Présidentielle en Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, toujours inéligible et officiellement candidat

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Présidentielle en Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, toujours inéligible et officiellement candidat
Présidentielle en Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, toujours inéligible et officiellement candidat

Aïssatou Diallo – à Abidjan

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Chers amis, une fois encore, j’accepte d’être votre candidat. J’accepte d’être votre candidat pour aller à la bataille », déclare d’emblée Laurent Gbagbo, 78 ans. L’ancien président ivoirien a été officiellement investi candidat à la présidentielle d’octobre 2025 ce 10 mai, lors de la convention du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), à Abidjan. Il avait déjà dévoilé ses intentions lors d’une rencontre avec les militants à Agboville, le 6 avril.

Plusieurs centaines d’entre eux ont fait le déplacement depuis différentes régions du pays. Et c’est un Laurent Gbagbo très en forme qui a décliné son programme pendant près d’une heure, tout en lançant des piques au pouvoir, parfois avec humour. « Le premier engagement que je peux prendre devant vous, c’est de ne faire qu’un seul mandat pour fixer les clous », a-t-il lancé, sous un tonnerre d’applaudissements des participants. « On a installé Gbagbo ! », « Gbagbo président ! », ont scandé ces derniers.

Grâce présidentielle

Laurent Gbagbo s’est également engagé à faire la lumière sur les différentes crises que le pays a traversées, afin de « réconcilier les ivoiriens ». Il a dit souhaiter « remplacer la Commission électorale indépendante », dont l’idée a, selon lui, été « travestie ». « Donnez-moi le pouvoir pour que je vous le donne ! » a-t-il insisté. Plus tôt dans la soirée, Justin Katinan Koné, le président du conseil stratégique et politique du PPA-CI, avait décliné les dix points essentiels du programme du candidat, à savoir l’éducation, la santé, le chômage, l’indépendance de la justice, ou encore la dette.

Mais, au cours de la soirée, un sujet pourtant crucial n’a pas été abordé: la question de l’éligibilité de Laurent Gbagbo. Bien qu’acquitté le 31 mars 2021 par la Cour pénale internationale, qui le poursuivait pour crimes contre l’humanité lors de la crise post-électorale de 2010-2011, le candidat du PPA-CI reste sous le coup d’une condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du casse de la BCEAO. Le 6 août 2022, à la veille de la célébration de la fête de l’indépendance, Alassane Ouattara avait annoncé qu’il accordait une grâce présidentielle à son prédécesseur. Mais cette mesure ne lui permettait pas pour autant de se réinscrire sur les listes électorales.

Réinscription sur les listes électorales

Lors des élections locales du 2 septembre dernier, Laurent Gbagbo a formulé un recours devant la Commission électorale indépendante. Il a alors réfuté toutes les accusations portées contre lui, sans succès. Pour les militants du PPA-CI, la réinscription de leur mentor sur les listes électorales reste essentielle. Ils mettent en avant la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui leur a donné raison en 2020. Plusieurs cadres du parti plaident désormais pour une solution politique et espèrent une amnistie.

Interrogé à l’issue d’un conseil des ministres le 17 avril sur le cas Gbagbo, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, avait répondu: « C’est une question de justice. Nous sommes dans un pays de droit ». Le secrétaire exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir), Ibrahim Cissé Bacongo, avait quant à lui rappelé l’inéligibilité de Gbagbo.

La gauche ivoirienne divisée

Alors que les élections locales devaient marquer le grand retour de l’ex-président avec la première participation de sa nouvelle formation politique, celle-ci a engrangé un faible score: deux communes sur 201, et aucune région sur 31. Le parti, qui a depuis été réorganisé, mise donc sur l’aura de son leader pour conquérir le pouvoir, tandis que la gauche ivoirienne est divisée.

Après son retour en Côte d’Ivoire en juin 2021, Gbagbo avait laissé le Front populaire ivoirien (FPI) aux mains de Pascal Affi N’Guessan et l’ancienne première dame, Simone Gbagbo, avait lancé son propre parti, le Mouvement des générations capables (MGC). Charles Blé Goudé fait quant à lui cavalier seul avec le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep).

D’ici à la présidentielle de 2025, Laurent Gbagbo a annoncé une tournée « à travers la Côte d’Ivoire », qui débutera le 14 juillet à Bonoua. Une date et un lieu symboliques: c’est là que le FPI avait tenu son premier meeting en 1990, après l’avènement du multipartisme.

Source: JeuneAfrique

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