La galaxie africaine de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies

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La galaxie africaine de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies
La galaxie africaine de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies

Maher Hajbi

Africa-Press – Djibouti. Connexions politiques, conseillers, fidèles collaborateurs et nouveaux piliers… Qui sont les relais avec lesquels le dirigeant, à la tête du géant pétro-gazier français depuis 2014, pilote la stratégie africaine du groupe ?

Malgré une conjoncture délicate en Afrique, marquée par la baisse du rythme de production et de commercialisation des hydrocarbures, Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies, considère toujours le continent comme un marché clé pour le pétrolier français. À 60 ans, et alors qu’il se dirige vers un quatrième mandat, le polytechnicien, également diplômé de la prestigieuse École des mines de Paris, compte sur des hommes influents pour réorganiser les forces vives du groupe sur le continent.

À l’heure où les critiques contre « les bombes climatiques » du pétrolier tricolore en Afrique se multiplient, Patrick Pouyanné continue de tisser sa toile, notamment dans l’offshore, au Nigeria, en Namibie, ou récemment en Afrique du Sud. Figure publique clivante – qui dispose de solides connexions au plus haut sommet de l’État –, critiqué lorsqu’il s’est vu élever au rang d’officier de la Légion d’honneur par l’Élysée, mais également reconnu par ses pairs pour le tournant qu’il a su donner au groupe Total devenu TotalEnergies, l’ancien conseiller d’Édouard Balladur à Matignon est aussi un habitué des palais africains.


João Lourenço

Patrick Pouyanné, dont la carrière au sein du groupe tricolore l’a vu débuter en Angola, en 1997, en tant que secrétaire général de la division exploration-production en Angola, a conservé de solides liens avec la sphère politique à Luanda. De l’ancien président José Eduardo dos Santos et sa fille Isabel, ex-patronne de Sonangol, à l’actuel chef de l’État, João Lourenço, Patrick Pouyanné a su gagner la confiance des autorités pour remporter des champs prometteurs en offshore profond, et assurer près de 45 % de la production d’hydrocarbures du pays.

Yoweri Kaguta Museveni

Avec la construction du plus long oléoduc chauffé du monde, en Ouganda (1 400 km), le PDG de TotalEnergies s’est retrouvé sous les tirs croisés des activistes environnementaux, de la justice et du Parlement européen. Il peut néanmoins compter sur la détermination du président ougandais pour avancer sur les projets Tilenga & Eacop. Yoweri Kaguta Museveni refuse le report des projets, et réitère que, dans tous les cas, « le pétrole sera extrait, comme prévu, en 2025 ».

Denis Sassou Nguesso

« Au Congo, l’histoire de TotalEnergies va continuer en bonne confiance avec les autorités du pays », s’était réjoui Patrick Pouyanné après le renouvellement, pour vingt ans, de la concession du terminal de Djeno. Un accord majeur pour la gestion du plus important terminal pétrolier en République du Congo qui n’a été trouvé qu’après des mois de discussion, un déplacement à Oyo, dans le centre du pays, et des échanges privés avec le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso.

Filipe Nyusi

Poursuivi pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger » au moment des attaques terroristes survenues dans le nord du Mozambique en 2021, le pétrolier français, qui rejette ces accusations, peut toujours compter sur la confiance du président mozambicain. Le chef de l’État, Filipe Nyusi, s’est en effet engagé à relancer les activités gazières sur le site d’Afungi, où est construit le projet Mozambique LNG, dont le coût s’élève à près de 21 milliards d’euros.


Momar Nguer

Le président du comité Afrique du Medef, Momar Nguer a passé quarante ans au sein du pétrolier français. Il a notamment dirigé la division marketing et services (distribution de carburant), et siégé au comité exécutif (2016-2020). S’il n’est plus le conseiller spécial de Patrick Pouyanné depuis octobre dernier, le natif de Thiès, grand connaisseur du continent, discute encore des activités africaines du groupe avec le patron français, qu’il a toujours accompagné lors de ses déplacements en Afrique.

Lionel Zinsou

Si les deux hommes se croisent souvent lors des événements économiques organisés dans l’Hexagone, Lionel Zinsou et Patrick Pouyanné échangent aussi régulièrement sur le continent africain. Ancien Premier ministre du Bénin, aujourd’hui à la tête de la banque d’affaires SouthBridge, l’ancien dirigeant de la Fondation AfricaFrance est un élément central du renouveau des relations franco-africaines et de l’adaptabilité des groupes tricolores aux réalités du continent.

