Lutte Contre L’Orpaillage Illégal Dans L’Iffou

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Lutte Contre L'Orpaillage Illégal Dans L'Iffou
Lutte Contre L'Orpaillage Illégal Dans L'Iffou

Africa-Press – Côte d’Ivoire. L’orpaillage illégal continue de gangrener la Côte d’Ivoire. Devenu un fléau national, il détruit les écosystèmes, mine la cohésion sociale et prive l’État de précieuses ressources fiscales. Conscient de la gravité de la situation, le gouvernement a engagé une nouvelle phase dans sa stratégie de lutte, misant désormais sur un partenariat actif avec les populations locales.

Du 10 au 11 juillet, une vaste campagne de sensibilisation se déroulera dans le District des Lacs, avec des étapes à Daoukro, Bongouanou, Dimbokro, Toumodi et Yamoussoukro. Ce déplacement du ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, s’inscrit dans la continuité d’une tournée similaire effectuée en 2024 dans le District des Savanes.

« Je ne viens pas avec des ordres, mais avec une main tendue pour bâtir un partenariat avec vous », a lancé le ministre à Daoukro, devant une salle comble, composée d’élus, de chefs traditionnels et d’habitants.

La nouvelle stratégie gouvernementale repose sur trois piliers, l’implication active des communautés locales, la mise en place d’alternatives légales et durables à l’orpaillage illégal et le maintien d’une pression sécuritaire forte.

Cette démarche marque une rupture avec les méthodes antérieures, centrées principalement sur la répression. Il s’agit désormais d’engager les populations rurales comme acteurs-clés de la lutte, en les sensibilisant aux dangers et en leur proposant des solutions concrètes.

Les témoignages recueillis à Daoukro ont mis en lumière l’ampleur des dégâts causés par l’orpaillage clandestin. Sources d’eau polluées, forêts détruites, écoles désertées, violences accrues, insécurité permanente: le tableau est alarmant.

« Nos villages sont encerclés de cratères. On ne peut plus vivre paisiblement », a déploré un chef traditionnel.

Sur le plan économique, le déséquilibre est tout aussi criant. Les trafiquants achètent l’accès aux terres avec des promesses fallacieuses et quelques billets. Pourtant, seulement 7 % de la valeur de l’or extrait revient aux villages, contre 80 % captés par des réseaux mafieux, selon le ministère.

« Pour 100 000 FCFA d’or, à peine 7 000 FCFA restent dans le village », a précisé Seydou Coulibaly, directeur général des Mines et de la Géologie.

Au niveau national, les pertes sont vertigineuses: plus de 100 tonnes d’or quitteraient illégalement le territoire chaque année, pour un manque à gagner fiscal estimé à 700 milliards FCFA, et une valeur marchande dépassant 4 000 milliards FCFA.

Pour endiguer ce phénomène, l’État renforce son arsenal. Depuis 2021, le Groupement Spécial de Lutte contre l’Orpaillage Illégal (GS-LOI) a permis de démanteler 1 760 sites et de traduire 713 personnes en justice. Ces efforts complètent l’action de la Brigade de Répression des Infractions au Code Minier (BRICM), créée dès 2018.

Mais désormais, la priorité est donnée à la sensibilisation de proximité. Chaque préfet de région est mandaté pour sillonner les localités et dialoguer avec les communautés. Cette territorialisation vise à bâtir une conscience collective autour des conséquences de l’orpaillage illégal et de la nécessité d’y mettre fin.

Le ministre propose un modèle hybride, articulé autour de deux leviers. Il s’agit du développement d’un orpaillage légal, formalisé, encadré et sécurisé, à travers la création de coopératives locales, la délivrance de permis artisanaux et des formations techniques et du renforcement de l’investissement industriel minier, avec un partage équitable des revenus entre l’État, les collectivités et les populations.

Ce système vise à offrir aux communautés des solutions durables et rentables, dans un cadre légal et sécurisé, tout en assurant une meilleure traçabilité des flux aurifères.

Le ministre Coulibaly a réaffirmé sa volonté de bâtir un front commun, entre l’État, les chefs traditionnels, les collectivités et les citoyens. Une collaboration amorcée dès 2023 lors d’une rencontre historique avec la Chambre des Rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire.

« Il n’est pas trop tard pour rectifier le tir. Mais il faut le faire ensemble », a-t-il conclu.

Le succès de cette démarche dépendra de la capacité du gouvernement à proposer des alternatives crédibles, et de celle des populations à rejeter les gains rapides au profit d’un développement structurant. La lutte contre l’orpaillage illégal est donc entrée dans une nouvelle phase: celle du dialogue, de la responsabilisation et de la co-construction.

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