusqu’à présent par ses services (cas du député Séverine Moliba de l’Assemblée provinciale de Kinshasa élu sérieusement, mais qui ne siège pas) ; de l’impunité et de détournement des fonds publics, de la tendance au rétrécissement de l’espace civique, de l’instrumentalisation de la justice, de l’intolérance politique injustifiée allant jusqu’à dénigrer des autorités morales des Églises catholique et protestante, des allégations de tribalisme et du clientélisme, maux auxquels il faut impérativement mettre fin, pour ne pas fragiliser les efforts de reconstruction en cours, la cohésion et l’unité nationales.
“Certes, ces maux n’effacent en rien tous les efforts visibles et la volonté politique en cours matérialisés par la construction et/ou la réhabilitation des infrastructures scolaires, sanitaires, routières, la gratuité de l’enseignement de base, l’augmentation du budget de l’armée et des soldes de militaires et des policiers, la couverture santé universelle, etc. Même si beaucoup de choses restent à faire à Kinshasa et dans les provinces.
Cohésion nationale, voie privilégiée
Au sujet de la cohésion nationale, la VSV estime qu’elle mérite d’être privilégiée dans le contexte actuel de la RDC, pour mieux faire face à la crise sécuritaire et humanitaire dans l’est du pays.
Pour cela, l’organisation croit que la démarche des Églises catholique et protestante mérite d’être soutenue par les autorités congolaises, en corrigeant ce qu’il y a à corriger, même en termes d’approche méthodologique, au lieu de nourrir trop de préjugés qui ne servent en rien en ce temps d’agression.
À haute voix, la VSV appelle au dialogue entre Congolais, pour cimenter la cohésion et l’unité nationales. Car dit-on, ensemble on est plus fort face à l’agresseur. L’adresse de l’ancien président de la République était intervenue après que le Sénat a levé jeudi 22 mai 2025, ses immunités en sa qualité de sénateur à vie pour donner suite à la demande de l’auditorat général militaire d’engager des poursuites judiciaires à son encontre.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press