Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le porte-parole du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Bredoumi Soumaïla, s’est exprimé ce samedi 07 Juin 2025 depuis le siège du parti à Cocody. Face à une salle comble, il a dressé un tableau noir du processus électoral en cours et lancé un avertissement sans détour. « Sans Tidjane Thiam, il n’y aura pas d’élection. »
En effet, la conférence de presse, convoquée à la suite de la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale ainsi que d’autres figures majeures de l’opposition, avait pour objectif clair de sonner la mobilisation générale. Pour Bredoumi, cette exclusion du président du parti de la liste électorale n’est ni fortuite ni légale, mais le fruit d’une « manipulation orchestrée » par le régime en place.
« Le gouvernement est resté sourd à nos appels au dialogue. Il a préféré passer en force, en radiant notre président et en excluant d’autres leaders de poids. Ce pouvoir veut choisir son adversaire. Mais le PDCI ne se laissera pas faire, » a martelé Bredoumi.
Selon lui, Tidjane Thiam, en France depuis plus de deux mois, représente aujourd’hui le cauchemar électoral du régime sortant. « D’après les sondages européens auxquels nous avons eu accès, dans une compétition ouverte, Thiam est largement en tête. Voilà tout son péché: être le favori du peuple, » a-t-il lancé.
Le PDCI-RDA, a-t-il rappelé, ne restera pas les bras croisés. Déjà, le 3 juin, le président Tidjane Thiam a saisi le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies. Deux instances internationales se sont d’ores et déjà saisies du dossier. Le parti entend ainsi faire pression aussi bien sur le plan national qu’international pour obtenir justice.
« La récente révision des règles sur le parrainage, par ordonnance et sans concertation, viole clairement le protocole de la CEDEAO. C’est une mascarade. Nous exigeons un audit indépendant de la liste électorale et la réintégration immédiate du Président Thiam, » a souligné le porte-parole.
Face à ce qu’il qualifie d’impasse juridique et institutionnelle, le PDCI opte pour la mobilisation de la base. Des marches éclatées à travers tout le pays sont prévues, culminant avec une grande marche nationale le mercredi 11 juin à Abidjan, dès 9 heures à Cocody. Une démonstration de force, dit-il, pour réclamer des élections inclusives et transparentes.
« La rue sera notre tribunal, mais dans le respect de la démocratie et de l’ordre public. Nous avons saisi la police et demandons des itinéraires sécurisés. La Côte d’Ivoire ne mérite plus d’autres violences. Mais sans Thiam, il n’y aura pas d’élection. Qu’on se le tienne pour dit, » insiste Bredoumi Soumaïla
Aussi, dans ce combat, Bredoumi Soumaïla évoqué la mémoire du Président Henri Konan Bédié, soulignant que « la seule chose que le PDCI peut encore lui offrir sur terre, c’est de tout faire pour que le PDCI revienne au pouvoir. »
S’appuyant sur une image forte – celle d’un combat de corde où chaque adversaire tire de toutes ses forces – il a comparé la situation actuelle à une bataille d’endurance. « Quand ta paume chauffe, celle de ton adversaire aussi chauffe. Ce n’est pas la douleur qui compte, c’est la résistance, » a-t-il lancé, sous les applaudissements de ses militants.
Dans un ton plus grave, il a dénoncé l’infiltration du parti par des agents du pouvoir, appelant les militants à la vigilance extrême tout en réaffirmant leur engagement pour une conquête du pouvoir par des moyens démocratiques.
« Notre force, c’est notre mobilisation. Nous savons ce qui se passe là-haut. Ils ont précipité la publication de la liste, mais nous étions prêts. À ceux qui trament dans l’ombre, le PDCI dit: c’est peine perdue. Nous irons jusqu’au bout « , a-t-il tranché la question de l’alternative à envisager au cas où Thiam n’obtenait pas sa réinscription sur la liste électorale.
« Il n’y pas de si qui tiennent. À ceux qui trament dans l’ombre, c’est peine perdue. Sans Thiam il n’y aura pas d’élections », a-t-il balayé du revers de la main cette idée caressée par certains depuis quelques jours.
Dès demain dimanche, une marche est prévue à Daoukro. Suivront d’autres mobilisations à Yamoussoukro et dans plusieurs villes du pays, avant la grande marche du 11 juin à Abidjan.
En attendant, le Président Thiam poursuit ses démarches à l’étranger, jugées cruciales par le parti: « Le président est à l’extérieur pour activer la pression diplomatique. Très bientôt, il sera de retour, » a assuré Bredoumi.
Le ton est donné. le PDCI-RDA entre en résistance active. Et pour Bredoumi Soumaïla, la ligne rouge est claire. « Le PDCI sera à cette élection. Mais si Tidjane Thiam n’est pas sur la liste électorale, alors, il n’y aura pas d’élection du tout « , a-t-il sévèrement prévenu.
Dans une Côte d’Ivoire en croissance, lasse du jeu politico-politicien bien souvent au détriment des véritables enjeux du pays, avec un RHDP bien en place, après un 31 mai dernier qui n’a pas tenu ses promesses, reste à savoir si ce énième appel à marcher finira sans suite comme tous ceux lancés depuis 2020.
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