Africa-Press – Djibouti. Hier lundi 21 avril 2025, à neuf heures précises, la Bibliothèque nationale de Djibouti a prêté son écrin majestueux à l’ouverture de la troisième édition du Salon du Livre de Djibouti (SLD), un événement devenu, en quelques années seulement, l’un des rendez-vous incontournables de la scène littéraire et culturelle de la Corne de l’Afrique. C’est Son Excellence, Dr. Hibo Moumin Assoweh, Ministre de la Jeunesse et de la Culture, qui a eu l’honneur de présider cette cérémonie inaugurale, devant une assemblée composée d’écrivains, d’artistes, de diplomates, de chercheurs et de nombreux amoureux du livre.
Placée sous le thème évocateur de « La solidarité autour du livre et de la lecture » et guidée par le fil conducteur « Le patrimoine culturel en général, le patrimoine oral et théâtral en particulier », cette édition 2025 du SLD témoigne d’une volonté renouvelée de faire du livre un vecteur de cohésion, de mémoire et de résilience collective. L’invitation d’honneur adressée à la Palestine, nation dont la littérature et le théâtre incarnent une forme d’art résistant et engagé, en dit long sur la portée symbolique et politique de cette rencontre.
Dès 8h30, les invités, parmi lesquels de hautes autorités locales et internationales, affluaient dans les allées de la Bibliothèque nationale. À 9h00, la ministre Hibo Moumin Assoweh, dans une allocution vibrante, a salué l’ampleur prise par ce Salon au fil des éditions, rappelant l’importance de la lecture comme instrument d’émancipation individuelle et collective, et soulignant que « la solidarité culturelle est, aujourd’hui plus que jamais, une nécessité face aux menaces globales d’oubli, de fragmentation et d’uniformisation ». Elle a ensuite procédé à une remise symbolique d’ouvrages, avant de visiter les nombreux stands abritant maisons d’édition, associations, institutions partenaires et librairies.
Un programme d’ouverture foisonnant
À 10h30, la conférence inaugurale intitulée « La place du théâtre dans l’éveil social » a réuni, sous la modération du Dr Chehem Watta, un aréopage de figures marquantes de la scène théâtrale djiboutienne et internationale: Dr Fatouma Mahamoud, Aïcha Mohamed Robleh, Maïdoub Ahmed Mohamed, le dramaturge palestinien Fathi Abdel Rahma, et l’expert ALECSO Dr Habibi Ahmedou. Ensemble, ils ont mis en lumière le rôle du théâtre comme instrument de conscience et de transformation sociale, évoquant l’importance de la scène comme miroir des tensions et des aspirations contemporaines. L’après-midi a marqué le début de la formation de trois jours sur les industries culturelles, animée par Mme Mané Touré, figure de proue dans la professionnalisation du secteur culturel africain. Cette formation, accueillie à la Bibliothèque nationale, entend offrir aux jeunes créateurs et producteurs culturels les outils nécessaires pour structurer leurs projets dans un écosystème encore émergent.
Une soirée d’art et d’engagement
À la tombée du jour, le public a été convié à un moment de théâtre intense et engagé avec la représentation de « Folle de Paix », pièce interprétée par la troupe ZinZins. Dans une mise en scène à la fois poétique et percutante, les comédiens ont exploré les frontières troubles entre guerre et paix, folie et lucidité, dans une œuvre qui a conquis l’auditoire par sa sincérité et sa force expressive.
Une édition placée sous le sceau du patrimoine et de la transmission
Outre la richesse des débats, le Salon propose également, durant les quatre jours, un programme dense incluant expositions, lectures publiques, panels multilingues, animations jeunesse, représentations théâtrales et restitutions d’études. À noter que le prix du Salon du Livre sera décerné en clôture à l’auteur djiboutien de l’année, tandis que la restitution d’une étude UNESCO sur le livre et l’édition à Djibouti nourrira la réflexion autour des défis structurels du secteur.
