Africa-Press – Côte d’Ivoire. L’Ermite vert (Phaethornis guy) présente un bec longiligne particulièrement impressionnant. Et pour cause: une nouvelle étude révèle que celui des mâles s’est transformé, au cours de l’Evolution, en véritable poignard destiné à blesser ses rivaux. Les chercheurs à l’origine de cette découverte ont réalisé des modélisations en 3D et des analyses numériques pour mieux comprendre comment le bec réagit suivant la force appliquée par l’oiseau.
Chez cette espèce, qu’on peut associer aux colibris, les individus forment des leks ou aires de parade où les mâles sont regroupés dans une sorte d’arène avec pour objectif de séduire les femelles. Un moment qui peut se révéler particulièrement tendu. « Ils se rassemblent dans un endroit de la forêt qui ressemble à s’y méprendre à un bar pour célibataires, explique avec malice Alejandro Rico-Guevara, professeur associé de biologie à l’Université de Washington (Etats-Unis), dans un communiqué. Chacun a son perchoir, et si quelqu’un d’autre lui prend sa place – son emplacement dans le bar pour célibataires – ils deviennent fous furieux et se battent. »
Durant ce moment qui se déroule lors de la saison de reproduction, les comportements agressifs chez les mâles sont donc courants. Les chercheurs ont donc pensé que leur bec était différent de celui des femelles, qui s’en servent essentiellement pour se nourrir du nectar des fleurs. Celui des mâles doit être capable de perforer la gorge des adversaires !
Un bec particulièrement adapté « pour la perforation horizontale »
Pour prouver leur hypothèse, les chercheurs, issus d’un centre de recherche colombien sur les colibris et de l’Université de Washington, ont créé un modèle 3D du bec de 16 Ermites verts (8 mâles et 8 femelles) conservés dans la collection d’ornithologie du Musée Burke d’histoire naturelle et de culture.
Et les mesures réalisées « indiquent que les mâles Ermites verts possèdent des becs en forme de poignard, des caractéristiques pouvant être considérées comme des armes sélectionnées intrasexuellement », confirme l’étude publiée le 10 novembre 2025 dans la revue Journal of Experimental Biology. « Plus pointu (de 69%, ndlr), plus droit (de 3%, ndlr), plus rigide, plus fort »: voilà comment est défini le bec des mâles par rapport à celui des femelles.
Ces caractéristiques confèrent à leur bec des « avantages biomécaniques pour la perforation horizontale ». Il se déforme moins et a aussi moins de risques de casser. En outre, le bec plus droit des mâles peut « s’adapter à une plus grande variété d’angles de frappe potentiels, nécessitant moins de précision lors des combats », relate l’étude. Ce petit oiseau, dont le poids ne dépasse généralement pas les 7 grammes, est vraiment redoutable.
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