Russie-Afrique : ce qu’il faut retenir du sommet de Saint-Pétersbourg

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Russie-Afrique : ce qu’il faut retenir du sommet de Saint-Pétersbourg
Russie-Afrique : ce qu’il faut retenir du sommet de Saint-Pétersbourg

Florence Richard

Africa-Press – Djibouti. Le sommet Russie-Afrique organisé par Vladimir Poutine s’est achevé ce vendredi 28 juillet à Saint-Pétersbourg. Moins d’une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement du continent ont fait le déplacement, contre plus d’une quarantaine lors de la précédente édition, en 2019, à Sotchi.

Les deux événements se sont télescopés. Au moment où le Niger plongeait dans l’inconnu après le coup de force de mutins contre le président Mohamed Bazoum, un des derniers allié des Occidentaux au Sahel, s’ouvrait à Saint-Pétersbourg le deuxième sommet Russie-Afrique en présence, notamment, d’autres putschistes : le capitaine Ibrahim Traoré et le colonel Assimi Goïta, les présidents de transition burkinabè et malien.

Pourtant très réticents à voyager en dehors de leurs frontières respectives depuis leur accession au pouvoir par la force, ces derniers faisaient partie des quelques chefs d’État et de gouvernement africains qui ont fait le déplacement à Saint-Pétersbourg.

Promesses

Isolé sur le plan international depuis le début de sa guerre en Ukraine, en février 2022, et fragilisé sur le plan interne depuis la rébellion du groupe paramilitaire Wagner, en juin, Vladimir Poutine a d’emblée tenu à rassurer ses partenaires africains. Il a ainsi annoncé une livraison gratuite de céréales à six d’entre eux, dix jours après l’annonce du non-renouvellement de l’accord sur les exportations céréalières, qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses produits agricoles via la mer Noire malgré les combats.

« Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée », a assuré le président russe. Et tant pis si ces tonnes promises – à diviser par six de surcroît – semblent bien dérisoires face aux besoins des pays concernés, pourvu que l’entreprise de réhabilitation diplomatique fonctionne.

Lors du précédent sommet Russie-Afrique, à Sotchi, en 2019, le même Vladimir Poutine avait promis de doubler le volume des échanges commerciaux russes avec les pays africains – lesquels étaient d’environ 20 milliards de dollars en 2018, dont 7,7 milliards pour la seule Égypte. Loin d’être doublé, ce chiffre avait finalement baissé à 17,7 milliards de dollars en 2021.

« En famille »

En 2019, Sotchi avait malgré tout marqué le retour des ambitions russes en Afrique, trois décennies après l’effondrement de l’Union soviétique, qui fut une alliée de poids pour nombre de pays africains. À l’époque, 43 chefs d’État et de gouvernement s’étaient déplacés sur les bords de la mer Noire. Cette année, aucun chiffre officiel n’a été communiqué, mais seulement 17 d’entre eux étaient présents, en plus des ministres des Affaires étrangères dépêchés sur place, selon notre décompte. Pour Moscou, l’explication est simple et tient à « la pression sans précédent » des Occidentaux pour dissuader les Africains d’y assister.

NOUS SOMMES LES PEUPLES OUBLIÉS DU MONDE DANS LES LIVRES D’HISTOIRE OU LES FILMS

« On se sent en famille ici. La Russie est une famille pour l’Afrique. C’est une famille car nous avons la même histoire. La Russie a consenti à d’énormes sacrifices pour libérer le monde du nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, et nos grands-pères ont été déportés de force en Europe pour se débarrasser du nazisme. Nous partageons la même histoire en ce sens que nous sommes les peuples oubliés du monde dans les livres d’histoires ou les films », a affirmé ce vendredi, dernier jour du sommet, le capitaine Ibrahim Traoré, lors d’une table ronde réunissant les dirigeants africains et leur hôte russe.

Le chef de la junte burkinabè s’est dit « bien content » de l’annonce de livraisons gratuites de céréales en faveur de son pays, tout en espérant qu’un jour l’Afrique puisse « assurer l’autosuffisance [de ses] peuples ». Au passage, le jeune capitaine burkinabè n’a pas manqué d’égratigner « les chefs d’État africains » qui « traversent le monde à mendier ».

« Partenariat d’égale dignité »

Une sortie qui n’a pas été du goût de tous. « Les chefs d’État ne sont pas venus ici pour mendier, tout comme nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main. Nous travaillons pour un partenariat d’égale dignité entre les peuples. Nous tenons le même discours à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg ou à Washington », lui a répondu le Sénégalais Macky Sall, président réputé proche de la France qui quittera le pouvoir à la fin de son mandat, en février 2024.

Macky Sall et ses homologues Umaro Sissoco Embaló, Denis Sassou Nguesso, Azali Assoumani – par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (UA) -, ainsi que le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, ont par ailleurs refusé de poser sur la traditionnelle photo de famille de ce sommet aux côtés des putschistes malien et burkinabè, provoquant la gêne des organisateurs russes.

La Source: JeuneAfrique.com

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