Que deviennent nos boursiers Ivoiriens ? (Par Dr. Charles Koudou)

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Que deviennent nos boursiers Ivoiriens ? (Par Dr. Charles Koudou)
Que deviennent nos boursiers Ivoiriens ? (Par Dr. Charles Koudou)

Africa-PressCôte d’Ivoire. Envoyés à l’extérieur du pays à coût de millions sinon milliards du contribuable ivoirien, l’on est en mesure de se demander que sont devenus ou que deviennent nos boursiers ivoiriens. La question mérite d’être posée parce que ces boursiers n’ont pas eu un concours pour obtenir ces bourses. Il est vrai que certains méritants ont eu la bourse parce qu’ils ont des très bonnes notes et le ministère de tutelle estime qu’il leur faut cette opportunité d’aller continuer ailleurs. D’autres par contre et ils sont les plus nombreux d’ailleurs ont eu ces bourses juste parce qu’ils ont des entrées soit par un parent, un ami, bref, par une faveur du bon samaritain. Notre question se pose toujours qu’on soit dans l’un ou dans l’autre cas.

Laissez-moi vous raconter une histoire. L’histoire nous apprend qu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, le Japon a fait appel aux USA et à l’Angleterre pour l’aider à relancer son économie, à rebâtir son pays. Cela a été chose fait. La chine après sa guerre contre le Japon (1937-1945) après celle de 1894-1895 également, s’est approchée du Japon pour comprendre l’origine de son succès. Contrairement au Japon qui a fait venir les Anglais et les Américains sur son sol, la Chine, elle, a préféré octroyer des bourses d’études à des milliers de jeunes chinois pour aller étudier aux USA et en Angleterre. Des conditions leur ont été imposées entre autres ils doivent réussir et revenir au pays sinon tous leurs parents payeront les prix. Un système de suivi et de contrôle rigoureux a été mis en place. Enfin le gouvernement chinois a pris soin de leur expliquer le bien fondé de ces études pour le développement du pays.

Ainsi, après leurs études dans divers domaines, la vaste majorité pour ne pas dire tous ces jeunes chinois sont retournés dans leur pays d’origine, la Chine, pour contribuer à l’essor du pays dans tous les secteurs d’activités. Ces jeunes avaient conscience de retourner dans leur pays mais les dirigeants avaient aussi pris des dispositions pour leur retour et leur insertion dans la vie active dans le pays après leurs formations respectives. Aujourd’hui voyez vous la Chine en matière de progrès, de développement, d’infrastructure, d’économie, etc. Elle rivalise avec la grande Amérique.

Chez nous ici en Afrique, nos Etats, par mimétisme certainement, envoient chaque année des étudiants pour aller étudier ailleurs en Occident pour la plupart. Trois problèmes se posent ici.

1-Nos étudiants émerveillés et fascinés par les grattes ciels, les routes ultra modernes, les systèmes de travail, les facilités de vie et de recherche en comparaison avec leur pays d’origine tombent sous le coût des charmes et restent dans ces pays d’accueil après leurs différentes formations, même s’il faut faire des travaux aux rabais.

2-Au niveau de leurs gouvernements Africains respectifs, aucun système n’est mis en place pour un suivi et contrôle et surtout rien n’est prévu pour leur réinsertion socio-professionnelle après leurs formations. Ceux qui rentrent le font d’eux mêmes, par leur propre volonté. Il n’y a aucune obligation, aucune contrainte pour un retour.

3-Aucune structure d’accueil, aucun système d’évaluation formation-emploi-adéquation. Alors les jeunes vont venir en Afrique pour faire quoi? Rien n’est prévu pour les accueillir et les embaucher directement. Alors ils préfèrent rester là où ils ont été formés et où on les connaît bien plutôt que d’aller affronter un recrutement au rabais et un salaire qui n’est pas à la hauteur de leurs diplômes.

À qui la faute? Aux gouvernements Africains ou aux étudiants? J’accuse moins les étudiants que leurs gouvernements. Au niveau du Gouvernement, une mission, un cadre de référence leur avait-il été défini avant leur départ en formation avec des objectifs définis clairement? J’en doute. Y avait-il un cadre organique bien défini et qu’en étaient les inputs et les outputs s’ils en existaient? Qu’est ce qui était prévu avant leur départ? Qu’est ce qui s’est passé pendant leurs formations? Y avait-il un suivi? Les gouvernements avaient-ils comme en Chine prévu ce que ces étudiants devraient faire à leur retour dans leur domaine respectif? Eux-mêmes étaient- ils conscients qu’ils devraient retourner dans leur pays d’origine après leurs formations?

Quel gâchis, que de milliards perdus parce qu’en fin de compte n’a servi à rien si ce n’est qu’à ces étudiants pris individuellement. Mais et le pays, que gagne t-il après avoir dépensé tant d’argent sur eux? Où est leur apport au développement? Quelle est leur contribution après leurs formations? Ces mêmes gouvernements qui leur avaient octroyé des bourses d’études courent toujours après les experts expatriés pour des projets de développement qu’ils payent à coût de millions. Quel gâchis de ressources en Afrique. Vraiment, comme je le disais l’autre jour, les problèmes de l’Afrique c’est l’Afrique elle-même. Où est notre conscience publique pour le développement de nos pays?

 

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