Une association des cadres et élus du nord contre le nord, le Woroba aussi tourne le dos à Kafana, Nagbana, Thomas Camara, Soumahoro Amadou…

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Une association des cadres et élus du nord contre le nord, le Woroba aussi tourne le dos à Kafana, Nagbana, Thomas Camara, Soumahoro Amadou…
Une association des cadres et élus du nord contre le nord, le Woroba aussi tourne le dos à Kafana, Nagbana, Thomas Camara, Soumahoro Amadou…

Africa-PressCôte d’Ivoire. Invités à coup de renfort médiatique à travers les médias écrits et audio-visuels, notamment

la télévision et la radio nationales, nous cadres du district du Woroba sommes rendus le 07

octobre 2021 à une réunion au palais de la culture de treichville.

Cette rencontre était la réunion préparatoire de l’Assemblée Générale Constitutive de

l’associaton des élus et cadres du grand nord prévue les 12 et 13 novembre 2021 à Korhogo.

Selon les initiateurs du projet, l’association aurait pour objectif, entre autres, le

developpement du Nord de la Côte d’Ivoire et le renforcement des liens de solidarité entre

ses fils et filles, quand bien même tout semble indiquer que le pays dirigé par un fils du Nord

« se porte très bien ».

A l’issue de la réunion, certains jeunes cadres du woroba ont vite perçu la dangerosité de cette

opération. Pour y porter la contradiction nous nous sommes constitués en comité de réflexion.

La présente déclaration est le premier fruit de nos travaux. D’autres réactions suivront en

fonction de l’évolution de la situation.

Les raisons qui appellent notre mobilisation contre la création de cette association sont

multiples. Mais pour cette première sortie, nous nous limiterons à l’examen de quelques

unes :

Menaces contre l’unité nationale

L’initiative de créér une association à relent communautaire apparait à contre-courant de

l’œuvre de construction de la Nation ivoirienne souhaitée et voulue par tous les Ivoiriens

depuis l’indépendance.

Aussi, au moment où est-il de plus en plus question de sentiment national, de défi de

surmonter nos particularismes, les cadres et élus du Nord, ou du moins certains d’entre eux,

à travers leur projet, ne font aucun effort pour surmonter les différences entre eux et ceux de

l’Ouest, du Sud, de l’Est et du Centre afin de construire une Côte d’Ivoire digne d’une nation.

La nation est à saisir sous le prisme de la volonté de vivre en commun. « Ce qui constitue une

nation, ce n’est pas de parler la même langue ou d’appartenir à un même groupe

ethnographique ; c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en

faire encore dans l’avenir » (Ernest Renan).

Malheureusement, cette initiative de constituer une association du grand nord nous éloigne

de l’élan général des autres ivoiriens.

En outre, ce projet de création d’une association à base tribale engage la responsabilité du

Président de la république en tant que garant de l’unité nationale qu’il incarne selon les

dispositions de l’article 54 de la Constitution ivoirienne.

En effet, la reunion du 07 octobre 2021 était présidée par le Ministre Gilbert Kafana, membre

du Gouvernement. La table de séance enregistrait également la présence de plusieurs

ministres en fonction.

Cette mobilisation de ces membres du Gouvernement autour de leur projet et le silence

observé par le Président, sinon son soutien voilé, emporte sa responsabilité de garant de

l’unité nationale. Le risque, pour lui ici, est de se rendre coupable de parjure.

Méconnaissance de l’âme du woroba

Nous cadres du woroba condamnons fermement cette tendance au repli sur soi. Car en

opposition avec nos valeurs et traditions.

En effet, très fortement islamisées nos régions ont toujours eu une tradition d’ouverture et

d’hospitalité. Ce mode de vie est tiré des enseignements coraniques avec la notion de Oumma.

Cette notion marque le dépassement des appartenances tribales et ethniques au profit de

valeurs partagéés et la volonté d’appartenance à un ensemble plus vaste caractérisé par une

solidarité entre ses membres.