Jean-Christophe Rufin

« Je ne travaille pas pour eux », se justifie Jean-Christophe Rufin quand il est interrogé sur ses liens avec TotalEnergies. Mais l’expertise de l’ancien diplomate, écrivain (lauréat du prix Goncourt 2001) et ex-dirigeant d’Action contre la faim est très appréciée par Patrick Pouyanné, qui lui a confié une mission d’évaluation indépendante sur la situation humanitaire dans la province du Cabo Delgado, où se situe le projet Mozambique LNG.

Membres du très sélect comité exécutif, à l’origine de l’exécution des orientations stratégiques du groupe, deux personnalités de l’entourage de Pouyanné œuvrent particulièrement au renforcement de la présence de TotalEnergies en Afrique.

Nicolas Terraz

Monsieur Afrique entre 2019 et 2021, directeur général exploration-production et membre du Comité Exécutif de TotalEnergies, Nicolas Terraz est l’un des fidèles de Patrick Pouyanné. Passé par le Nigeria et impliqué dans la gestion de différents dossiers délicats sur le continent, le polytechnicien est parvenu à convaincre le Comex d’investir 300 millions de dollars en 2023 – soit la moitié du budget mondial d’exploration – pour booster la prospection du sous-sol namibien.

Stéphane Michel

Diplômé X-Mines, l’ancien président Moyen-Orient-Afrique du Nord de Total E&P, entre 2014 et 2021, pilote désormais la branche « Gas, Renewables & Power ». Bon connaisseur de la Libye et de l’Algérie, Stéphane Michel a pour mission d’enrichir le portefeuille d’activités dans les énergies renouvelables et l’électricité. C’est à lui que revient de verdir l’image du pétrolier français, notamment en Afrique.


Mike Sangster

Directeur général de TotalEnergies Nigeria entre 2019 et 2023, cet ingénieur formé en Écosse a succédé, en septembre dernier, à Henri-Max Ndong Nzue à la tête de la direction Afrique subsaharienne du géant français. Pur produit, ou presque, du mastodonte hexagonal, il doit relancer la machine TotalEnergies en Afrique, où le groupe mise sur ses activités au Nigeria, en Angola, au Mozambique, en Ouganda, et prochainement en Namibie, pour remonter la pente.

Matthieu Bouyer

Passé par le Yémen, la Chine et le Gabon, l’ex-directeur de TotalEnergies au Qatar a été muté au Nigeria pour assurer la succession de Mike Sangster. Avec le renouvellement pour vingt ans de la licence de production du bloc OML 130, qui contient les champs prolifiques d’Akpo et d’Egina, Matthieu Bouyer est le devenu le fer de lance du pétrolier pour le renouvellement de ses actifs, au moment où le déclin naturel de ses gisements au Nigeria affecte la production.

Martin Deffontaines

Ingénieur dans l’exploration et la production pétro-gazière, Martin Deffontaines, passé par le Congo entre 2018 et 2021, dirige depuis août 2022 la filiale angolaise du groupe. Deuxième pays producteur d’or noir en Afrique, derrière le Nigeria, l’Angola est un pays majeur pour TotalEnergies. Deffontaines est très impliqué dans le développement futur des blocs 20 et 21 pour renforcer le leadership du groupe dans le deep offshore en Angola.

Maxime Rabilloud

Dans l’impasse au Mozambique après les attaques terroristes du Cabo Delgado, Patrick Pouyanné a fait appel, en août 2021, à Maxime Rabilloud pour diriger la filiale mozambicaine du groupe. Juriste, diplômé de l’Institut de droit des affaires d’Aix-en-Provence, et disposant d’une large expérience dans les pays lusophones (Brésil et Angola), il est un élément clé dans les négociations pour la reprise progressive des activités dans l’énorme gisement de gaz naturel d’Afungi.

Philippe Groueix

Il fait partie de la vague des nouveaux venus à la tête des filiales africaines du groupe français. Directeur technique au Gabon entre 2010 et 2013, il a été directeur de la branche exploration et production en Indonésie, en Bolivie et au Danemark. Arrivé en novembre 2021 en Ouganda, un pays éminemment important pour TotalEnergies, Philippe Groueix supervise l’exécution d’un investissement de plus de 5 milliards dans les projets Eacop et Tilenga.

Jean-Philippe Torres

À la tête de TotalEnergies marketing & services Afrique depuis novembre 2021, Jean-Philippe Torres est un fin connaisseur du continent pour avoir occupé différentes fonctions opérationnelles et managériales dans plusieurs pays. Infatigable voyageur, il soigne l’image du groupe et réorganise la relance de la commercialisation des produits raffinés, à travers les 4 700 stations-service que détient le groupe en Afrique.

Source: JeuneAfrique

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