Africa-Press – Côte d’Ivoire. La banque internationale boucle l’année avec une rentabilité particulièrement élevée dans cette zone qui lui rapporte un tiers de plus en bénéfice brut que l’Europe et l’Amérique.
« 2021 a été une année exceptionnelle pour nous dans la région Afrique et Moyen-Orient », a indiqué Sunil Kaushal cité dans un communiqué de Standard Chartered (SC). Le manager formé en Inde et placé aux commandes de cette zone en octobre 2015 alors que la banque internationale venait d’y subir une année particulièrement désastreuse, peut se réjouir du rebond de l’activité observé l’an dernier.
Plus de 800 millions de dollars de bénéfices
En 2021, SC a réalisé un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de dollars (+3%) dans la zone Afrique-Moyen-Orient (AMO). Son produit net bancaire dépasse d’environ 400 millions de dollars les revenus réalisés dans la zone Europe & Amériques (2 milliards de dollars de revenus). « Les revenus de la Banque en Afrique ont augmenté de 9% à taux de change constant grâce à l’élan de la banque numérique et à la forte conversion du pipeline [de projets] ; le bénéfice d’exploitation pour l’Afrique a atteint son niveau le plus élevé depuis 2015 », se félicite la multinationale. La banque britannique, fondée en 1853, tire désormais l’essentiel de ses revenus et de ses profits des marchés émergents, d’abord l’Asie, puis l’Afrique et le Moyen-Orient et enfin, les pays développés.
Le bénéfice avant impôt engrangé dans la région AMO a atteint 831 millions de dollars, un niveau record, supérieur de 44,5% à celui de l’espace Europe & Amériques (575 millions), selon les comptes audités. Cette progression est due à une nette baisse des provisions sur les créances qui avaient quasiment quintuplé entre 2019 et 2020, passant de 132 millions à 654 millions de dollars, du fait notamment de la crise du Covid-19. Cela avait entraîné une chute drastique de la rentabilité.
Dans la zone Afrique-Moyen-Orient, le groupe avait enregistré une perte avant impôt de 75 millions de dollars en 2020. Contacté par Jeune Afrique, Standard Chartered n’a pas répondu immédiatement à nos questions.
Sunil Kaushal
En 2021, les charges sur les crédits ont nettement reculé. « Il faut bien noter que ces provisions en forte hausse en 2020 ne sont pas nécessairement des pertes avérées et découlent en partie des modèles de risques qu’appliquent les banques. Mais clairement la crise du Covid-19 a eu un effet. Au premier semestre 2020, le rendement des actifs des 20 premières banques européennes était en recul à 0,1%, contre 0,4% un an plus tôt », explique à Jeune Afrique Jean-Marc Velasque, responsable du conseil aux entreprises chez Sopra Banking Software.
Écart entre les rendements des actifs
De fait, la rentabilité des actifs de SC dans la zone AMO est particulièrement élevée comparée à celles des marchés occidentaux. Selon nos estimations, le ratio bénéfice avant impôt/total des actifs atteint 1,45%, contre 0,21% sur les marchés occidentaux, 0,6% en Asie et une moyenne de 0,4% au niveau du groupe.
« Il faut tenir compte de la différence des tailles de bilan entre les marchés développés et les pays émergents. Dans les premiers, on peut atteindre des ratios actifs bancaires/PIB de l’ordre de 2,5 fois à 3 ou 4 fois la taille de l’économie contre des taux entre 50% et 100% dans les pays émergents », rappelle Jean Marc Velasque. Pour ce spécialiste du secteur bancaire, « les bilans des grandes banques dans les pays émergents, en Afrique notamment, comportent aussi moins de produits complexes et obligataires, et plus de crédits et de financements ».
« Il faut également intégrer la notion de risque (politique, juridique, économique) plus élevé sur ces marchés qui demandent une rémunération par conséquent plus élevée. Sur certains segments de banque corporate, lorsque les montants concernés atteignent un certain volume, le nombre d’établissements qui peuvent réaliser ces opérations est plus réduit. Nous avons donc des actifs bancaires de taille relativement plus petite, des marchés plus risqués et moins d’acteurs sur les segments concernés, tout cela a un impact sur la rentabilité », complète l’expert. Selon ses estimations, si un tassement a été observé en 2020, le rendement des actifs en Afrique subsaharienne est en moyenne de 1,5% à 2% et peut atteindre 3% voire 4% sur certains pays.
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