Moussa Faki Mahamat : « Les militaires qui assurent les transitions ne doivent pas se présenter aux élections »

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Moussa Faki Mahamat : « Les militaires qui assurent les transitions ne doivent pas se présenter aux élections »
Moussa Faki Mahamat : « Les militaires qui assurent les transitions ne doivent pas se présenter aux élections »

Romain Gras et François Soudan

Africa-Press – Djibouti. À la tête de la Commission de l’UA depuis 2017, l’ancien ministre tchadien des Affaires étrangères s’est plusieurs fois vu reprocher ses – supposées – ambitions présidentielles. Lui défend son bilan et affiche sa fermeté à l’égard des régimes arrivés au pouvoir par la force.

À 63 ans, Moussa Faki Mahamat n’a rien perdu de la réserve un peu distante qui l’a toujours caractérisé. Natif de Biltine, dans l’est du Tchad, il ne fend véritablement l’armure que lorsque surgit, au détour d’un entretien, l’inévitable question de l’ambition qu’on lui prête – à tort ou à raison – de vouloir un jour diriger le Tchad.

Pour le reste, c’est en professionnel dépassionné que le président de la Commission de l’Union africaine (UA), élu il y a six ans et demi et dont le second et dernier mandat s’achèvera au début de 2025, a répondu à nos questions au cours de cette interview recueillie, à la fin de juin, au siège de Jeune Afrique, à Paris.

Transitions militaires, Soudan, Libye, RD Congo, fonctionnement (et dysfonctionnements) de l’UA… Le diplomate, fils d’un marabout du Ouaddaï, parvenu sur le toit de l’Afrique un jour de janvier 2017 au septième tour de scrutin, mais réélu quatre ans plus tard à l’unanimité, n’élude aucun sujet. Quant au Tchad et à son avenir, on retiendra de cet entretien qu’il ne s’interdit rien. Y compris de tenter de faire coïncider l’un avec l’autre.

Jeune Afrique : Soixante ans après la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, ancêtre de l’UA), l’Afrique ne dispose toujours d’aucun siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Est-ce une réforme que vous espérez faire aboutir d’ici à la fin de votre mandat ?

Moussa Faki Mahamat : Je l’espère bien, et ce ne serait que justice. Plus du quart des États membres des Nations unies sont des pays d’Afrique. Il est tout à fait anormal que ce continent soit aussi peu intégré à la gouvernance mondiale, et notamment au Conseil de sécurité.

En 2005, l’UA a adopté le Consensus d’Ezulwini pour revendiquer deux sièges permanents avec droit de veto, mais ce projet n’a toujours pas abouti. C’est plus qu’injuste, compte tenu du fait que 60% à 70 % des dossiers traités au Conseil de sécurité concernent le continent africain. Un continent qui, avec près de 1,5 milliard d’êtres humains, ne peut pas être ignoré sur le plan politique, pas plus que sur le plan diplomatique ou sur le plan économique.

Pourquoi l’UA n’a-t-elle toujours pas atteint l’autonomie financière ?

Une organisation qui se veut sérieuse doit effectivement se prendre en charge financièrement. En 2016, lors d’une retraite à Kigali, les chefs d’État et de gouvernement ont débattu de la question. En janvier 2017, ils ont pris un certain nombre de décisions, parmi lesquelles la mise en place de la fameuse taxe de 0,2% sur les importations éligibles, afin d’assurer la régularité des contributions des États membres.

Sept ans plus tard, moins de la moitié de ces États se sont engagés dans cette voie. Certes, je note une amélioration du taux de recouvrement des contributions des pays membres ; mais nous devons tous nous accorder sur la nécessité de financer nous-mêmes notre propre organisation.

LA CONDITION DE LA RÉUSSITE DE LA ZLECAF REPOSE SUR LA CONSTRUCTION D’INFRASTRUCTURES

En février dernier, vous avez évoqué un « manque de volonté politique » dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Comment l’expliquez-vous ?

La Zlecaf est un projet emblématique qui a commencé à prendre forme. Tous les États, sauf l’Érythrée, ont signé l’accord portant création de cette zone de libre-échange, et 47 d’entre eux l’ont ratifié. La condition de sa réussite repose sur la construction d’infrastructures : il faut d’abord relier physiquement les pays du continent pour qu’ils puissent commercer avec fluidité. Il y a ensuite la question de la libre circulation des biens et des personnes. Nous avons élaboré un protocole sur la question, qui, malheureusement, n’est pas entré en vigueur parce qu’il n’a pas été ratifié par un nombre suffisant d’États. Voilà pourquoi j’ai parlé d’un manque de volonté politique.

