Africa-Press – Djibouti. La préfecture de Bamingui-Bangoran s’étend sur 58 200 kilomètres carrés dans le nord-est de la République centrafricaine, avec Ndélé pour chef-lieu. Et dans la nuit du lundi à mardi dernier, un habitant du village de Huiffrane, situé à 8 kilomètres de Ndélé a trouvé la mort lors d’une expédition de chasse qui a viré au cauchemar pour les victimes.
Ce père de famille avait rejoint plusieurs jeunes de sa communauté pour une sortie nocturne dans les environs. Le parc national de Bamingui-Bangoran couvre 1 070 000 hectares et constitue une zone protégée majeure dans cette région. L’équipe de chasseurs aurait pénétré dans le périmètre surveillé, déclenchant l’intervention des gardes forestiers. L’organisation Wildlife Conservation Society (WCS) gère le plus vaste complexe de zones protégées du pays dans le nord-est , employant des agents paramilitaires chargés de combattre le braconnage.
Les pisteurs ont repéré le groupe et lancé une poursuite. Plusieurs coups de feu ont déchiré la nuit. Les compagnons du défunt ont fui en catastrophe tandis qu’un projectile atteignait le chasseur qui s’est écroulé. Son cadavre est resté dans la brousse jusqu’à ce que les villageois viennent récupérer la dépouille le mardi 2 décembre pour l’enterrement familial.
Les témoins présents cette nuit-là affirment à CNC qu’aucun affrontement armé n’a précédé les tirs. Dès l’apparition des gardes, le groupe aurait décampé sans riposter. Certains membres jurent qu’ils empruntaient simplement un passage longeant la réserve, sans vouloir braconner. D’autres éléments laissent néanmoins penser à la rédaction du CNC qu’une incursion effective dans le territoire protégé a pu se produire.
L’incident pousse à s’interroger sur les prérogatives accordées aux surveillants. Peuvent-ils ouvrir le feu sur des personnes en fuite qui ne représentent aucune menace directe? L’emploi d’armes létales dans de telles circonstances devrait normalement obéir à des règles d’engagement strictes.
Notons qu’en 2018, WCS a signé un partenariat public-privé avec le gouvernement centrafricain pour gérer pendant 25 ans le complexe du Nord-Est et son paysage fonctionnel , lui conférant la responsabilité complète de la gestion.
Les relations entre WCS et les communautés locales connaissent régulièrement des moments de vive tension dans cette région. En juin 2024, des habitants mécontents ont même pillé une base de l’organisation après l’arrestation d’un garde forestier originaire de Bamingui. Les autorités avaient dû organiser une médiation gouvernementale pour apaiser les esprits. Plus récemment, le licenciement de trente surveillants-pisteurs expérimentés a créé de nouvelles frictions inquiétantes dans la zone.
Désormais, la famille du défunt attend des éclaircissements sur ce qui s’est exactement passé cette nuit-là. Les autorités locales n’ont pour l’instant émis aucune communication officielle. Le village de Huiffrane, 8 kilomètres de Ndélé, vit des heures pénibles, plongé dans l’incompréhension face à cette disparition qui laisse une veuve et des orphelins. L’homme abattu pratiquait régulièrement la chasse pour nourrir les siens, comme beaucoup d’habitants de cette région reculée où les moyens de subsistance restent limités
Source: Corbeau News Centrafrique
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