Et c’est fort justement de ces valeurs d’humanisme que le woroba a porté son choix sur Felix

Houphouët-Boigny, bien que baoulé, au détriment de leur propre fils Sékou Sanogo. Cette

prise de position dénote de la haute idée que nos parents avaient de la necessité de se délier

des instincts tribaux afin de contribuer à la création d’une communauté plus vaste. En retour,

Felix Houphouët-Boigny, très soucieux du devenir de la jeunne Nation ivoirienne, s’est appuyé

sur les enfants de toutes les régions du pays et particulièrement sur ceux du woroba pour bâtir

la Côte d’Ivoire moderne. Les ministres Lamine Fadika et Bamba Vamoussa, le gouverneur de

la BCEAO Abdoulaye Fatiga pour ne citer que ceux-là, en sont des illustrations.

Plus de soixante ans après, appeller le Woroba à participer à la création d’une association dont

la finalité est de promouvoir la fibre ethnique revient à nier la grandeur d’esprit dont a

toujours fait preuve ce grand peuple. Et il ne peut en être autrement quand on sait que le

woroba acceuille sur ses terres des frères originaires de l’ouest depuis la période coloniale.

Devons-nous les exclure de la vie sociale et économique de notre région au seul motif qu’ils

ne sont pas koyaka, alors même qu’ils sont plus intégrés que certains des nôtres.

Menaces contre la solidarité et la cohésion du grand Nord

Alors que l’on parle de solidarité entre les fils et filles du grand Nord comme jusfificatif de la

la création de l’association projettée, plusieurs fils du Nord sont emprisonnés à des peines

purement politiques et certains contraints à l’exil, dont le député et ancien Directeur Général

de la LONACI en la personne de ISSIAKA Fofana. Ce dernier n’a pas hésité à se mettre au service

de sa région, tant au niveau des actions sociales que des actions de devéloppement.

Et l’auteur de cette exclusion de ces fils du Nord à une vie sociale et politique normale se

trouve être un autre « fils » du Nord, en la personne du Président Alassane OUATTARA. Et

cette situation n’emeut aucunement les initiateurs de l’association projettée. Pire, certains

d’entre eux ont servi de mains exécutrices de la volonté de Monsieur OUATTARA de mettre

sous l’éteignoir tout autre présidentiable issu du Nord, en dehors de ceux qu’il aura adoubé.

Par ailleurs, tirant les leçons d’autres organisations similaires, l’on peut légitimenent émettre

des réserves quant à l’objectif de cohésion et de fraternité prôné par les initiateurs de la« mise en cage » des élus et cadres du grand Nord.

L’expérience de l’association des élus et cadres du grand Centre est éloquente. En lieu et place

de la cohésion du grand peuple baoulé, l’on a assisté à des batailles de leadership et de

positionnement. Chaque cadre influent tentant de faire de cette association une courte

échelle pour la réalisation de ses ambitions politiques. Et les chapelles politiques y ont

également joué leur partition. Chacune voulant s’approprier l’association. Et la cohésion du

peuple baoulé s’en est trouvée afectée notamment avec deux prétendants au trône de

Sakassou. Fait inédit dans la tradition baoulé. Bien plus, cette association a contribué à

disperser le vote du peuple baoulé au détriment du champion politique du groupe Akan en la

personne du Président Henri Konan Bedié.

Un autre argument qui démontre la vacuité de l’argumentaire du projet, particulièrement

l’objectif de cohésion entre nordistes, réside dans le refroissement des relations entre les

différentes composantes ethniques du Nord.

Il convient de souligner qu’à l’avènement du RDR au pouvoir le Nord était un bloc compact,

acquis très largement au Président Alassane OUATTARA. Plus d’une decennie après de pouvoir

sans partage de celui-ci à la tête de l’Etat, le Nord est fissuré comme jamais auparavant. Et

l’unique cause reste la gestion des affaires politiques par le pouvoir RDR dit pouvoir des

nordistes. La mort des deux premiers ministres, Amadou Gon Coulibaly en 2020 et Hamed

Bakayoko en 2021, a donné la preuve de cette fracture à travers des rumeurs et accusations

d’assassinat au moyens de pratiques occultes entre les communautés ethniques dont sont

issus les deux defunts.