Après avoir octroyé à Israël un statut d’observateur, l’UA a suspendu ce statut, en février dernier. Israël accuse l’UA d’être sous l’influence de certains pays qui lui sont hostiles, comme l’Algérie ou l’Afrique du Sud. L’Afrique peut-elle parler d’une seule voix sur ce dossier ?

En 2021, plus de 40 États africains avaient des relations diplomatiques avec Israël. Certains d’entre eux m’ont demandé de lui octroyer un statut d’observateur, ce que j’ai fait, comme les textes m’en donnent le pouvoir. Mais ces mêmes textes prévoient que la question doit être portée devant le Conseil exécutif de l’UA à partir du moment où un seul État conteste cette décision.

L’UN DES PROBLÈMES EST QUE LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS REFUSE DE NÉGOCIER AVEC LE M23

Lors de cette réunion, les ministres des Affaires étrangères ont débattu, mais n’ont pas trouvé de compromis. Ils ont transmis le dossier aux chefs d’État, qui ont mis en place un comité de cinq pays, dirigé par Macky Sall, à l’époque président en exercice de l’UA. Ce comité n’a pas encore tranché.

En juin, le groupe d’experts de l’ONU a de nouveau épinglé le Rwanda pour son soutien présumé à la rébellion du M23, active dans l’est de la RDC. De nombreux pays occidentaux ont également dénoncé l’attitude de Kigali. Kinshasa évoque ce sujet depuis des mois, mais n’a été suivi par aucun pays du continent ni par l’UA. Comment expliquez-vous cela ?

Nous avons deux médiations en cours, celle de Nairobi, que dirige l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, et celle de Luanda, que mène l’Angolais João Lourenço pour apaiser les tensions consécutives à l’activisme des mouvements armés dans l’Est de la RD Congo, dont les rebelles du M23, qui seraient soutenus par Kigali. L’un des problèmes est que le gouvernement congolais refuse de négocier avec le M23, qu’il considère comme un mouvement terroriste. Le Rwanda affirme, de son côté, que les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda], les génocidaires ou ce qu’il en reste, étaient au Congo et que certains éléments seraient même intégrés aux forces armées de la RDC. C’est un exemple type de guerre par procuration.

Il faut trouver une solution car ces forces négatives sont une pomme de discorde entre ces deux pays frères. Cela vaut aussi bien pour les Rwandais qui sont au Congo et qui, pour certains, sont connus comme génocidaires, que pour le M23, qui attaque et qui tue, semble-t-il, en RDC.

Je sais que la communauté internationale prend position. Mais, pour nous, en tant que médiateur, l’essentiel est de trouver le moyen de résoudre cette crise et de restaurer une paix durable dans la sous-région.

Plusieurs présidents africains ont conduit, à la mi-juin, une mission de paix en Ukraine et en Russie. Était-ce une bonne idée, et que répondez-vous à ceux qui, sur le continent, estiment qu’il y a d’autres priorités ?

Toute initiative d’où qu’elle vienne et à partir du moment où elle va dans le sens de la paix, est toujours la bienvenue. Le timing ou le bien-fondé d’une telle démarche peuvent être discutés. Mais ce conflit a un impact sur notre continent. Il faut éviter d’instrumentaliser l’Afrique et ne pas l’obliger à prendre position dans des termes qui ne cadrent pas avec ses intérêts.

Les pratiques du groupe Wagner en Afrique sont de plus en plus réprouvées. Quelle est la position de l’UA vis-à-vis des pays qui ont recours aux services de cette organisation ?

Ce sont des décisions prises par des États souverains. Ceux-ci sont libres de collaborer avec les pays ou avec les organisations de leur choix. Pour le reste, l’UA est contre le mercenariat. Des textes, qui remontent à l’époque de l’OUA, condamnaient déjà le recours à de telles méthodes.

Au Soudan, se dirige-t-on vers une guerre civile à huis clos ?

Le risque est là. En 2019, l’UA est intervenue très tôt : je me suis rendu à Khartoum dix jours après la chute du président Omar el-Béchir et j’ai désigné un envoyé spécial, qui a travaillé pendant cinq mois avec toutes les parties, de la société civile aux militaires, pour trouver un compromis, lequel a abouti à une transition consensuelle. Ce résultat a été unanimement salué.

AU SOUDAN, MÊME S’IL Y A UN VAINQUEUR, IL NE REMPORTERA QU’UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS

Le 25 octobre 2021, il y a eu un coup d’État, dont les auteurs sont les deux généraux [Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti] qui se battent aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle le Conseil paix et sécurité de l’UA [CPS] a suspendu le Soudan.

