Martin Agan (à Abidjan)
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Après l’entrée de BIIC en juin et la sortie imminente d’Oragroup, la Bourse d’Abidjan entame un rééquilibrage silencieux de ses indices phares. Derrière ce jeu de chaises musicales, c’est une photographie plus nette de la santé financière des valeurs cotées, des attentes du marché et du repositionnement des investisseurs régionaux qui se dessine. Explications.
C’est une mise à jour qui en dit long sur les tendances actuelles à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), sise à Abidjan. Fin juin, l’indice BRVM 30 – qui rassemble les trente valeurs les plus représentatives du marché – a intégré trois nouveaux entrants: la Banque internationale pour l’industrie et le commerce (BIIC), Servair Abidjan et Sicable, tandis que Coris Bank International (CBI), Oragroup et la Loterie nationale du Bénin (LNB) en ont été écartées.
Ces changements traduisent une évolution dans la vitalité boursière régionale. En clair: les valeurs sortantes, bien que connues, ont affiché des performances de marché inférieures à la moyenne – qu’il s’agisse des volumes échangés, de la fréquence des transactions ou de la liquidité du titre.
Des valeurs moins performantes et moins liquides
Dans le détail, les performances comparées des valeurs sortantes font ressortir 89 010 titres échangés pour un volume de 886,5 millions de F CFA (1,35 millions d’euros) pour CBI ; 166 992 titres pour 787,4 millions de F CFA pour LNB ; et 181 814 titres pour 298,6 millions de F CFA pour Oragroup au deuxième trimestre 2025.
À l’inverse, les entrantes ont brillé sur ces critères, pourtant stricts: 143 612 titres transigés pour 774,9 millions de F CFA (en seulement deux mois, BIIC ayant été admise en mai) pour la BIIC ; 153 830 titres pour 278 millions de F CFA pour Servair Abidjan, acteur du catering aérien ; et 248 119 titres pour 318,8 millions de F CFA pour Sicable, qui évolue dans les matériaux de construction et a bénéficié de la reprise des chantiers publics en Côte d’Ivoire.
Un marché qui s’ouvre à de nouveaux secteurs
Le signal est clair: les investisseurs s’orientent vers des valeurs plus industrielles, plus « tangibles » et tournées vers des marchés intérieurs en croissance. À l’inverse, certaines banques comme Coris Bank ou Oragroup, pourtant bien ancrées dans la région, peinent à maintenir un niveau de liquidité suffisant ou à générer un volume de transactions conforme aux exigences de l’indice. Pour LNB, la faible attractivité du secteur des jeux, combinée à une communication limitée, a pesé.
Cette photographie de l’indice BRVM 30 illustre à la fois l’évolution des intérêts des investisseurs institutionnels, notamment sur les places d’Abidjan et de Cotonou, et la volonté de la Bourse commune aux huit pays de l’Uemoa de rendre son indice phare plus représentatif d’un marché qui s’ouvre à de nouveaux secteurs.
Reste que ces mouvements sont aussi le reflet d’un marché encore étroit. Le nombre d’entreprises véritablement liquides reste limité, et les fluctuations de l’indice traduisent parfois davantage des effets mécaniques que de véritables révolutions sectorielles.
Source: JeuneAfrique
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