IA dans les universités africaines: avantages et défis

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IA dans les universités africaines: avantages et défis
IA dans les universités africaines: avantages et défis

Africa-Press – Djibouti. Alors que les établissements africains peinent encore à résorber l’écart de massification et de qualité dans l’enseignement supérieur, la révolution de l’IA arrive comme une promesse inédite. Mais cette vague d’innovation ne résout pas tous les défis structurels, loin de là.

Les élèves qui utilisent l’intelligence artificielle (IA) peuvent apprendre deux fois plus vite et améliorer de 20 à 38 % la qualité de leur orientation et affectation universitaires. C’est ce que montre le rapport « AI Revolution in Higher Education – What You Need to Know » publié en mai 2025 par la Banque mondiale. Certaines universités en Afrique, comme celles de Nairobi et du Cap, font déjà état de progrès notables.

Une expérimentation menée au Kenya a montré une amélioration de 0,53 écart-type dans les résultats en littératie et numératie, un gain exceptionnel pour le secteur éducatif. A l’Université du Cap, l’utilisation de chatbots IA en première année a permis de réduire le taux de décrochage de près de 15 % et d’améliorer la satisfaction des étudiants quant à l’usage des ressources pédagogiques numériques.

Des performances variables selon la qualité de l’intégration

Ces progrès ne sont pas systématiques. La Banque mondiale met en garde contre l’usage basique des outils IA. Une étude internationale sur des étudiants ayant testé différents types de tutorat GPT le montre clairement.

« Une intégration basique de GPT a permis une amélioration initiale des performances de 48 %, mais les élèves ont ensuite obtenu des résultats inférieurs de 17 % par rapport au groupe témoin lorsque le soutien de l’IA a été retiré. En revanche, un tuteur GPT conçu avec soin, incluant des mécanismes de soutien spécifiques à l’apprentissage, a entraîné une amélioration de 127 % des performances tout en limitant les effets négatifs liés à une dépendance excessive », révèle le rapport.

Inégalités d’accès et risques d’exclusion

L’extension de l’IA en Afrique rencontre encore de nombreux obstacles. En 2024, 38% de la population africaine avait accès à Internet. Le coût des équipements, la diversité linguistique et la formation insuffisante des enseignants constituent des obstacles majeurs à une adoption véritablement inclusive de l’IA.

Le rapport alerte également sur le risque d’aggraver les inégalités. Un système IA mal conçu ou surutilisé peut renforcer les biais sociaux, de genre ou territoriaux et écarter certains groupes de la réussite académique. Plusieurs études internationales mentionnées dans le rapport soulignent le risque de discrimination algorithmique et l’importance de réaliser des audits réguliers pour garantir l’équité des recommandations et des affectations.

Gouvernance et encadrement: la clé d’une IA bienfaisante

Face à ces défis, la Banque mondiale recommande de lier l’adoption de l’IA à des principes éthiques clairs, d’intensifier la formation des enseignants et de renforcer le pilotage humain. La mise en place d’audits réguliers pour contrer les biais, l’implication des étudiants dans la conception des outils, ainsi que des investissements dans les infrastructures et la connectivité sont considérés comme essentiels pour assurer une transformation équitable.

Le rapport insiste aussi sur le danger de nouvelles inégalités. Si les systèmes d’IA sont mal formés ou trop généraux, ils risquent de reproduire et d’accentuer les biais sociaux, de genre et territoriaux déjà présents dans le secteur éducatif.

La généralisation de l’IA dans l’enseignement supérieur africain pourrait révolutionner l’accès à l’éducation et à l’insertion professionnelle, à condition que la technologie reste au service de l’humain. Sans une conception réfléchie des systèmes, sans vigilance contre la dépendance et l’exclusion, et sans investissements dans les infrastructures et la formation, l’IA pourrait au contraire accentuer les divisions sociales, au lieu de les réduire.

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