Africa-Press – Côte d’Ivoire. Ah ! Si la météorite de Lafayette pouvait parler, elle nous raconterait… des histoires d’eau. Sur Mars. Cette grosse caillasse sombre, d’environ 800 grammes, a été au contact d’eau liquide sur la planète Rouge il y a 742 millions d’années, selon une étude publiée dans Geochemical Perspectives Letters. Un résultat surprenant car à l’époque, il faisait bien trop froid sur Mars pour y trouver des lacs ou des rivières. Cette météorite étudiée régulièrement depuis plus de trente ans n’en finit donc pas de surprendre.
Une roche arrachée à la planète Mars lors d’un impact
L’histoire mouvementé de la météorite de Lafayette commence il y a 11 millions d’années, lorsqu’elle est arrachée à Mars par l’impact d’un astéroïde. « Nous le savons parce qu’une fois éjectée de Mars, la météorite a été bombardée par des particules de rayons cosmiques dans l’espace, ce qui a provoqué la production de certains isotopes sur Lafayette », explique Melissa Tremblay, professeure à l’Université Purdue, auteure principale de cette publication. « De nombreuses météorites sont produits par des impacts sur Mars […], mais seule une poignée d’entre eux finissent par retomber sur Terre ».
Ce fut donc le cas de cette météorite, même si l’on ignore la date précise de son arrivée chez nous. Le trajet qui l’a menée de son lieu de chute jusqu’au fond d’un tiroir de l’Université de Purdue, dans la ville de West Lafayette (d’où son nom) aux Etats-Unis en 1931, reste méconnu. Quoiqu’il en soit, elle a subi depuis pas mal d’examens…
Exclure une contamination terrestre
Dans les années 1990, on y découvre de l’iddingsite, un ensemble de minéraux qui se forment lorsque de l’olivine, un silicate présent dans la météorite, est hydratée.
C’est le premier indice d’un contact entre l’eau et la météorite. Mais à l’époque, il est impossible d’exclure une contamination terrestre. D’autres examens ont montré par la suite que l’eau ayant altéré la météorite était probablement d’origine martienne, grâce à la composition isotopique d’hydrogène dans les inclusions minérales.
Le rapport deutérium/hydrogène signe l’origine de l’eau, celui-ci étant bien plus élevé sur Mars que dans les océans terrestres (le deutérium est un isotope de l’hydrogène, son noyau contient un neutron et un proton tandis que le noyau d’hydrogène ne contient qu’un proton). Il restait à déterminer précisément l’époque de la contamination. C’est ce que vient de faire l’équipe de l’Université de Purdue.
Une fonte temporaire du pergélisol martien
Pour cela, ils ont utilisé une méthode de datation reposant sur le fait que potassium-40 (isotope du potassium) présent dans la météorite se décompose au fil du temps en argon-40. Plus une météorite est ancienne, et plus elle accumule d’argon-40 au fil du temps.
En jouant avec les différents isotopes du potassium et de l’argon, les chercheurs sont parvenus à estimer le stock de potassium-40 et d’argon-40, et aboutir à cette date de 742 millions d’années.
Il reste à expliquer comment la météorite a pu être au contact d’eau liquide à cette époque. Melissa Tremblay et son équipe font une hypothèse: « Nous ne pensons pas qu’il y avait de l’eau liquide en abondance à la surface de Mars à cette époque. Nous estimons plutôt que l’eau provenait de la fonte de la glace souterraine voisine appelée pergélisol, et que la fonte du pergélisol a été causée par une activité magmatique qui se produit encore périodiquement sur Mars de nos jours ».
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