Malgré cela, il m’a été demandé de continuer à soutenir le processus d’un retour à l’ordre constitutionnel. Un accord-cadre a été signé par certains, contesté par d’autres. Et c’est quand le sujet de la réforme du secteur de la défense et de la sécurité a été mis sur la table que la guerre a éclaté, le 15 avril dernier.

Le 20 avril, j’ai organisé une réunion pour que l’on trouve ensemble une formule de sortie de crise. Une feuille de route a été adoptée par le CPS, le 27 mai. Elle prévoit la cessation des hostilités, l’ouverture d’un couloir humanitaire et la relance du processus politique, qui a été interrompu par les autorités militaires.

Comment envisager la suite, avec deux généraux déterminés à se faire la guerre jusqu’au bout ?

Il ne peut y avoir de solution militaire au Soudan. Même s’il y a un vainqueur, il ne remportera qu’une victoire à la Pyrrhus, qui aura des conséquences destructrices pour tout le pays. Il y a un risque de guerre civile, et cette situation pourrait avoir des répercussions dans les pays voisins : Tchad, Libye, Centrafrique et Soudan du Sud.

La Libye, autre dossier prioritaire de l’UA, se trouve aussi dans l’impasse. Le statu quo est-il tenable ?

L’UA a mis sur pied un comité de haut niveau, sous l’égide du président Denis Sassou Nguesso, qui n’a pas ménagé ses efforts. Son ministre des Affaires étrangères et mon directeur de cabinet se sont rendus au moins sept fois en Libye pour discuter avec les parties impliquées. Ils poursuivent sans relâche leurs intenses efforts. Nous sommes face à un pays extrêmement divisé à l’intérieur, mais également confronté à des ingérences extérieures extrêmement fortes et divergentes.

Nous avons programmé à maintes reprises des élections, mais elles n’ont jamais eu lieu car, pour organiser un scrutin, il faut un minimum de conditions : être en mesure de faire campagne, pouvoir se déplacer dans le pays… Il faut donc commencer par réconcilier les Libyens, et c’est à cette tâche que nous nous attelons.

L’UA paraît bien impuissante face aux coups de force constitutionnels. Faut-il changer de stratégie ?

Nos textes sont clairs. C’est leur mise en œuvre par les États qui pose problème, tout comme le tripatouillage des Constitutions, l’organisation d’élections non transparentes et l’exclusion de certains candidats.

Quand des coups de force adviennent, on demande à l’UA et à sa Commission de fournir un accompagnement. C’est ce que nous faisons avec les pays en transition que sont le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Tchad et, jusqu’aux récents événements, le Soudan. Mais, très souvent, les textes ne sont pas respectés, ce qui affecte la crédibilité des institutions africaines.

Si, au Mali, le président Assimi Goïta décidait de se présenter, de quel levier l’UA disposerait-elle pour peser sur la situation ?

À ma connaissance, il n’a pas clairement dit s’il comptait se présenter.

La nouvelle Constitution semble ouvrir la voie à sa candidature…

Elle l’y autorise, en principe, mais nous sommes sur la même ligne que la Cedeao : il n’est pas question que les militaires qui ont assuré la transition puissent se présenter aux élections. Pour l’UA, il s’agit d’une règle de portée générale.

Le 20 août 2022, le discours que vous avez prononcé à l’occasion de l’ouverture du Dialogue national inclusif souverain au Tchad a été interprété par certains comme une offre de service, voire comme une ébauche de candidature. Est-ce le cas ?

J’ai été Premier ministre du Tchad il y a vingt ans, ministre des Affaires étrangères pendant près de neuf ans, et j’en suis à ma septième année à la tête de la Commission de l’UA. J’ai été convié à cette conférence, et j’ai dit dès le début que j’allais aussi m’exprimer en tant que citoyen tchadien. Personne n’a d’ailleurs le droit de m’empêcher d’évoquer la situation de mon pays, de me positionner ni même d’offrir mes services, pour reprendre votre expression.

IL Y A VINGT ANS, ON ME SOUPÇONNAIT DÉJÀ DE VOULOIR ÊTRE LE DAUPHIN D’IDRISS DÉBY ITNO. CELA NE ME FAIT NI CHAUD NI FROID

Ce jour-là, j’ai proposé une analyse fondée sur mon expérience dans ce pays et sur ce dont je suis en partie responsable. Libre à chacun d’interpréter mon discours comme il le souhaite. Mais, si je voulais être candidat ou me positionner, je l’aurais dit clairement à cette occasion.

Aujourd’hui, j’ai la charge d’une organisation internationale : ma candidature [au poste de président de la Commission] a été présentée par mon pays, et les États africains m’ont fait confiance.

