Hypertension et diabète chez 16 % des enseignants à Djibouti

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Hypertension et diabète chez 16 % des enseignants à Djibouti
Hypertension et diabète chez 16 % des enseignants à Djibouti

Africa-Press – Djibouti. A Djibouti-ville, 16 % des enseignants de plus de 30 ans sont atteints d’hypertension ou de diabète, selon une étude inédite qui alerte sur les risques pesant sur cette profession clé pour le pays. Réalisée par le chercheur en santé publique Ahmed Hassan Djibril dans le cadre d’un doctorat, l’enquête met en évidence une forte vulnérabilité des enseignants face aux maladies chroniques, avec des disparités marquées entre hommes et femmes.

Menée auprès de 347 enseignants issus d’un échantillon communautaire plus large de 3 500 adultes, l’étude révèle que 16,4 % d’entre eux souffrent de maladies cardiométaboliques. « Ce n’est pas seulement un enjeu individuel, mais un déterminant du capital humain national », précise le chercheur, spécialiste des systèmes d’information en santé.

Loin d’être isolée, cette proportion élevée s’inscrit dans une tendance observée à l’échelle africaine, comme l’a montré une étude de Mbaye et al. (2021) sur les fonctionnaires au Sénégal.

Les enseignantes apparaissent particulièrement fragilisées. Surreprésentées dans l’échantillon (58 %), elles cumulent sédentarité et surpoids. Quatre femmes obèses ou en surpoids sur dix sont concernées par l’hypertension ou le diabète, contre seulement 6,7 % chez celles ayant un poids normal. Une tendance que l’auteur de l’étude relie à la « double journée »: travail en classe suivi des charges domestiques, réduisant drastiquement le temps disponible pour l’activité physique.

Chez les hommes, un autre facteur domine: la consommation de khat, plante stimulante profondément ancrée dans les pratiques sociales. L’étude établit un effet dose-réponse préoccupant: les consommateurs modérés (3 à 4 paquets par jour) voient leur risque de maladies métaboliques multiplié par six par rapport aux abstinents.

Autre résultat marquant: la prévalence plus forte des troubles cardiométaboliques chez les jeunes enseignants que chez leurs aînés. Une inversion de tendance qui, selon l’étude, reflète des comportements à risque accentués par les pressions professionnelles et l’évolution des habitudes sociales. « Les jeunes enseignants éprouvent plus de difficultés à contrôler leur temps de consommation et les quantités ingérées », souligne le chercheur.

Face à ce constat, l’étude met aussi en avant un facteur protecteur inattendu: le jeûne intermittent. Hors Ramadan, il reste pratiqué par une partie de la population. Selon les données recueillies, seuls 6 % des jeûneurs réguliers souffrent de maladies chroniques, contre 25 % chez les non-jeûneurs. « Le jeûne intermittent agit comme une médecine culturelle, en réactivant des mécanismes bénéfiques hérités d’une longue histoire nomade », insiste Ahmed Hassan Djibril.

Héritage spirituel et pratique ancestrale des sociétés pastorales, il permet au corps de retrouver des équilibres métaboliques adaptés à la frugalité et à l’effort, aujourd’hui contrariés par la sédentarité urbaine.

L’étude recommande de reconnaître la santé des enseignants comme une priorité nationale, au même titre que la formation ou les infrastructures scolaires. Elle préconise des programmes gratuits et ciblés d’activité physique pour les femmes, des campagnes de prévention sur le khat pour les hommes et la valorisation du jeûne intermittent comme pratique préventive.

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