Il faut noter que le peuple du woroba s’en est remis au Seigneur, comme le veut la tradition

musulmane à laquelle il appartient majoritairement, mais reste tout même sous le choc quant

à la mort de son illustre fils Hamed Bakayoko. Car, non seulement nous ressortissants du

woroba avions placé un grand espoir en lui, mais surtout les conditions de son décès brutal et

les rumeurs qui ont circulé sur les causes de son décès nous laissent perplexes. Ces rumeurs

ont pointé un doigt accusateur vers un autre cadre du Nord ressortissant d’une region alliée

du peuple du woroba.

Avec cette atmosphère lourde, caractérisée par une ambiance de suspicion entre peuples du

Nord, peut-on penser sérieusement que la création d’une association de ressortissants du

Nord soit opportune ? non l’urgence est ailleurs.

Nous cadres du woroba pensons qu’il faut préalablement et absolument rétablir les liens

ancestraux et multiséculaires qui existaient entre ces différents peuples du Nord. Pour y

parvenir, il faut utiliser les canaux traditionnels qui ont fait leurs preuves en la matière. Les

chefs traditionnels, régents habituels de la vie sociale au nord, doivent être mis à contribution

pour la bonne cause par les initiateurs de la brumeuse association des cadres du Nord au lieu

de les utiliser comme des supplétifs du RHDP.

Ø Les koyaka comme des éternels « moutons de sacrifice » de la cause du grand Nord ?

Le projet lancé le 07 octobre appelle à une grande mobilisation des cadres de toutes les

régions du Nord. Nous cadres du woroba, percevons cet appel comme un autre traquenard

contre les fils de notre région. Et ce sentiment de frustration et même de révolte se justifie

grandement par le fait que tant de nos frères ont payé de leur vie pour certains et de leur

carrière pour d’autres sans que ce Nord qu’ils pretendaient servir ne se souvienne de leur

sacrifice. Pour rafraichir la mémoire des précurseurs de l’association de élus et cadres du Nord

nous allons en citer quelques uns :

– Ibrahim coulibaly dit IB

Le sergent-chef IB durant ses dernières années de vie s’est battu heroiquement pour

l’avènement du Nord au pouvoir à travers Monsieur Alassane OUATTARA. Après la victoire

politico-militaire de Monsieur Alassane OUATTARA sur Monsieur Laurent GBAGBO à laquelle

il a contribué grandement , IB fut atrocement assassiné au cours d’une expédition militaire

des forces fidèles au nouveau régime. Cette expédition l’a été en exécution d’un ordre du chef

suprême des armées qu’est le Président Alassane OUATTARA. Le woroba reste encore sous le

choc. D’abord pour la perte de son fils mais surtout pour le silence observé par le « pouvoir »

du nord quant à mener des enquêtes sur les circonstances de sa mort, et éventuellement aller

à un procès pour sanctionner les auteurs de cet assassinat. Par cette attitude, le woraba

estime son fils doublement enterré : son corps ensevelli et son âme enfoui dans l’âbime de

l’égoisme et de l’ingratitude.

– BAKAYOKO Abdoulaye dit Transit

Aux heures chaudes du combat du RDR, ce riche homme d’affaires s’est mis au service de son

parti en engageant sa personne et ses biens. A ce titre, il a crée le premier journal de son parti.

Il fut assassiné sous le régime du Président Henri Konan Bédié. Dépuis lors, plus personne ne

s’en souvient. Pas même les chantres de la supériorité de l’homme du Nord. Pire, lors de la

visite d’Etat dans le worodougou en 2015, le Président de la République Alassane OUATTARA

a eu le temps d’aller s’incliner sur la tombe des geniteurs de certains de ses collaborateurs,

sans daigner adresser même un mot de compassion à la famille de Abdoulaye Transit. Alors

que même dans la tombe il a continué le combat du Nord, puisque jusqu’à maintenant c’est

une de ses villas qui abrite le siège du RDR-RHDP.

