Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans la discrétion des quartiers populaires comme sur les grands axes d’Abidjan, un ballet mécanique s’est mis en place depuis le mois de juin: pelleteuses, camions-bennes et équipes en bottes s’attaquent aux entrailles de la ville. Ces artères invisibles, ce sont les caniveaux, souvent oubliés, parfois transformés en dépotoirs à ciel ouvert, mais toujours décisifs lorsqu’arrivent les pluies. Sous l’impulsion du ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, la Côte d’Ivoire mène une vaste campagne de curage et de réhabilitation de ces ouvrages, une opération qui dépasse la simple maintenance technique pour toucher au cœur de la sécurité urbaine.
À Abobo, commune réputée pour être l’une des plus exposées aux inondations, le chantier a pris des allures de démonstration de force. Dix-huit kilomètres de caniveaux ont été passés au peigne fin, du carrefour Fitisac jusqu’à N’doté, en passant par la prison civile. Pendant plus de deux mois, une équipe de 25 personnes a affronté des canaux encombrés de déchets, parfois invisibles sous des couches compactes d’ordures et même de pneus abandonnés. Le constat, dressé par les responsables techniques, est sans appel: l’incivisme des populations alourdit considérablement la tâche et fragilise la sécurité des riverains. L’usage d’engins spécialisés comme les pelles hydrauliques s’est révélé indispensable pour libérer certains passages devenus méconnaissables.
Le Plateau, vitrine administrative du pays, n’a pas été épargné par cette opération nationale. Sept kilomètres de réseaux ont été dégagés pour fluidifier la circulation des eaux pluviales. Attécoubé, autre commune fortement marquée par la topographie et la pression urbaine, a vu ses artères stratégiques nettoyées, du Boulevard de la Paix à la gare d’Adjamé. Partout, le message du ministre a été martelé: « Les caniveaux ne sont pas des poubelles. » Une phrase qui résonne comme une ligne directrice et qui rappelle que la résilience des villes ne dépend pas seulement des infrastructures, mais aussi des comportements citoyens.
Ces travaux, qui se poursuivent aussi à l’intérieur du pays, traduisent une vision plus large que celle d’un simple curage ponctuel. Ils incarnent la volonté d’anticiper les épisodes pluvieux, de réduire le spectre des inondations et de renforcer la confiance des populations envers l’action publique. Dans la philosophie portée par Bouaké Fofana et inscrite dans la vision du président Alassane Ouattara, il s’agit d’apprendre à vivre avec les pluies en transformant chaque saison des eaux en défi surmonté plutôt qu’en catastrophe annoncée.
La Côte d’Ivoire redessine ainsi, à travers le nettoyage de ses réseaux d’assainissement, une nouvelle carte de son urbanité: celle d’une société qui refuse de céder à la fatalité et qui choisit de bâtir des villes où les habitants, les autorités et les entreprises privées avancent main dans la main. Dans ce combat silencieux contre les inondations, les caniveaux apparaissent moins comme des fossés négligés que comme des lignes de défense vitales. Et à mesure que les boues et les déchets sont évacués, c’est aussi une certaine idée du vivre-ensemble urbain qui se dégage: une ville plus propre, plus sûre et plus responsable.
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