Africa-Press – Congo Kinshasa. « L’objectif est très clair: stopper l’entrée des jeunes dans le tabagisme en cessant de leur offrir l’accès au produit », explique à l’AFP le député de la 2e circonscription de Gironde, qui veut « enrayer définitivement l’épidémie de tabagisme », grâce à une « interdiction générationnelle et progressive ». En clair, à compter du 1er janvier 2032, il serait interdit de vendre du tabac à toute personne née après le 1er janvier 2014, même majeure, une mesure saluée notamment par la Ligue contre le cancer et l’Alliance contre le tabac (ACT).
En France, le tabac demeure la première cause de mortalité évitable
L’interdiction s’appliquerait à tous les produits du tabac dont le tabac chauffé, « nouveau cheval de bataille des cigarettiers », se réjouit l’ACT. « Face à l’ingéniosité de l’industrie du tabac, qui essaye d’en minimiser le danger, seules des mesures drastiques permettront de protéger les générations futures », plaide Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer.
En France, le tabac demeure la première cause de mortalité évitable: il tue 75.000 personnes par an avec un « coût social » global (morts, maladies, pertes de production, dépenses de prévention, répression et soins, pour l’Etat) estimé à 156 milliards d’euros par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies.
Après une baisse entre 2014 et 2019, les dernières données disponibles « tendent à montrer une récente stabilisation » de la prévalence du tabagisme « depuis 2020 », décrit l’exposé des motifs.
Le tabagisme a recommencé à reculer depuis, selon la dernière enquête de Santé publique France: une personne âgée de 18 à 75 ans sur quatre fumait du tabac en 2024, contre près d’une personne sur trois en 2021, ont montré les premiers résultats de son baromètre mi-octobre. Si « les politiques anti-tabac fonctionnent plutôt bien: espaces sans tabac, paquet neutre, augmentation des prix (…) s’imaginer que le combat est gagné est illusoire », pointe le député.
Objectif: première génération sans tabac d’ici 2032
Cette proposition de loi répond aussi à l’objectif de parvenir à la première génération sans tabac d’ici 2032, c’est-à-dire atteindre moins de 5% de prévalence de tabagisme à l’âge adulte pour les générations nées à partir de 2014.
« Plusieurs fois, les pouvoirs publics ont énoncé un tel objectif – la ministre de la Santé en 2014 ou le président de la République en 2021 – et l’horizon 2032 figure désormais dans le dernier Programme national de lutte contre le tabac (2023-2027) », rappelle le texte.
Ce plan anti-tabac français s’inscrit dans l’objectif fixé par l’Union européenne d’atteindre une génération sans tabac avec moins de 5% de la population de l’UE consommant des produits du tabac d’ici à 2040. Pour l’heure, cette proposition de loi transpartisane est soutenue par une vingtaine de députés de sept groupes différents allant de LFI à Horizons, explique Nicolas Thierry.
Le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry le 4 avril 2024 à l’Assemblée nationale (AFP/Archives – EMMANUEL DUNAND)
« Un modèle économique uniquement basé sur un fléau sanitaire »
Le député espère également que le gouvernement soutiendra sa proposition, qui pourrait être inscrite à l’ordre du jour lors du prochain créneau où l’Assemblée débattra de projets de loi transpartisans.
Anticipant les critiques des défenseurs du tabac qui pourraient arguer que cette mesure risque de faire exploser les marchés parallèles ou faire disparaître les buralistes, Nicolas Thierry met en avant que la progressivité de la mesure fera « décroître la demande très lentement, sans effet de bascule ».
« Il faut aussi assumer qu’il n’est de toute façon pas acceptable de faire perdurer un modèle économique uniquement basé sur un fléau sanitaire », dit-il, pointant aussi son impact écologique et social, la culture du tabac contribuant à « environ 5% de la déforestation mondiale », tandis que plus de 1,3 million d’enfants travaillent encore dans les champs de tabac à travers le monde.
Une initiative similaire a été lancée au Royaume-Uni, où l’interdiction totale et définitive de la vente de cigarettes aux personnes nées après 2009 est en discussion au Parlement.
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