Africa-Press – Congo Kinshasa. Depuis mardi 09 décembre, la ville de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, vit au rythme de l’opération dénommée « Ndobo ». C’est le service de sécurité composé de l’armée et de la Police qui effectue cette opération. L’objectif est de lutter contre le banditisme urbain pendant les festivités. La police est déployée dans les coins chauds pour traquer les malfrats. Cependant, cette opération se déroule dans la confusion. Les policiers, une fois déployés, arrêtent des jeunes garçons sans aucune distinction. Un jeune garçon qui a échappé de justesse à ces arrestations témoigne.
Michel Mambwe habite dans la commune de Ruashi. C’est un jeune homme âgé de 21 ans. Il était environ 16 heures quand il s’est rendu dans un salon de coiffure pour hommes afin de se faire coiffer. Pendant qu’il était à l’intérieur du salon, Michel entend du bruit dehors. C’est la débandade. « Les jeunes gens couraient dans tous les sens. Chacun cherchait à se sauver. À l’intérieur du salon, tout le monde est devenu curieux de savoir ce qui se passait à l’extérieur », raconte Michel.
Subitement, il voit les éléments de la police faire leur entrée dans le salon. Ils ont procédé à l’arrestation des jeunes en distribuant des gifles. Lorsqu’ils ont mis la main sur Michel, il raconte par ailleurs qu’il a eu la vie sauve parce qu’il s’est exprimé en français. « J’ai échappé de justesse. La police arrête tout le monde. Ils entrent dans les débits de boissons, dans les restaurants pour chercher les jeunes. Certains policiers civilisés posent des questions avant d’embarquer les gens. D’autres ne posent même pas de question », raconte-t-il encore.
Des mineurs arrêtés
Ce matin, une femme pleure ses deux enfants mineurs arrêtés par la police dans cette opération. Il s’agit de Jenovic et Mafika, tous deux élèves dans la commune de Kenya. Ces mineurs sont détenus au service situé sur l’avenue Monseigneur Demptine. Leur maman explique avoir remis à la police les documents certifiant que ces enfants sont des mineurs, en plus d’être des écoliers. La police a fini par libérer ces deux enfants ce samedi, après une intervention auprès des autorités policières.
Selon plusieurs témoignages, beaucoup d’enfants mineurs, des travailleurs et bien d’autres catégories ont aussi été arrêtés. Ce samedi, les bureaux de la police étaient inondés par les doléances des familles.
La CNDH hausse le ton
La Commission nationale des droits de l’homme, section du Haut-Katanga (CNDH) s’inquiète également du déroulement de l’opération Ndobo. Elle dénonce les arrestations arbitraires dans l’exécution de ladite opération. Selon Joseph Kongolo, coordonnateur provincial de la CNDH, l’opération a été mal conçue. De plus, la police n’a pas avisé les citoyens sur son déroulement. « La population devait être informée sur qui doit être arrêté et qui ne doit pas être arrêté. Maintenant, nous assistons à des arrestations arbitraires ».
Joseph Kongolo a indiqué qu’il procède à la documentation des cas. « Pour arrêter, il y a une procédure. Pour détenir quelqu’un, il y a une procédure. L’État doit cesser cette pratique. Il y a beaucoup d’abus. » La CNDH demande aux services chargés d’exécuter l’opération Ndobo de se conformer aux lois.
La police rassure la population
Lors de la présentation des bandits arrêtés lors du premier bouclage, le 10 décembre, la police avait rassuré la population. D’après elle, ces arrestations interviennent dans le cadre de la lutte contre le banditisme urbain, à l’approche des festivités de fin d’année. Elle avait appelé la population à faire confiance et à collaborer davantage avec les services de sécurité pour dénoncer des présumés malfaiteurs.
Il faut noter que l’opération Ndobo se poursuit. Ce samedi 13 décembre, la police a organisé le deuxième bouclage au quartier Trois, dans la commune de Ruashi. La police a arrêté tous les jeunes ne disposant pas de cartes d’électeurs, ceux ayant les cheveux sales et les fumeurs de chanvre. Le premier bouclage est intervenu dans la nuit du mardi au mercredi 10 décembre. La police a réussi à interpeller plus de 300 présumés bandits.





