Africa-Press – Djibouti. Djibouti, carrefour de l’Afrique de l’Est et terre d’accueil depuis plusieurs décennies, se distingue aujourd’hui par une politique volontariste en matière d’éducation des enfants réfugiés. Dans un contexte marqué par les déplacements massifs de populations dans la région — principalement en provenance de Somalie, d’Éthiopie, d’Erythrée et du Yémen — le pays a choisi de faire de l’école un outil privilégié d’intégration, d’inclusion et de résilience. Loin d’être un parcours sans obstacles, la scolarisation de ces enfants représente un chantier exigeant mais porteur d’espoir.
Depuis 2017, Djibouti fait partie des premiers pays africains à avoir adopté une loi accordant aux réfugiés les mêmes droits à l’éducation que les nationaux. Ce tournant historique place l’école au cœur de la stratégie d’intégration. Concrètement, les enfants réfugiés sont inscrits dans les établissements publics djiboutiens, suivent les mêmes programmes et passent les mêmes examens que leurs camarades djiboutiens. Cette politique innovante, saluée par les partenaires internationaux, constitue un modèle dans la région.
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFOP) a, à cet égard, multiplié les initiatives: extension des infrastructures dans les zones accueillant des réfugiés, recrutements supplémentaires d’enseignants, renforcement du suivi pédagogique et mise en œuvre de programmes de remédiation pour accompagner les élèves rencontrant des difficultés linguistiques ou scolaires. Ces efforts sont menés en étroite collaboration avec le HCR, l’UNICEF, l’OIM et diverses ONG présentes sur le terrain.
Des avancées tangibles malgré les défis. Dans les camps d’Ali-Addeh, de Holl-Holl ou encore du centre urbain de Markazi, les écoles ne désemplissent pas. Le taux de scolarisation dans le primaire a progressé de manière significative ces dernières années grâce à l’amélioration de l’accès aux salles de classe, aux manuels scolaires et aux cantines. Pour de nombreux enfants ayant fui les conflits, l’école représente un refuge, un espace sécurisé où ils peuvent retrouver stabilité et dignité.
Mais le défi reste immense. Les langues d’enseignement, notamment le français, exigent un accompagnement spécifique pour des élèves venus d’horizons divers. Les classes sont souvent surchargées dans les zones où les flux de réfugiés sont les plus importants. Les infrastructures doivent encore être renforcées pour répondre aux besoins d’une population jeune en constante augmentation.
Les enseignants, eux, doivent parfois composer avec des réalités socio-psychologiques complexes, car beaucoup d’enfants ont été exposés à des traumatismes.
Malgré ces obstacles, la dynamique engagée permet aujourd’hui d’offrir à des milliers d’enfants un horizon nouveau. Les programmes d’inclusion scolaire et les formations professionnelles ouvertes aux jeunes réfugiés contribuent à l’autonomisation d’une génération qui aspire à devenir actrice de son développement.
À Djibouti-ville, l’intégration des enfants réfugiés dans les établissements ordinaires favorise la cohésion sociale. Les élèves apprennent côte à côte, partagent leurs expériences et construisent ensemble une culture de paix. L’éducation devient ainsi un vecteur de stabilité et un outil majeur de prévention des tensions communautaires.
Un modèle qui inspire. La stratégie djiboutienne en matière de scolarisation des réfugiés suscite l’intérêt de plusieurs pays et organisations internationales. Notre pays démontre qu’une volonté politique ferme, combinée à l’appui des partenaires, peut transformer un défi humanitaire en opportunité éducative. En faisant le pari de l’inclusion, Djibouti investit dans un avenir commun, où chaque enfant — qu’il soit réfugié ou citoyen — a accès au même droit fondamental: apprendre.
L’expérience djiboutienne reste certes perfectible, mais elle témoigne d’un engagement sincère à ne laisser aucun enfant au bord du chemin. Dans un monde où les déplacements forcés ne cessent d’augmenter, Djibouti offre un exemple inspirant d’hospitalité et de vision. À travers son système éducatif inclusif, le pays rappelle qu’aucune société ne peut se construire durablement sans donner à ses enfants, quel que soit leur statut, la possibilité d’écrire leur propre avenir.
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