Africa-Press – Côte d’Ivoire. Un collectif regroupant une dizaine de chaînes de télévision nationales d’Afrique subsaharienne francophone, publiques comme privées, a adressé une lettre officielle au président de la Confédération Africaine de Football (CAF), Patrice Motsepe, pour dénoncer les conditions jugées « injustes » et « discriminatoires » d’attribution des droits de retransmission de la CAN 2025, prévue au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.
Selon ce collectif, les télévisions francophones ne se voient attribuer que 33 des 52 matchs de la compétition, alors que les chaînes nationales anglophones et lusophones conserveraient, elles, l’intégralité des rencontres, tout comme un opérateur payant non africain, largement identifié comme étant Canal+.
Dans leur correspondance, les dirigeants de ces chaînes rappellent que la Coupe d’Afrique des Nations est un patrimoine sportif, culturel et émotionnel, financé en grande partie par les contribuables africains à travers leurs États.
Ils dénoncent une orientation de la CAF qui semble, selon eux, favoriser un opérateur de télévision payante européen, pénaliser les chaînes publiques gratuites africaines et creuser une fracture entre pays francophones, anglophones et lusophones.
« La CAN est avant tout un moment de communion panafricaine. Il est incompréhensible que les populations francophones soient privées d’une partie des matchs alors que ce n’est pas le cas ailleurs », indiquent-ils.
Les chaînes francophones affirment que cette décision s’inscrit dans un contexte de renforcement de l’influence de Canal+ en Afrique, notamment depuis le rachat du groupe sud-africain Multichoice, acteur majeur du secteur audiovisuel anglophone.
Elles évoquent, un lobbying intense mené par le groupe français en Afrique du Sud, une proximité géographique avec les instances actuelles de la CAF et une volonté supposée de consolider la domination de Canal+ dans l’espace francophone.
Selon elles, cette politique remet en cause la neutralité et l’équité du processus d’attribution des droits télévisuels.
Pour le collectif, la nouvelle politique d’attribution affaiblit les chaînes nationales francophones, déjà fragilisées économiquement, prive ces médias de recettes publicitaires cruciales durant l’un des événements les plus suivis du continent et pousse les téléspectateurs à se tourner vers l’abonnement payant, au profit de Canal+.
« Grâce à cette décision, l’opérateur français pourra capter sponsors, annonceurs et abonnements, au détriment de nos chaînes qui remplissent une mission de service public », souligne la lettre.
Les associations de consommateurs, également citées dans la lettre, alertent sur l’impact social de cette mesure.
Les critiques portent notamment sur l’obligation pour des millions de supporters francophones de payer un abonnement pour suivre l’intégralité des rencontres, le contraste avec les populations anglophones et lusophones, qui ne subissent pas ces restrictions, la perception d’un retour à une forme de déséquilibre postcolonial, alimentant un fort ressentiment.« Pourquoi les francophones doivent-ils être les seuls privés de toute la compétition? », interrogent les signataires.
Dans leur conclusion, les chaînes demandent à la CAF de reconsidérer sa stratégie d’attribution des droits TV, de restaurer l’égalité de traitement entre tous les pays africains et de garantir que la CAN demeure un événement populaire, accessible à tous, conformément à sa vocation historique.
Elles appellent le président Patrice Motsepe à faire preuve de leadership, d’équité et d’engagement pour l’inclusion sociale, afin que la CAN 2025 reste un événement véritablement africain et non un produit réservé à une élite.
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