Ex-combattants du 3R sèment la panique à Banguerem

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Ex-combattants du 3R sèment la panique à Banguerem
Ex-combattants du 3R sèment la panique à Banguerem

Africa-Press – Djibouti. Le mercredi 3 décembre dernier, une dizaine d’anciens combattants du mouvement 3R ont débarqué lourdement armés dans le village de Banguerem, commune de Djotoua Banguerem, à une soixantaine de kilomètres de Bouar dans la Nana-Mambéré, créant une ambiance de chaos total.

Arrivés à moto, ces hommes armés ont adopté les tactiques des mercenaires russes du groupe Wagner. Dès leur entrée dans le village, ils actionnent leurs armes. Des rafales ont retenti partout dans le village, terrifiant les habitants qui se sont enfuis ou barricadés chez eux. Après avoir semé la terreur pendant plusieurs heures, les assaillants ont rassemblé le lendemain tous les habitants encore présents dans le village pour leur transmettre un message pathétiques concernant les troupes du général Ndalé Adamou.

Leurs exigences tournaient autour d’une question dont on ignore exactement le but: pourquoi les éléments du général Ndalé Adamou de la CPC refusent-ils de rendre leurs armes? Ces ex-rebelles de 3R menaçants affirmaient connaître les cachettes de ces combattants anti-balaka et promettaient de les traquer sans relâche. Ils ont averti qu’ils se tenaient prêts à les poursuivre partout s’ils persistaient dans leur résistance.

Il y’a lieu de préciser que le général Ndalé Adamou commande une milice anti-balaka de la Nana-Mambéré qui appartenait à la Coalition des Patriotes pour le Changement, cette même alliance dont faisaient partie le mouvement 3R.

Mais le 19 avril dernier, le gouvernement a négocié séparément avec les 3R et l’UPC sous l’égide du Président tchadien, aboutissant à un accord qui a permis le désarmement progressif de ces groupes. Certains ont rejoint l’armée régulière, d’autres sont partis en formation au Maroc, tandis que quelques-uns continuent de circuler librement avec leurs armes dans les villages.

Cette proximité passée entre les 3R et les forces du général Ndalé Adamou leur donne une connaissance précise du terrain et des positions. Ils savent exactement où chercher, comment manœuvrer dans cette région qu’ils connaissent intimement puisque la majorité d’entre eux sont peuls. Les tactiques employées semblent directement inspirées de l’entraînement reçu des Wagner, qui les utilisent désormais pour traquer leurs anciens compagnons d’armes de la CPC.

L’incursion des éléments de 3R a fait une victime civile, un mort, et les menaces ont continué de planer sur le village jusqu’à ce jour, où les éléments de 3R restent encore présents dans ce village. Mais ce qui a vraiment stupéfié tout le monde, c’est la déclaration qu’ils ont faite ensuite.

Les ex-rebelles du 3R, lors du rassemblement avec les habitants, ils ont affirmé qu’ils ignoraient auparavant l’origine ethnique du président Faustin-Archange Touadéra. Ils ont raconté qu’ils croyaient qu’il était chrétien, alors qu’en réalité son père est peul, donc il est Peul. Cette découverte tardive changerait tout selon eux: Touadéra appartient à leur communauté, ils doivent donc collaborer avec lui, garantir la paix et le maintenir au pouvoir aussi longtemps qu’ils vivront, même jusqu’à sa mort si nécessaire.

Cette révélation tardive laisse sans mot les habitants. Comment ont-ils pu combattre pendant des années au sein de la CPC sans jamais s’interroger sur l’identité ethnique du chef de l’État? Lorsqu’ils portaient les armes contre le gouvernement, cette question ne se posait apparemment pas. Et pendant toute cette période de rébellion, personne n’a fait pression sur les 3R pour les contraindre à signer l’accord de paix sous la menace. Les négociations se sont déroulées normalement, jusqu’à ce qu’ils acceptent volontairement de déposer leurs armes et de rejoindre le camp du pouvoir.

La même démarche devrait s’appliquer aux groupes du général Ndalé. Si celui-ci accepte de négocier et consent à désarmer ses hommes, le problème trouvera sa solution. Et surtout, si le chef de la CPC, François Bozizé, engage des pourparlers et donne son accord, tous les combattants suivront naturellement. Mais au lieu de privilégier cette voie diplomatique, certains choisissent l’intimidation et la violence.

Ce revirement inquiète profondément. Ces mêmes personnes qui ont souffert de discriminations par le passé, qui ont crié à l’injustice lorsqu’on les ciblait en tant que peuls, retournent aujourd’hui leur violence contre les communautés chrétiennes. Après avoir signé avec le gouvernement, ils changent de cible et commencent à menacer d’autres populations. La stratégie devient claire et dangereuse.

Cette manière de procéder ne mène nulle part. Transformer les victimes d’hier en bourreaux d’aujourd’hui crée un cycle sans fin. Les habitants de Banguerem restent traumatisés, coincés entre des groupes armés qui règlent leurs comptes en utilisant l’appartenance ethnique ou religieuse comme prétexte. Le village demeure sous tension, les familles vivent dans la crainte d’une nouvelle incursion, et personne ne sait vraiment ce qui va se passer dans les jours qui viennent

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