Pour continuer à travailler en Afrique, l’AFD a un plan

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Pour continuer à travailler en Afrique, l’AFD a un plan
Pour continuer à travailler en Afrique, l’AFD a un plan

Thaïs Brouck

Africa-Press – Djibouti. Hausse des tarifs, partenariats avec les fonds du Proche-Orient, projets bancables… La baisse des crédits de l’État oblige l’Agence française de développement à réorienter sa stratégie.

Jusqu’ici tout va bien. Alors que ces derniers mois, les relations entre l’Afrique et la France ont été marquées par les tensions avec l’Alliance des États du Sahel et le retrait des troupes basées au Sénégal, au Tchad et en Côte d’Ivoire, l’activité africaine du groupe Agence française de développement (AFD) a bien résisté. Elle est même en progression de 10% sur un an à 5,5 milliards d’euros, dont 1 milliard pour Proparco et 350 millions d’euros pour Expertise France.

« L’année 2024 a également été marquée par le plus gros prêt souverain ainsi que le plus gros prêt non souverain de l’histoire de l’AFD », s’est réjoui Rémy Rioux, le 23 janvier, lors d’une cérémonie à l’occasion de la présentation de l’ouvrage collectif L’économie Africaine 2025. Le directeur général du groupe fait référence au prêt de 400 millions d’euros accordé à l’Afrique du Sud pour la mise en œuvre de son plan de transition énergétique ainsi qu’à celui de 350 millions d’euros obtenus par OCP pour soutenir le développement de l’hydrogène et de l’ammoniac verts.

Dotation divisée par deux

Mais les voyants pourraient rapidement passer au rouge. Alors que la dette publique de l’État français atteint des sommets, 113,7% du PIB, soit plus de 3 300 milliards d’euros, le budget 2025 de l’Hexagone prévoit la baisse d’un tiers des crédits consacrés à l’aide au développement. Pour l’AFD, la dotation annuelle de l’État – environ 2 milliards d’euros en 2024 – devrait baisser de moitié.

« Ce sont ces crédits qui nous permettent de faire des dons et de baisser les taux de nos prêts », rappelle Rémy Rioux. Pour le reste, l’AFD mobilise environ un milliard auprès de partenaires, principalement l’Union européenne, et emprunte quelque 10 milliards d’euros par an sur les marchés. « Le spread de la France, notre actionnaire unique, a augmenté. Cela nous coûte donc plus cher de nous refinancer et cela aura un impact sur nos clients », détaille le directeur général.

L’AFD doit donc s’adapter. D’une part, les prêts de l’AFD vont se concentrer vers des secteurs considérés comme rentables. Pour résumer, l’institution signera moins de projets sociaux ou culturels mais plus en lien avec la transition énergétique par exemple. D’autre part, ces projets seront essentiellement – si ce n’est exclusivement – dirigés vers des pays qui peuvent emprunter sur le marché obligataire international. Ce n’est le cas que d’une vingtaine d’économies du continent.

Coopération avec le Qatar

L’institution ne tourne néanmoins pas le dos aux pays les plus vulnérables et s’est fixée l’objectif de leur réserver 50% des dons de l’État français. Par ailleurs, l’AFD ambitionne de devenir une « plateforme de mobilisation ». « Nous allons multiplier les partenariats avec les fonds d’investissements et les fondations philanthropiques », explique Papa Amadou Sarr à Jeune Afrique. Et la priorité du directeur exécutif Mobilisation, partenariats et communication à l’AFD ce sont les fonds et institutions basés au Proche-Orient: Fonds arabe de Développement économique et social, Fonds saoudien pour le développement (FSD), Fonds de l’Opep pour le développement international, Banque islamique de développement, etc.

À ce titre, l’AFD et le Fonds du Qatar pour le développement ont signé un accord de coopération en marge de la visite de l’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, en mars 2024. « Cela n’a rien à voir avec la politique. Nous allons chercher l’argent là où il est. Et ces fonds bénéficient de notre expertise sur le terrain », indique Papa Amadou Sarr. Grâce à cet accord, l’AFD va pouvoir travailler dans la bande de Gaza, alors que l’autorité palestinienne n’est pas éligible à un prêt souverain.

Toujours dans la même veine, l’AFD aimerait approfondir et répliquer la collaboration que l’AFD mène avec la fondation Bill et Melinda Gates depuis 2023. Contre vents et marées, le bras armé de la France dans la mise en œuvre de sa politique de développement essaye de compenser le relatif désengagement de l’État en faveur de l’aide au développement.

Source: JeuneAfrique

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