Africa-Press – Côte d’Ivoire. La solitude est un fléau depuis longtemps, même dans notre société actuelle, pourtant très connectée. D’après une étude parue dans la revue BMC Medicine le 10 novembre 2023, une équipe de chercheurs, menée par Hamish M. E. Foster, médecin de l’institut de santé et du bien-être de l’université de Glasgow (Ecosse), la solitude est malheureusement un facteur de mortalité prématurée.
Plusieurs composantes sociales étudiées
Cette étude a été réalisée avec l’appui de Biobank, une base de données biomédicales à grande échelle et une ressource de recherche contenant des informations sur la génétique, le mode de vie et la santé, ainsi que des échantillons biologiques d’un demi-million de participants britanniques. Elle se base sur plusieurs critères de connexions sociales (deux de solitude et trois d’isolement), comme la fréquence des confidences faites à un proche versus la fréquence de sentiment de solitude ou encore la visite de la famille et des amis, les activités de groupes ou le fait de vivre seul. Le but étant de mesurer à l’aide de tests et d’échelles le degré d’interaction sociales des participants (voir le tableau ci-dessous).
Une cohorte de 458.146 personnes a été utilisée, en prenant en compte les différences sociales des individus comme leur âge, leur sexe, leur niveau de consommation de tabac ou d’alcool, etc. « Nous avons également essayé de prendre en compte de nombreux autres facteurs susceptibles d’expliquer ces résultats, tels que l’âge des personnes, leur sexe, leur statut socio-économique, le fait qu’elles soient fumeuses (pour limiter les biais d’interprétation, ndlr). Même après avoir éliminé ces facteurs de l’équation, il est apparu que ces liens sociaux étaient importants pour le risque de décès, » nous explique le docteur Hamish M. E. Foster.
Illustration des différentes composantes des liens sociaux. En bleu, les facteurs liés à la solitude (capacité à se confier ou non et se sentir souvent seul), en jaune les facteurs en lien avec l’isolement social (des activités de groupes, la visite de la famille/amis et le fait de vivre seul ou non).
« Un risque de décès 39 % plus élevé »
Les résultats sont sans appel : les personnes ayant peu ou pas de contact avec des proches (isolement social) sont plus susceptibles de mourir prématurément. « En particulier, les personnes ayant déclaré ne jamais recevoir la visite d’amis ou de membres de leur famille avaient un risque de décès 39 % plus élevé que celles qui recevaient des visites quotidiennes », détaille auprès de Sciences et Avenir le docteur Foster.
Ce constat a été réalisé sur une période moyenne de 12,6 ans, en recoupant les données médicales fournies par BioBank et les analyses réalisées par l’équipe. Les scientifiques ont observé une augmentation de la mortalité due à des maladies cardiovasculaires chez des personnes relativement isolées socialement. « Les personnes qui vivaient seules et qui présentaient d’autres marqueurs d’isolement (ne participaient pas à des activités de groupe hebdomadaires ou recevaient des visites d’amis et de membres de la famille peu fréquentes) présentaient un risque particulièrement plus élevé de décéder d’une maladie cardiaque : +77 % ! », s’exclame le docteur.
« Les mécanismes par lesquels les composantes du lien social sont associées à la mortalité ne sont pas clairs et peuvent varier selon la composante ou selon la mesure utilisée, mais on pense qu’ils sont médiés de manière directe (par exemple, via l’altération de la pression artérielle, une fonction immunitaire plus faible, des troubles du développement neurologique) et des effets indirects (par exemple via une santé mentale plus fragile ou un mal-être, une activité physique moindre ou une consommation plus élevée de tabac et d’alcool) », écrivent les chercheurs dans l’étude.
Les effets d’une interaction sociale positive annulés
De plus, l’addition de plusieurs composantes, comme le fait de recevoir peu ou pas de visite et ne pas être capable de se confier, annule les effets d’une interaction sociale positive. En d’autres termes, une personne ayant un grand sentiment de solitude combiné avec un isolement social ne percevra pas forcément les effets bénéfiques d’une visite ou d’une activité de groupe. « Notre étude porte sur plusieurs dimensions du lien social et a révélé que la combinaison de différentes dimensions pouvait affecter le risque de décès prématuré bien plus qu’on ne le pensait auparavant. Cela signifie que, lorsque nous nous attaquons à des problèmes tels que la solitude et l’isolement social, nous devons évaluer ces différentes dimensions à la fois séparément et en combinaison si nous voulons identifier et soutenir les personnes les plus isolées de la société », affirme le docteur Foster dans un communiqué.
Il est important de noter que cette étude se base sur des données non représentatives de la population du Royaume-Uni, ce qui implique un risque de biais sélectif dans les résultats. De même que des conclusions et observations généralisées ont été adoptées pour permettre de délivrer des chiffres. Les auteurs exposent également un risque de mauvaise catégorisation dû notamment aux questionnaires et analyses statistiques.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press