L’engagement du Ministère de la Jeunesse et de la Culture, à travers l’Agence nationale de promotion culturelle (ANPC), a permis de fédérer une diversité de partenaires – institutions internationales telles que l’UNESCO, l’ALECSO, l’OIF, l’Institut français de Djibouti ; associations locales et internationales ; maisons d’édition et mécènes privés – dans un élan commun en faveur de la lecture, de la création et de la transmission du patrimoine. En rendant hommage à la Palestine et en célébrant la diversité des voix culturelles djiboutiennes, la troisième édition du Salon du Livre de Djibouti s’impose comme un acte de foi dans la puissance des mots, des récits et des héritages. Une invitation à lire, à écouter, à se souvenir, et à rêver ensemble. Car, comme le rappelait l’un des intervenants du jour, « la culture ne divise pas: elle relie, elle révèle, elle répare ».
Côté organisation
Une dizaine de stands sont placés sur la grand hall pour accueillir les amoureux du livre qu’ils soient simples citoyens ou étrangers ainsi que les officielles qui supportent la culture.
Pour cet évènement sont mobilisés l’ensemble du personnel de la BAN (Bibliothèque et Archives nationales) des directeurs de départements jusqu’aux simples agents. Les cadres des différentes directions du Ministère de la Jeunesse et de la Culture sont venus eux aussi durant ces 4 jours sont mobilisés pour prêter main forte dans le Salon du Livre. Selon la directrice de l’insertion sociale des jeunes et du volontariat cette direction qui a 2 services un service pour les CDC et un service pour le volontariat, virgule pour le salon du livre pour le salon du livre ce sont ces services c’est le service volontariat qui est sollicité pour apporter appui au salon du livre. Par ailleurs, ces nouveaux programmes de volontariat au nouveau programme de volontariat fait l’objet d’une loi et l’objet du doigt qui est passé récemment au Parlement. En effet 30 volontaires composées de jeunes de 18 à 35 ans viennent porter main forte à l’organisation ou à la gestion du salon du livre. Pour le recrutement de ces jeunes volontaires une annonce a été passée sur Facebook du ministère au Facebook du ministère puis il y a eu une commission de sélection qui a respecté la parité genre la parité genre et en l’intégrant et en intégrant les jeunes à besoin spéciaux. Ces jeunes volontaires vont bénéficier d’une formation afin qu’on leur explique les tâches qu’il allait accomplir au salon du livre de Djibouti. Ils seront déployés durant les 4 jours où va se tenir ce salon du livre.
Les différents stands du salon du livre
Nous allons à présent découvrir les différents stands présents au Salon du livre. Nous commencerons par les trois stands des centres d’édition locaux, à savoir: Discorama, la Librairie et maison d’édition: Victor Hugo et les Éditions Deeqsan. Ce dernier, relativement jeune, a entamé ses activités l’an dernier en publiant quatre ouvrages. Cette année s’est révélée particulièrement féconde, avec environ quarante-sept titres édités.
En poursuivant notre déambulation dans le grand hall de la Bibliothèque nationale, nous découvrons une diversité de stands que nous allons à présent explorer plus en détail.
Stand 1: Badria Houssein Liban, artiste plasticienne
Le premier stand est occupé par Mme Badria Houssein Liban, artiste plasticienne renommée. Elle y expose ses propres gravures ainsi que des livres d’art réalisés entièrement de ses mains. En effet, Mme Badria conçoit ses œuvres de A à Z: du dessin initial jusqu’à la fabrication artisanale de ses livres, incluant l’impression, la reliure et l’encadrement.
Sa présence au Salon du Livre vise à mettre en lumière la richesse de la créativité djiboutienne dans le domaine des arts visuels. Interrogée sur son processus de création, elle nous a détaillé les étapes suivantes:
Réalisation d’un dessin au crayon, puis à l’encre de Chine. Transposition du dessin sur une plaque en bois ou en métal. Gravure de la plaque afin de conserver le motif.
Encrage et tirage de la gravure. Enfin, encadrement et exposition de l’œuvre au public.
Ce travail minutieux, véritable œuvre d’orfèvre, demande en moyenne trois à quatre semaines par pièce.
