En Côte d’Ivoire, le PDCI sauve sa convention, pas encore son président

9
En Côte d’Ivoire, le PDCI sauve sa convention, pas encore son président
En Côte d’Ivoire, le PDCI sauve sa convention, pas encore son président

Alain Aka
et Aïssatou Diallo

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Tidjane Thiam a remporté une première victoire contre Valérie Yapo devant le tribunal d’Abidjan, mais le soulagement pourrait n’être que temporaire pour le président du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, dont les adversaires contestent toujours la légitimité et la nationalité. Prochain grand test: le 24 avril.

« La juge a reculé grâce à votre détermination. Elle a reculé parce que les Ivoiriens sont prêts. Celui qui va essayer va trouver la Côte d’Ivoire sur son chemin ! » Ce jeudi 11 avril, face aux militants regroupés à quelques pas du palais du Palais de justice, Simon Doho, le président du groupe parlementaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), savoure la victoire. Quelques minutes plus tôt, la juge des référés du Tribunal de première instance d’Abidjan s’est déclarée incompétente pour trancher le litige opposant Valérie Yapo au chef du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, qui a célébré son 79e anniversaire le 9 avril dernier.

La plaignante, qui contestait sa suspension du PDCI, demandait la suspension de Tidjane Thiam et de tous les organes qu’il a mis en place depuis son élection, ainsi que la nomination d’un administrateur provisoire – la requête menaçait de paralyser le parti à quelques jours de sa convention prévue le 16 avril. C’est ce jour-là que le parti choisira son candidat pour l’élection présidentielle d’octobre prochain.

Dans un geste d’apaisement, le PDCI avait annoncé, le 26 mars, l’annulation de toutes les sanctions décidées contre ses militants. « Le président Tidjane Thiam, depuis son élection le 22 octobre 2023, prône le rassemblement de tous les militants, gage de notre succès d’où son slogan ‘Tous ensemble’ », expliquait un communiqué signé par le porte-parole du parti, Soumaïla Bredoumy Kouassi. Mais Valérie Yapo avait maintenu son action en justice, transformant une simple affaire disciplinaire en véritable bras de fer qui a posé la question de la légitimité même de Tidjane Thiam à la tête du parti.

Sans Thiam, ni Billon, les spéculations vont bon train

Est-ce un signe du malaise ambiant ? Un bureau politique du PDCI s’est réuni le 5 avril à Yamoussoukro: c’était le premier organisé sous la présidence de Tidjane Thiam, mais il s’est finalement déroulé sans l’intéressé ni son principal opposant en interne, Jean-Louis Billon.

Cette double absence a alimenté les spéculations et, dans un post diffusé le 9 avril depuis Paris, le chef du PDCI a tenté d’y mettre un terme. « Ma philosophie, c’est vraiment le travail en équipe. Ce que je fais depuis 15 mois que j’ai été élu, c’est bâtir une équipe solide, solidaire, s’est-il justifié. Je n’ai pas pu, pour des raisons diverses, me rendre à Yamoussoukro ce jour-là, mais tout s’est très bien passé. » Il a également mis en avant ses obligations hors de la Côte d’Ivoire: « Il y a un travail d’explication et de lobbying à mener à l’extérieur, auprès des décideurs, auprès des leaders politiques, auprès des médias, qui est très important et dans lequel je suis pleinement engagé », a-t-il ajouté.

Un calendrier précipité ?

Malgré les turbulences, le bureau politique du 5 avril a fixé la convention du parti au 16 avril, avec un dépôt des candidatures du 8 au 10 avril. Un calendrier qualifié de « précipité » par plusieurs cadres du parti. Le 10 avril, date limite pour le dépôt des dossiers, seul Tidjane Thiam avait soumis sa candidature par l’intermédiaire de son directeur de cabinet, Alain Cocauthrey. « Le dossier était complet, il a été reçu, on nous a délivré la fiche de réception et nous attendons donc la publication de la liste des candidats pour nous préparer à aller aux élections du 16 avril », a déclaré ce dernier.

Dans le caveau familial de Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, il y a la tombe de la grand-mère de Tidjane Thiam et celle de sa mère. Est-ce que quelqu’un de sérieux peut dire qu’il n’est pas Ivoirien ?

Sauf que le même 10 avril, la justice ivoirienne refusait de délivrer un certificat de nationalité à Tidjane Thiam. Dans son ordonnance, la présidente du tribunal, Aminata Touré, justifiait: « Il est constant que la nationalité ivoirienne de M. Tidjane Thiam est contestée devant le tribunal par une action tendant à faire constater la perte de sa nationalité ».

Cette question, particulièrement sensible dans le contexte politique ivoirien, pourrait constituer un obstacle majeur pour les ambitions présidentielles de Tidjane Thiam, même si ce dernier a tenu à préciser qu’il était bien « en possession de [son] passeport ivoirien. »

« 150 requêtes pour dire qu’il n’est pas ivoirien »

Malgré la victoire obtenue le 11 avril, le véritable test aura lieu le 24 avril pour Tidjane Thiam. À cette date, le tribunal se penchera sur la légalité même de son élection à la tête du PDCI en octobre 2023. Si les magistrats venaient à l’invalider, le coup pourrait être fatal pour l’ancien directeur du Credit Suisse.

Autre point d’interrogation: la Commission électorale indépendante (CEI) a reçu des requêtes dans le but d’obtenir sa radiation de la liste électorale. « Le président de notre parti fait l’objet de 150 requêtes demandant sa radiation. Ces requêtes, c’est pour dire qu’il n’est pas ivoirien », a confirmé le porte-parole du PDCI lors d’une conférence de presse, le 10 avril. « Mais cela n’est pas prouvé juridiquement. Il n’y a que le procureur de la République qui puisse statuer sur le fait de déchoir un Ivoirien de sa nationalité », a-t-il ajouté, en précisant que le parti n’avait pas « de plan B » pour la présidentielle.

Au total, la CEI a reçu 11 415 réclamations dont 1 567 pour radiation. Les contentieux seront examinés du 14 au 20 avril, avant l’affichage des listes. S’il venait à être radié, Tidjane Thiam pourrait encore saisir la justice, avant la publication de la liste définitive, le 20 juin. Une chose est sûre: une éventuelle absence de la liste électorale consacrerait son inéligibilité.

Un scénario que refuse d’envisager les caciques du PDCI. Auprès des militants réunis ce 11 avril au Plateau, Simon Doho a insisté: « Dans le caveau familial de Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, il y a la tombe de la grand-mère de Tidjane Thiam et celle de sa mère. Est-ce que quelqu’un de sérieux peut dire qu’il n’est pas Ivoirien ? »

Source: JeuneAfrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here