Africa-Press – Congo Kinshasa. Tout celui qui passe par le boulevard du 30 juin, vers le pont jeté sur la rivière Basoko, en direction de Kintambo Magasin, est attiré par les maisons qui poussent, tels des champignons, sur la baie de Ngaliema, le long du fleuve Congo. Qualifiant ces constructions d’anarchiques, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a instruit le Commandant de la Police ville de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, à descendre sur le lieu pour suspendre tous les travaux.
En exécution de cette instruction, le commissaire provincial de la Police de la capitale congolaise est descendu sur le lieu, le mercredi 2 mars dernier. Sur place, il s’est rendu compte du désastre: des maisons poussent comme des champignons, foulant au pied les règles les plus élémentaires de l’urbanisme et de l’habitat.
Pour le général Sylvano Kasongo, s’appuyant sur les documents mis à sa disposition par le gouvernement, cette prolifération des constructions anarchiques est favorisée par les chefs coutumiers qui, bafouant les lois de la République en matière foncière et urbanistique, vendent des terrains sur le domaine qui appartient exclusivement à l’Etat congolais.
des maçons embarqués
Saisi aussi à ce même sujet par le ministre de l’Urbanisme et Habitat, ainsi que par celui des Affaires foncières, le général Sylvano Kasongo a indiqué que l’objectif de sa descente sur terrain a été celui de suspendre ces travaux et de mettre la main sur les occupants illégaux. Les propriétaires de ces constructions anarchiques n’étant pas là, le commissaire divisionnaire de la Police ville de Kinshasa a embarqué les maçons et autres ouvriers trouvés sur le lieu.
«Vous n’avez aucun problème. Vous avez été contactés pour faire votre travail. C’est tout à fait normal. Nous vous prenons pour permettre à ceux qui vous ont engagé de nous suivre. Qu’ils viennent, de façon à nous brandir les documents dont ils disposent pour qu’on puisse comparer avec ceux qui nous ont été donnés par le Premier ministre, le ministre de l’Urbanisme et Habitat, et celui des Affaires foncières», a précisé le général Sylvano Kasongo.
Suspension des travaux
Sur place, des engins, qui travaillaient pour le rétrécissement d’un bras du fleuve Congo et pour détourner le cours du fleuve Basoko, ont été immobilisés. Le général Sylvano Kasongo a été désagréablement surpris de constater comment l’anarchie a dépassé les bornes jusqu’à vendre un espace comprenant une balise placée près du fleuve par les Belges à l’époque coloniale.
Consterné de voir comment les chefs coutumiers abusent de la bonne foi de l’État en vendant même des espaces à l’intérieur du fleuve, le commandant de la sécurité de la ville de Kinshasa dit attendre seulement l’arrêté du gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka, pour démolir toutes ces maisons anarchiques.
«On ne peut pas construire le long du fleuve. Nous n’attendons que l’arrêté du gouverneur de la ville pour venir détruire toutes ces maisons. Jusqu’alors, nous avons exécuté les instructions du Premier ministre de suspendre les travaux et d’arrêter ces gens. Nous attendons que le gouverneur nous donne les moyens et les documents pour détruire toutes ces maisons anarchiques. Nous cherchons les chefs coutumiers qui ont vendu les terrains pour les arrêter», a-t-il indiqué.
Le gouvernement de la République projette, en effet, de construire la corniche de Kinshasa. Cette route va surplomber sur ce site situé le long du fleuve Congo, où poussent ces constructions anarchiques, l’espace compris entre la résidence de l’ambassadeur de France en RDC et le Mont-Ngaliema.
Selon un avocat qui accompagnait le général Sylvano Kasongo, les autorités coutumières ne peuvent pas vendre des terres situées sur une zone urbaine qui ne font pas partie de leur propriété. Nul n’étant au-dessus de la loi, le général Sylvano Kasongo affirme que ceux qui ont acheté illégalement les terrains sur la baie de Ngaliema n’auront leurs yeux que pour pleurer.
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