Stand 2: Institut Français de Djibouti (IFD)
Le stand suivant, situé à gauche à l’entrée, est celui de l’Institut Français de Djibouti. Nous y avons rencontré M. Éric Chevreul, son directeur, ainsi que M. Victor Bernard, directeur adjoint. Ils nous ont présenté les trois piliers fondamentaux sur lesquels repose l’action de l’Institut:
Le pilier linguistique, axé sur l’enseignement des langues. Le pilier culturel, qui valorise les arts vivants et les expressions artistiques. Le pilier documentaire, incarné par la médiathèque, l’un des lieux les plus fréquentés de l’IFD. M. Bernard a précisé que la médiathèque compte près de 1 000 abonnés, majoritairement des familles. Elle abrite un fonds de 15 000 documents, dont un précieux fonds local dédié à Djibouti, composé d’ouvrages rares, essentiellement consultables sur place. Un espace jeunesse enrichi de bandes dessinées, contes et mangas en langue française est également proposé, complété par une sélection en arabe et en anglais.
La participation de l’IFD au Salon s’inscrit dans une volonté de se rapprocher du public djiboutien, en valorisant la richesse de ses collections et la diversité des auteurs francophones. L’Institut a également initié la mise en place de « coins lecture » dans plusieurs régions du pays: Ali Sabieh, Obock, Tadjourah et Balbala, grâce à des partenariats locaux.
Stand 3: Association ALEAS (Écrivains et lecteurs d’Ali Sabieh)
Le troisième stand est celui de l’ALEAS (Association des écrivains et lecteurs d’Ali Sabieh), fondée le 15 janvier 2024 dans le quartier du Château d’Eau à Ali Sabieh. Cette association communautaire vise à promouvoir la lecture dans la région et à repérer de nouveaux talents littéraires.
Son siège est divisé en deux espaces: une librairie, où sont actuellement vendues les œuvres des écrivains originaires d’Ali Sabieh, avec l’ambition future d’élargir l’offre aux auteurs nationaux ; et une bibliothèque, en cours d’aménagement, qui dispose déjà d’un millier d’ouvrages.
L’association organise régulièrement des conférences littéraires avec la participation d’auteurs djiboutiens, comme récemment M. Abdo Maki, écrivain et vice-président du Conseil régional de Tadjourah. À terme, elle aspire à renforcer les échanges culturels entre le nord et le sud du pays. Son président nous a annoncé qu’un groupe d’écrivains d’Ali Sabieh se rendra prochainement à Tadjourah pour des séances de dédicaces, et qu’un mouvement inverse est prévu dans les mois à venir.
Stand 4: Librairie Noon – Nisreen, réfugiée yéménite
Le quatrième stand est tenu par Mme Nisreen, réfugiée yéménite et fondatrice de la librairie Noon. Ne parlant que peu le français, elle expose essentiellement des ouvrages en langue arabe. Elle nous a livré un témoignage émouvant: « L’idée de mon projet est née après la naissance de mon premier enfant. Je peinais alors à trouver des livres et des supports pédagogiques adaptés à son âge. C’est ainsi qu’est né Midi, un projet issu du cœur d’une mère, nourri par une passion pour la lecture et le désir de rendre le savoir accessible à chaque foyer et à chaque enfant. Noon n’est pas seulement une librairie, c’est un message d’éducation consciente et de réflexion. Je remercie tous ceux qui ont cru en moi, et particulièrement Dieu, qui m’a guidée et honorée de ce moment. Preuve que le livre ne connaît pas de frontières. »
Stand 5: Sovereign Carbon Agency
Le cinquième stand est celui de la Sovereign Carbon Agency, une institution encore méconnue du grand public, mais qui joue un rôle crucial dans la transition écologique de Djibouti. Créée en 2023 par décret présidentiel, cette agence œuvre en partenariat avec divers ministères, notamment celui de l’Environnement, pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Parmi ses réalisations notables, on peut citer:La plantation de 15 000 palétuviers dans les régions de Kor Hangar, Ras Godoria, Ali Duda, Musha et Maskali. L’implication des communautés locales à travers des postes d’éco-gardes. La lutte contre la pollution plastique, avec la distribution de 30 000 sacs en papier kraft dans les marchés.L’équipement d’une maternité à Hella en énergie solaire et en matériel médical.L’électrification solaire de 22 écoles rurales et la distribution de sacs à dos scolaires.
La participation de l’Agence au Salon vise à sensibiliser le public sur le lien entre culture et environnement, en promouvant la lecture comme vecteur de sensibilisation écologique. Elle propose d’ailleurs des livres gratuits aux visiteurs capables de répondre correctement à des quiz sur l’environnement, projetés sur écran interactif.
Mohamed Aden Djama
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