Cet amalgame que font certains n’est pas nouveau. Il y a vingt ans, quand j’étais Premier ministre, on me soupçonnait déjà de vouloir être le dauphin du président Idriss Déby Itno. Cela ne me fait ni chaud ni froid.

Certains, à N’Djamena, vous ont accusé de donner des leçons, alors que vous avez vous-même occupé d’éminentes fonctions…

Je n’ai jamais occulté mes responsabilités. Dans le discours que j’ai prononcé, j’ai d’ailleurs revendiqué cette responsabilité. Malheureusement, depuis, la gouvernance s’est détériorée. Là est tout le problème.

Vous avez également pris position sur les tragiques événements d’octobre 2022, en tenant un discours très opposé à celui du pouvoir….

Après la mort du président Déby [en avril 2021], l’UA n’a pas suspendu le Tchad comme elle l’a fait avec d’autres pays. Certains me l’ont reproché, mais je crois que les États africains, du fait du rôle qu’avait joué le défunt chef de l’État et des conditions tragiques de sa disparition, étaient sincèrement touchés par ce qu’il s’est passé. Et comme la stabilité du Tchad était menacée par une rébellion, décision a été prise de ne pas sanctionner le pays.

Cette décision était néanmoins assortie de conditions : la transition ne devait pas durer plus de dix-huit mois, et les militaires ont l’interdiction de se présenter [à la présidentielle], comme ils s’y sont eux-mêmes engagés. Par la suite, les choses ont été faites autrement. J’ai dit ce que je pense, et je maintiens mon analyse. J’ajoute que, pour éviter tout amalgame, j’ai depuis délégué les questions relatives au Tchad au Département des affaires politiques, de paix et de sécurité de l’UA.

En octobre 2022, Félix Tshisekedi a été désigné facilitateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) dans la crise au Tchad, lors d’un sommet auquel vous n’avez pas été convié. Regrettez-vous d’avoir été tenu à l’écart ?

Nous avons salué la désignation du président congolais. Elle ne présente pas d’incompatibilité avec notre action. Pour le reste, je n’ai pas été convié – à tort, parce que l’un de nos protocoles stipule que le président de la Commission de l’UA est automatiquement invité aux réunions des communautés économiques régionales.

Je n’en fais pas un problème, et il n’y a désormais plus d’entorse à la règle puisque j’ai été convié au sommet de la Ceeac, à Libreville, au début de juillet.

LE JOUR OÙ JE PRENDRAI MA DÉCISION, TOUT LE MONDE LE SAURA

En novembre dernier, vous aviez présenté un rapport très critique sur la situation au Tchad, mais le CPS a refusé de prendre des sanctions. S’agit-il pour vous d’un échec ?

Pas du tout. Le CPS m’a chargé de faire un rapport, et je me suis fondé sur les différentes décisions de cet organe, qui allaient toutes dans le sens d’une interdiction pour les militaires de se présenter [à un scrutin présidentiel]. Son refus de sanctionner le Tchad était le fruit d’un exercice d’équilibriste : tout en soutenant les conclusions du Dialogue national, le CPS a répété que ceux qui avaient dirigé la transition ne devraient pas être candidats.

Vous êtes en fonction depuis un peu plus de six ans. Votre second et dernier mandat s’achève au début de 2025. Dans l’hypothèse où l’élection présidentielle tchadienne se tiendrait comme prévu en octobre 2024, envisageriez-vous d’être candidat ?

Je n’ai pas encore pris de décision et, le jour où je la prendrai, tout le monde le saura.

Êtes-vous fier de votre bilan ?

Je n’ai pas de raison de ne pas en être fier. Ce que j’ai fait, je l’ai fait avec conviction.Ceci dit, je suis loin de prétendre à la perfection.

Le continent doit relever des défis gigantesques. La volonté politique n’a pas toujours été au rendez-vous, et ce pour diverses raisons. Mais, aujourd’hui, l’UA pèse davantage sur le plan international. Sans prétention aucune, je pense avoir fait de mon mieux pour être à la hauteur de la confiance qui m’a été accordée.

On avait l’habitude de considérer l’OUA comme un syndicat de chefs d’État. Est-ce le cas de l’UA ?

Je ne sais pas si l’on peut parler de syndicat. Il est vrai que le leadership n’a pas toujours été à l’abri des critiques, formulées surtout par la jeunesse africaine. Une organisation qui compte une cinquantaine de membres est forcément difficile à gérer. Les pays ne sont pas tous au même niveau de développement, ils n’ont pas les mêmes réalités et sont confrontés à des défis différents. Nous appartenons cependant tous à une même famille et, si nous devons émerger, ce sera ensemble et de manière solidaire que nous y parviendrons.

La Source: JeuneAfrique.com

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