Abidjan s’attaque à l’assainissement, un chantier urgent

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Abidjan s’attaque à l’assainissement, un chantier urgent
Abidjan s’attaque à l’assainissement, un chantier urgent

Baudelaire Mieu – À Abidjan

Africa-Press – Côte d’Ivoire. La quasi-totalité des déchets, des boues et des eaux usées, y compris celles des toilettes, continuent de ruisseler dans la lagune Ébrié de la capitale économique ivoirienne. Une aberration pour une métropole du XXIe siècle. Mais la situation pourrait rapidement s’améliorer.

À Abidjan, l’assainissement est une priorité et même une urgence. Dans certains quartiers, les canaux d’évacuation des eaux usées existants sont délabrés, souvent bouchés par la boue et les immondices, alors que les rejets industriels et les ordures, provenant des décharges improvisées, finissent dans la lagune Ébrié. Et si la filière de gestion des déchets est désormais assez bien intégrée dans les différentes communes, quelque 75 000 tonnes de déchets plastiques se déversent encore chaque année dans la lagune, principale étendue d’eau de l’agglomération.

Selon l’Office national de l’assainissement et du drainage (Onad), plus de 60 % des 6 millions d’habitants du district ne sont toujours pas connectés à un système de drainage des eaux ou au tout-à-l’égout. Ce qui révèle un énorme déficit d’infrastructures en la matière, même s’il est légèrement moins lourd que la moyenne observée en Afrique subsaharienne, où 67,8 % de la population n’a pas accès à un système d’assainissement.

Plusieurs projets en cours

Les retards accusés par la métropole en matière d’accès aux infrastructures d’assainissement restent un problème majeur pour son développement, tant sur le plan sanitaire (maladies), que sur le plan sécuritaire (inondations récurrentes). Et que dire de son image, évidemment souillée par les ordures dérivant dans ses eaux polluées, d’où émanent des odeurs nauséabondes…

Excédé par cette situation, le président Alassane Ouattara a convoqué il y a quelques mois une réunion d’urgence pour que ce lourd dossier soit enfin, et d’urgence, pris en main. Le sujet a été abordé en plein conseil des ministres, pour mobiliser le gouvernement et donner un coup d’accélérateur au développement de ces infrastructures essentielles, ainsi qu’aux chantiers de rénovation et d’extension des réseaux de drainage.

« Nous sommes conscients de la situation et nous nous attelons à régler cette urgence », assure Bouaké Fofana, le ministre de l’Assainissement, de l’Hydraulique et de la Salubrité. En juin, il a d’ailleurs réceptionné la station de prétraitement des eaux usées de Koumassi-Digue, dans le sud d’Abidjan. Financé par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur d’environ 30 milliards de francs CFA, l’ouvrage doit permettre de gérer les eaux usées d’environ 900 000 Abidjanais.

Par ailleurs, ces dernières années, l’État a déjà investi plus de 55 milliards de francs CFA (près de 84 millions d’euros) pour la réalisation d’un système de canalisations de 32 kilomètres de long à travers les communes de Cocody, de Yopougon et de Treichville.

Un autre grand projet, le plus emblématique, porte sur la gestion du bassin versant du Gourou, qui englobe les communes d’Abobo, d’Adjamé, de Cocody et du Plateau. Grâce à des partenaires institutionnels, plus de 245 milliards de francs CFA ont déjà été mobilisés pour réguler l’évacuation des eaux et la gestion du carrefour de l’Indénié. Une autre composante de ce projet concerne la réalisation d’une station de traitement des eaux usées dans le cadre du projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody et de la lagune Ébrié (PABC). La construction de plusieurs stations d’épuration et la réhabilitation de celles existantes sont également prévues.

Un vaste réseau déployé par la Sodeci

Plusieurs chantiers ont également été engagés pour améliorer le réseau de drainage. En juillet dernier, la société Kamal s’est ainsi vue confiée le curage du grand caniveau à ciel ouvert qui relie la commune d’Abobo à la lagune du côté de la corniche de Cocody, en passant par Adjamé. Une première depuis des décennies. L’opération a permis d’enlever des centaines de tonnes de boues et d’ordures pour faciliter l’écoulement des eaux et, accessoirement, de régler, pour un temps au moins, le problème des mauvaises odeurs. Les ménages « impactés » par les travaux ont été dédommagés dès le mois de septembre.

D’autres initiatives sont portées par le secteur privé, notamment par la Société de distribution d’eau en Côte d’ivoire (Sodeci), filiale du groupe français Eranov, qui a le monopole du contrat d’affermage de l’eau dans le pays. Ce projet vient en appui au Projet d’assainissement et d’amélioration du cadre de vie des populations du district d’Abidjan (PAACA), qui s’articule autour de la construction d’un réseau de canalisations de plus de 2 030 kilomètres (pour collecter les effluents), de 150 stations de pompage et d’une douzaine de dépôts de boues de vidange – une technique plus moderne sera utilisée pour trier et traiter les matières fécales. Un schéma que la Sodeci promet de déployer d’ici à 2030, avec pour objectif de raccorder 2,7 millions d’habitants supplémentaires et de prévenir toute nouvelle inondation meurtrière.

Source: JeuneAfrique

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