Africa-Press – Djibouti. Dans un élan collectif rare, l’Association des Lecteurs et Écrivains d’Ali-Sabieh (ALEAS), soutenue par plusieurs organisations locales, a organisé une rencontre éducative au Centre de Développement Communautaire pour promouvoir la lecture chez les jeunes. Entre lectures vivantes, analyses littéraires et partages intergénérationnels, la jeunesse assajogue a démontré qu’elle est prête à reprendre le flambeau culturel. Un souffle nouveau pour les lettres dans la région, porté par des étudiants engagés, des écrivains émergents et un solide tissu associatif.
Jeudi dernier, au Centre de Développement Communautaire (CDC) d’Ali-Sabieh, l’Association des Lecteurs et Écrivains d’Ali-Sabieh — plus connue sous l’acronyme ALEAS — a organisé une rencontre estudiantine consacrée à la promotion de la lecture. Une initiative qui a rassemblé un large public, dans un élan de solidarité associative inédit dans la région.
L’événement s’est déroulé avec le concours de quatre autres structures partenaires: l’Association des Jeunes du Château d’Eau (AJCD), la bibliothèque d’Askar-ville, l’Amical des Livres Ouverts (ALO Aska), et le groupement des Étudiants Solidaires. Ces derniers, composés de jeunes originaires d’Ali-Sabieh et inscrits à l’Université de Djibouti, s’engagent chaque année, durant les vacances scolaires, à dispenser des cours de soutien gratuits aux élèves en classe d’examen — en particulier aux collégiens de 9e année et aux lycéens en terminale préparant le baccalauréat.
Grâce à la création des bibliothèques ALO Aska et Askar-ville, la région d’Ali-Sabieh enregistre depuis quelques années de remarquables résultats dans la série littéraire du baccalauréat. Un progrès attribué en grande partie à cette dynamique collective autour du livre. Depuis sa fondation, ALEAS a permis l’éclosion de quatre jeunes auteurs dont les ouvrages ont été publiés et présentés publiquement lors de cérémonies en présence des autorités régionales. Cette journée a ainsi offert une nouvelle vitrine aux talents littéraires locaux. La rencontre a rassemblé un public varié: écoliers, collégiens, lycéens, étudiants, parents d’élèves, mais aussi enseignants, conseillers pédagogiques et membres du centre de lecture et d’animation culturelle du CDC. La députée Filsan Abdillahi Miguil, cofondatrice de la bibliothèque d’Askar-ville, était également présente, aux côtés d’auteurs et d’acteurs engagés dans la vie éducative régionale.
L’objectif affiché de cette initiative était clair: éveiller l’intérêt des jeunes pour la lecture, renforcer les liens intergénérationnels autour du livre, valoriser les auteurs locaux et transmettre aux nouvelles générations une véritable culture littéraire.
L’événement, minutieusement préparé pendant plusieurs semaines par un comité organisateur mobilisé, a alterné entre présentations littéraires, lectures vivantes, échanges interactifs et discussions thématiques sur les œuvres. Les jeunes étudiants ont exposé le contenu de romans et de nouvelles publiés par les jeunes plumes d’ALEAS, permettant au public de découvrir la richesse de leur production littéraire.
Le moment fort de la journée fut la présentation, par les jeunes eux-mêmes, de quatre œuvres rédigées par des membres d’ALEAS. Chacune a été choisie, analysée et interprétée avec rigueur. Les intervenants, qu’ils soient collégiens, lycéens ou universitaires, ont su s’approprier les textes avec une sincérité et une émotion palpables, au grand bonheur des auteurs présents.
La qualité des prestations, la finesse des analyses et la passion manifestée dans chaque intervention témoignent du sérieux et du niveau d’engagement de ces jeunes lecteurs. Ils ont prouvé que la lecture peut être un acte vivant, accessible, porteur d’idées et d’émotions, et surtout, un puissant levier de transformation individuelle et collective.
Cette journée a également été l’occasion d’intégrer une dimension réflexive à travers une enquête de terrain. Un questionnaire a été distribué aux participants afin d’évaluer leur rapport personnel à la lecture, de cerner leurs habitudes, leurs préférences, mais aussi les freins qu’ils rencontrent. Les résultats de cette enquête guideront les futures actions de l’association et permettront d’élaborer des stratégies adaptées aux réalités locales pour promouvoir la lecture de manière plus efficace.
Au-delà de l’animation culturelle, cette journée a démontré que la relève littéraire et associative est bien présente, active et animée d’une passion sincère pour les lettres. Ces jeunes, par leur sérieux et leur créativité, incarnent l’avenir d’ALEAS et constituent une richesse indéniable pour le développement culturel de la région d’Ali-Sabieh.
Les premières analyses du questionnaire ont mis en évidence un obstacle majeur: l’usage excessif et quasi permanent des réseaux sociaux, qui tend à détourner les jeunes de la lecture régulière. Un constat que les associations partenaires comptent bien prendre en compte dans leurs prochaines initiatives éducatives.
Ali Ladieh
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