Africa-Press – Congo Kinshasa. Depuis plus de 400 ans, il reposait discrètement dans la reliure d’un registre de titres de propriété d’un manoir anglais de l’époque élisabéthaine. Un manuscrit de la légende du roi Arthur, écrit vers 1300, a été redécouvert à la bibliothèque de Cambridge. Le texte, jeté à la poubelle et recyclé vers la fin du 16e siècle, était encore plié et cousu dans l’ouvrage et avait jusqu’ici échappé au regard des archivistes.
Un texte en prose sur les débuts du roi Arthur
Il s’agit de l’une des copies de la Suite dite « Vulgate » de Merlin, également appelée « Suite du Merlin », qui est une partie du Cycle Vulgate, un ensemble d’œuvres médiévales en prose qui forment une des plus vastes sagas liées à la légende arthurienne. Écrite vers 1230, elle constitue une continuation ou un prolongement de la Vulgate de Merlin proprement dite, tout en étendant et développant l’histoire de Merlin, du roi Arthur et de la Table Ronde.
C’est notamment grâce à cette suite que l’histoire du Graal et la place qu’y occupe Merlin a pu être racontée de manière cohérente du début à la fin. « Si la suite a été écrite pour faciliter cela, elle a réussi. C’est devenu le principal moyen de transmission de l’histoire », a expliqué à la BBC Irène Fabry-Tehranchi, chercheuse à l’université de Cambridge et spécialiste du cycle arthurien en langue française. « Elle présente Arthur sous un jour très positif: il est ce jeune héros qui épouse Guenièvre, invente la Table Ronde et entretient de bonnes relations avec Merlin, son conseiller. »
Il existe moins de 40 exemplaires de la suite de la Vulgate, et aucun n’est identique à l’autre.
Grâce, entre autres, à une caméra multispectrale, les chercheurs de Cambridge ont pu capturer numériquement les parties les plus inaccessibles du fragile parchemin sans le déplier ni le découdre. De quoi conserver son contexte de conservation mais aussi éviter des dommages irréparables. Fortement décolorés, les caractères ont également pu être révélés numériquement après accentuation de leur contraste.
Écrit en vieux français
Les éléments stylistiques du texte indiquent que le fragment a été écrit par un scribe inconnu dans un dialecte du nord de la France compris de l’aristocratie anglaise. « Ces légendes celtiques et anglaises ont circulé oralement à travers les Îles Britanniques. Mais la langue utilisée lorsqu’elles sont écrites est le vieux français, à cause de la conquête normande », précise Irène Fabry-Tehranchi. Néanmois. Au 16e siècle, le vieux français tombe en disgrâce en Angleterre au profit de l’anglais. Selon la chercheuse, cet abandon du français pourrait expliquer que le fragment ait à un moment été considéré comme un déchet.
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Seuls quelques centimètres carrés du texte restent à ce jour illisibles en raison de l’emplacement du fil. Mais dans sa très grande majorité, le puzzle est complet: on peut y découvrir deux épisodes. Le premier raconte l’histoire de Gauvain, neveu du roi Arthur, dont les rivaux sont à la fois des barons rebelles et des Saxons païens qui envahissent le pays depuis l’étranger. Brandissant Excalibur, l’épée du mythe, Gauvain devient de plus en plus puissant au fur et à mesure que le soleil se lève, atteignant sa force maximale à midi.
Dans le second épisode, Arthur et sa reine, Guenièvre, président un festin. Celui-ci est interrompu par un mystérieux visiteur, un harpiste aveugle, guidé à la cour par un chien blanc. Charmé par sa musique, Arthur accepte la demande de l’homme étrange, qui n’est autre que Merlin: porter l’étendard du roi sur le champ de bataille, une folie. Grâce à la magie de Merlin, l’étendard devient un dragon magique qui souffle le feu sur le champ de bataille. Merlin s’y transforme aussi en enfant chauve qui conseille Arthur.
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