Africa-Press – Côte d’Ivoire. Une scène inhabituelle s’est produite ce mercredi 26 novembre dans la matinée à Cocody, où des éléments de la Brigade d’Investigation et de Contrôle Urbain (BICU), appuyés par la gendarmerie et la police nationale, ont procédé à l’évacuation forcée des occupants de l’Hôtel Horizon, un immeuble R+3 avec penthouse. Cette opération intervient dans un contexte de litige opposant deux ressortissants chinois, mais suscite incompréhension et indignation, notamment parce que les expulsés affirment être la partie ayant récemment obtenu gain de cause devant la justice ivoirienne.
Sur place, KOACI a constaté que la partie évincée avait été mise à la rue tandis que l’autre camp se maintenait à l’intérieur de l’établissement.
Interrogés, les expulsés assurent n’avoir reçu aucune notification officielle annonçant une mesure d’évacuation imminente, alors même qu’une expertise indépendante, réalisée par Bureau Veritas à la demande du ministère de la Construction, aurait conclu l’absence de fissures compromettant la structure du bâtiment.
« Bureau Veritas a conclu que l’immeuble n’était pas fissuré. Nous avons transmis les rapports au ministère et attendions leur retour. Personne ne nous a signalé un danger imminent. Ce matin, la gendarmerie est venue nous mettre dehors. Nous ne comprenons pas », déclare un responsable du groupe expulsé.
Selon eux, le ministère leur avait accordé 15 jours pour produire une contre-expertise, après qu’un signalement initié par la partie adverse évoquait un risque d’effondrement.
Le différend remonte à plusieurs années.
M. Wang Tien-Fei, représentant légal de l’Hôtel Horizon et de l’entreprise SOGECOA en Côte d’Ivoire, explique que le gérant nommé en 2022 pour un mandat de trois ans a vu son contrat expirer le 31 janvier 2025. Celui-ci aurait refusé de quitter ses fonctions, avant d’être débouté en première instance puis en appel.
Durant les vacances judiciaires, de nouveaux ressortissants chinois se seraient ensuite présentés à l’hôtel, affirmant l’avoir racheté auprès du gérant sortant, sans fournir de documents probants, selon M. Wang Jean Fei, directeur général de l’établissement.
C’est durant cette période que la partie adverse aurait sollicité l’intervention du ministère de la Construction en évoquant un risque d’effondrement imminent.
Suite à l’injonction du ministère, Bureau Veritas a été mandaté et rémunéré 5 900 000 FCFA pour une expertise complète.
Les expulsés affirment que la gendarmerie d’Agban, appelée par la partie adverse, aurait tenté d’interrompre les travaux des experts. Malgré ces obstacles, 90 % de l’expertise aurait été réalisée et le rapport final remis au ministère.
D’après eux, aucune conclusion du rapport ne justifierait une évacuation immédiate.
KOACI a toutefois pu consulter un document émis par la BICU et daté du 3 octobre 2025. Il rapporte qu’une inspection du bâtiment effectuée le matin même aurait révélé « des pathologies pouvant mettre en péril la solidité et la stabilité de l’immeuble ».
La brigade recommande donc une évacuation sans délai, ainsi qu’une nouvelle expertise par le BNRi, à produire sous 10 jours.
Elle précise également que la responsabilité du propriétaire serait engagée en cas d’incident.
Ni la partie désormais en possession de l’hôtel, ni la BICU n’ont répondu aux sollicitations de KOACI.
Les expulsés affirment que l’ambassade de Chine était déjà informée du litige judiciaire. À la suite de l’expulsion, elle leur aurait demandé de se rendre à l’ambassade pour préparer une conférence de presse.
« L’ambassade veut comprendre, entendre notre version et informer l’opinion nationale », confie un représentant.
Entre une décision de justice favorable à la partie expulsée, une expertise de Bureau Veritas jugée rassurante par elle, une contre-expertise coûteuse encore en attente de validation, et une évacuation menée manu militari sans communication officielle du ministère ni de la BICU, la situation demeure opaque.
Une question centrale subsiste:
l’immeuble présente-t-il réellement un danger, ou l’argument sécuritaire a-t-il été utilisé comme levier dans un conflit de propriété?
KOACI continue de suivre ce dossier et publiera la suite des développements dès qu’ils seront disponibles.
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