Luc-Roland Kouassi – à Abidjan
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Hébergement, transports, restauration, artisanat… Alors que le pays s’apprête à recevoir la Coupe d’Afrique des nations, de nombreux secteurs espèrent tirer profit du lot de visiteurs drainés par la compétition.
Environ 1,5 million. C’est le nombre de visiteurs étrangers que les Ivoiriens s’apprêtent à accueillir pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui démarre le 13 janvier. Sans compter les nombreuses délégations, les joueurs, les staffs ou encore les journalistes – la Confédération africaine de football (CAF) a ainsi indiqué avoir reçu un nombre record de 5 000 demandes d’accréditation. Tout un petit monde qu’il va falloir nourrir, loger, transporter et divertir. Et autant de perspectives de bonnes affaires pour les commerçants du pays hôte.
Comme à chaque CAN, les établissements ont flairé le bon filon et ont commencé à augmenter leurs tarifs. Une simulation sur un site de réservation indique par exemple qu’une semaine dans l’un des hôtels haut de gamme du Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan, tourne autour de 3 000 euros du 13 au 20 janvier, mais descend à moins de 1 700 euros en avril.
Les offres touristiques se sont également multipliées en prévision de la compétition. « Nous voulons que la CAN soit l’ouverture d’un marché du tourisme en Côte d’Ivoire », espère Borjo Koné, directrice de l’agence de voyages et tourisme Loisirs Ivoire.
À son panel d’offres standard, Loisirs Ivoire a ajouté pour l’occasion des formules spéciales CAN, destinées à faire découvrir les cinq villes hôtes et leurs alentours: Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, San Pedro et Korhogo. Des formules « tout en un » qui comprennent l’hébergement, le transport, les activités touristiques et, bien sûr, des tickets pour les matchs moyennant une belle somme: un à trois millions de francs CFA par personne, soit 1 500 à 4 500 euros, et jusqu’à plus de 15 millions de francs CFA pour les formules VIP, soit près de 23 000 euros.
Doubler les prix
De quoi se constituer de belles marges pour les tour-operators et attirer des promoteurs de tout poil. Franck N’Tah, créateur de contenus voyage et guide touristique depuis 2021, met en garde les touristes contre les risques d’arnaque. « Il faut que les autorités prennent des mesures pour avoir des guides touristiques et des opérateurs certifiés pour faire découvrir la Côte d’Ivoire, préconise-t-il. Chaque jour, de nouvelles pages proposant des circuits touristiques émergent sur les réseaux sociaux. Cela commence à partir dans tous les sens. »
Autre chaînon clé de l’écosystème touristique: les transports. Des compagnies de bus relient les grandes villes de la Côte d’Ivoire, mais les touristes étrangers leur préfèrent en général les voitures privées avec chauffeur, avec une offre personnalisée et plus confortable. Des particuliers ont déjà commencé à mettre leurs véhicules à la disposition de certains tour-operators. Le coût habituel d’une location de voiture standard pour une journée va de 25 000 à 50 000 francs CFA, voire plus pour des voitures de luxe. Mais certains propriétaires de véhicules de location admettent déjà qu’ils vont doubler leurs prix pendant la CAN.
Le milieu de la restauration se prépare aussi. Les restaurants huppés, mais aussi les maquis et les vendeurs de street food. Alloco, attiéké, poulet braisé, garba, pain « bro » (brochettes)… Autant d’incontournables de la gastronomie populaire ivoirienne, qui devraient séduire plus d’un amateur de football les soirs de matchs de la CAN. « Nous allons bien sûr augmenter nos quantités pour nourrir nos invités avec des menus de chez nous », s’enthousiasme « Tantie » Marie, restauratrice à l’allocodrome de Cocody.
Promotion du potentiel ivoirien
Les vendeurs de goodies et d’artisanat, qui serviront à soutenir son équipe ou à ramener des souvenirs de Côte d’Ivoire, sont également prêts à séduire de nombreux clients. La société de pagnes Uniwax va ainsi lancer un tissu dédié à cette CAN 2023. Victoire Gondo, jeune styliste ivoirienne et fondatrice de la marque de vêtements Garanké, promet aussi une collection spéciale, avec des pièces aux couleurs des principales équipes en lice. « J’ai prévu une vingtaine de pièces inédites qui représenteront la diversité des différents pays qualifiés pour la CAN », explique-t-elle.
Pour les touristes qui n’ont pas la chance d’avoir des guides sur place, difficile de s’y retrouver dans cette offre pléthorique. Un développeur ivoirien, Elder Akpa, a donc entrepris de lancer une application dédiée, Afrik’CAN, destinée à faire la promotion du potentiel touristique de la Côte d’Ivoire.
« Je veux créer l’engouement avant, pendant et même après la CAN, explique-t-il. L’application sera pourvue d’un tchat où les Ivoiriens pourront échanger avec les futurs touristes étrangers, donner des conseils et des bons plans sur la culture, le tourisme, la langue nouchi et les services. » Car au-delà des opportunités économiques, la CAN réserve aussi un potentiel de soft power, grâce auquel les acteurs du tourisme ivoirien espèrent bien donner une attractivité nouvelle à leur pays.
Source: JeuneAfrique
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