– KONE Kafongo

Brillant banquier, premier PDG de la Banque de l’Habitat (BHCI), l’homme a sacrifié sa carrière

pour le combat de l’actuel pouvoir nordiste. L’homme, autrefois proche du Président Henri

Konan Bedié, n’a pas hésité à mettre en jeu son poste de PDG pour s’engager aux côtés de son

frère du Nord Monsieur Alassane OUATTARA alors opposant. Puisqu’il fut limogé de son poste

à la banque. Plus de dix ans après l’accession du Nord au pouvoir, notre ainé Kafongo est bien

chez lui à la maison, occupant ses journées à ressasser les souvenirs de son glorieux passé à

travers les albums photos. Le Nord a detourné son régard de lui pour mieux jouir des privilèges

du pouvoir. Au Nord il semble qu’il ne fait pas bon de se souvenir de ceux à qui on est

redevable quant on accède au pouvoir. Le «gâteau» est trop succulent pour avoir beaucoup

de convives.

– Enise KANATE

Député-maire de Mankono, cette dynamique dame à l’avenir politique prometteur a vu sa

carrière politique connaitre un coup d’arrêt brusque. Juste parce qu’elle a pris quelques

distances avec Alassane OUATTARA. Elle fut bannie de Mankono. Notre sœur vit aujourdui un

cas d’exil intérieur. Comme si le RDR était synonyme de Nordiste.

La liste des personnalités du woroba qui ont bien servi la cause du Nord et qui ont été

royalement oubliés est bien plus longue que celle présentée. Mais pour les besoins de la

présente déclaration nous nous arrêtons à ceux que venons de présenter.

Dans ces conditions, nous cadres du woroba exprimons publiquement et solennellement

notre refus à adhérer à cette association. Adhérer à cette association revient pour nous à aider

l’extension de la liste des koyaka victimes de l’ingratitude du nord.

L’association projettée peut etre un frein à l’avenir politique des cadres nordistes « de

la diaspora »

Une association des cadres et élus du Nord s’entend comme un regroupement de cadres et

élus volontaires réunis autour d’un projet commun. On pourrait alors se demander de quels

élus du Nord parle-t-on ? S’agit-il des cadres du Nord élus par les populations au Nord et

exerçant pour le Nord ou des cadres du Nord élus par les populations au Sud où ils exercent

leur mandant ? Si nous admettons que tous les cadres et élus du Nord doivent faire partie de

cette association sur la base de la consonnance de leur seul nom, ce serait trahir la confiance

des populations des localités qui ne sont pas du Nord. En effet, c’est au nom de la prise de

conscience de leur appartenance à la même nation que ces populations du Sud, de l’Est, de

l’Ouest ou du Centre ont porté leur choix sur des fils du Nord pour administrer leurs localités.

C’est le cas de Koné Kafana Gilbert, originaire du Nord (Sinématiali) ; il est l’actuel maire de la

commune de Yopougon. Il en est de même pour Cissé Bakongo (Mankono) et maire de la

commune de Koumassi. A ces personnalités il faut ajouter l’ancien premier minisre feu Hamed

Bakayoko qui fut également maire de la commune d’Abobo. Son cas est revelateur de la

grandeur d’esprit et de tolérance des autres ivoiriens vis-à-vis de leurs frères du Nord. En effet,

notre frère Hamed bakayoko a été élu par deux fois député de la commune de Séguéla avant

de se voir choisir comme maire d’Abobo. Abobo n’est ni situé au Nord ni peuplé uniquement

que de nordistes. Le peuplement de cette circonscription est représentatif du peuplement de

la Côte d’Ivoire elle-même avec sa soixantaine d’ethnies.

En attendant donc de clarifier les membres de cette association, il convient de donner un

contenu acceptable à ce projet en disant tout simplement ce qu’on cherche à travers une telle

organisation.

Au final, après l’examen des motifs du projet annoncé, nous nous rendons compte que le seul

objectif des porteurs de cette aventure demeure l’embrigardement des cadres du Nord pour

des desseins politiques sombres.

Monsieur le Ministre d’Etat, au regard des observations ci-dessus, nous cadres du woroba

refusons que notre région soit associée à cette opération de balkanisation de notre pays par

et pour cette oligarchie nordiste au pouvoir dont les traits de caractère se résument à

l’égoisme, le mepris et l’arrogance.

Pour le Comité de reflexion

Soumahoro Vamouessa

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