Importance de la Stabilité de Madagascar pour l’UA

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Importance de la Stabilité de Madagascar pour l'UA
Importance de la Stabilité de Madagascar pour l'UA

Propos recueillis par AAD

Africa-Press – Djibouti. En mission à Madagascar depuis le 6 novembre, l’Envoyé spécial de l’Union africaine (UA), Amb. Mohamed Idriss Farah, conduit une série de consultations politiques destinées à relancer le dialogue entre les principaux acteurs de la crise. Cette mission s’inscrit dans le cadre des décisions adoptées par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA (CPS) lors de ses 1305e et 1306e réunions, tenues mi-octobre, pour appuyer la transition politique malgache.

Ancien ambassadeur de Djibouti à Addis-Abeba et ancien doyen du corps diplomatique auprès de l’Union africaine, l’Ambassadeur Mohamed Idris Farah a été rejoint à Antananarivo par une délégation de haut niveau conduite par M. Domitien Ndayizeye, ancien président du Burundi et Président du Panel des Sages de l’UA.

Au terme de plusieurs rencontres avec les autorités malgaches, les représentants des partis politiques, ainsi qu’avec les partenaires internationaux, l’Envoyé spécial de l’UA revient, pour l’ADI, sur l’état d’avancement des négociations et les perspectives d’une sortie de crise durable.

ADI: Monsieur l’Ambassadeur, vous avez conduit plusieurs consultations à Antananarivo avec les différentes parties prenantes. Où en sont aujourd’hui les discussions politiques à Madagascar, et quelle est la stratégie de l’Union africaine pour favoriser un dialogue véritablement inclusif entre les acteurs de la transition?
Amb Mohamed Idriss Farah: Merci d’abord à l’ADI de nous donner la parole. Notre mission s’inscrit dans une démarche d’écoute, de facilitation et d’accompagnement. L’Union africaine ne vient pas imposer des solutions toutes faites, mais encourager les acteurs malgaches à se parler, à se comprendre et à tracer ensemble la voie d’un consensus national.

Depuis une semaine, nous avons rencontré les principales parties prenantes: responsables politiques, représentants de la société civile, acteurs économiques, organisations de jeunesse et autorités de transition, notamment le président, le Premier ministre et la ministre des Affaires étrangères. Ces échanges, menés dans un esprit d’ouverture et de respect, ont été constructifs et empreints d’une réelle volonté d’apaisement.

Un point d’accord émerge clairement, notamment la nécessité d’un dialogue politique inclusif, ou ce que certains appellent déjà des assises nationales, devant rassembler toutes les composantes de la société malgache. Tous souhaitent que ce cadre de concertation se tienne dans les meilleurs délais, afin de créer les conditions d’une transition apaisée et légitime.

L’Union africaine soutient pleinement cette dynamique. Nous plaidons pour une approche graduelle, inclusive et souveraine, qui tienne compte de la diversité politique et sociale du pays. La stabilité durable de Madagascar dépendra avant tout de la capacité des Malgaches à bâtir un consensus fondé sur la confiance mutuelle et le sens de la responsabilité nationale.

ADI: La mission de l’Union africaine s’inscrit dans un cadre plus large de coordination avec la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), les Nations unies et d’autres partenaires. Comment l’UA articule-t-elle son rôle d’accompagnement avec ces autres acteurs, afin d’éviter les duplications et d’assurer une cohérence dans la médiation?

Amb Mohamed Idriss Farah: La coordination est au cœur de notre démarche. Dès le départ, le président de la Commission de l’Union africaine, M. Mahmoud Ali Youssouf, a insisté sur la nécessité d’une action concertée. L’UA agit en complémentarité avec la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), les Nations unies et les partenaires bilatéraux présents à Antananarivo.

Nous partageons les mêmes objectifs: restaurer la confiance, prévenir toute escalade et accompagner le pays vers un processus politique pacifique et crédible. Nous avons déjà tenu plusieurs réunions conjointes avec les représentants diplomatiques, africains et internationaux, pour harmoniser nos approches. C’est cette cohérence collective qui donne de la crédibilité à notre action.

ADI: En plus de la mission que vous conduisez, une seconde délégation de l’Union africaine, dirigée par M. Domitien Ndayizeye, ancien président du Burundi et président du Panel des Sages de l’UA, est également présente à Antananarivo. Pourquoi l’Union africaine a-t-elle choisi de déployer deux équipes dans le cadre de cette médiation?
Amb Mohamed Idriss Farah: Il ne s’agit pas de deux missions distinctes, mais d’une même démarche coordonnée au service d’un objectif commun: accompagner Madagascar vers une sortie de crise durable.,Le président Domitien Ndayizeye dirige la délégation de haut niveau du Panel des Sages, tandis que je représente le président de la Commission de l’Union africaine, M. Mahmoud Ali Youssouf, en qualité d’Envoyé spécial pour Madagascar.

Nos actions sont parfaitement complémentaires. La présence conjointe du Panel des Sages et de l’Envoyé spécial traduit la volonté du président de la Commission d’accorder une attention prioritaire à la situation malgache. Elle vise à conjuguer expérience, médiation politique et diplomatie de proximité, afin de favoriser un dialogue apaisé, crédible et inclusif entre les différentes composantes du paysage politique malgache.

ADI: Compte tenu des tensions politiques persistantes et de la fragilité sociale, pensez-vous que les conditions sont aujourd’hui réunies pour une sortie de crise durable à Madagascar? Et quel message l’Union africaine souhaite-t-elle adresser aux acteurs malgaches à ce stade du processus?
Amb Mohamed Idriss Farah: Je reste fondamentalement optimiste. Madagascar a une longue tradition de résilience et un peuple profondément attaché à la paix. Les difficultés actuelles sont sérieuses, mais elles ne sont pas insurmontables si la volonté politique prévaut sur les intérêts partisans.

Le message de l’Union africaine est clair: la crise malgache doit trouver une solution malgache, fondée sur le dialogue et la responsabilité. Nous encourageons les dirigeants, les partis politiques, la société civile et les institutions à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. L’Union africaine sera toujours aux côtés du peuple malgache pour soutenir un processus pacifique, inclusif et durable.

Au terme de cette première phase qui vient de s’achever ce mercredi, je compte revenir sur la Grande Île, le plus tôt possible.

Source: adi

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