Africa-Press – Djibouti. À Ali Sabieh, les localités rurales d’Assamo et de Damerjog ont récemment été le théâtre d’un important programme de formation destiné à professionnaliser les coopératives agricoles. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui aux Filières Agricoles Résilientes (FAR), porté par le ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche, de l’Élevage, chargé des Ressources halieutiques, en partenariat avec le Centre de Leadership et de l’Entrepreneuriat (CLE). Le projet vise à moderniser et structurer durablement le secteur agricole national, en dotant les coopératives d’outils de gestion, de gouvernance et d’organisation adaptés aux enjeux actuels.
La semaine dernière, une trentaine de futurs formateurs ont participé à une mission d’immersion sur le terrain, leur permettant de prendre la pleine mesure des réalités agricoles dans les régions concernées. Ces visites d’étude, organisées dans les localités d’Assamo et de Damerjog, ont permis aux participants d’échanger directement avec les membres de coopératives agricoles, d’observer leurs méthodes de travail, de comprendre leurs pratiques de gouvernance, et d’identifier les défis auxquels ils font face au quotidien.
À Assamo, les échanges ont porté sur la structuration des activités de production, de transformation et de commercialisation. Les discussions ont mis en évidence des enjeux cruciaux liés à la prise de décision collective, à la transparence dans la gestion, et au partage des responsabilités entre membres.
Le lendemain, à Damerjog, les coopératives de Douda Petit, Grand Douda et Damerjog ont été réunies pour un atelier d’échange collectif. Cette rencontre a permis de croiser les expériences, de comparer les pratiques et de proposer, en collaboration avec les formateurs, des pistes concrètes d’amélioration.
Pour les coopérateurs présents, cette initiative a été accueillie comme une véritable opportunité de renforcement de leurs capacités. Ce processus de formation bénéficie de l’appui technique de la Société financière internationale (IFC), institution membre du Groupe de la Banque mondiale.
À travers son programme Agrobusiness Leadership Program (ALP), l’IFC soutient les coopératives agricoles africaines depuis 2016. L’un de ses représentants, M. Ndjonkou, expert en coopération agricole, a activement pris part aux échanges sur le terrain à Djibouti. Il a insisté sur l’importance de transformer les coopératives rurales en entreprises structurées et viables économiquement, capables de générer une réelle valeur ajoutée pour leurs membres. La mission de terrain menée à Assamo et Damerjog s’intègre dans un programme de formation national entamé le 9 juin. Ce dispositif comprend, en amont, un travail d’adaptation des outils pédagogiques aux spécificités djiboutiennes, ainsi que des sessions d’apprentissage sur les compétences d’animation, de coaching et de gestion coopérative. La formation intensive se poursuit jusqu’à la fin du mois de juin. Elle a pour objectif de certifier 36 formateurs nationaux, lesquels constitueront le noyau d’un réseau pérenne de formateurs mobilisables par le CLE, l’unité de gestion du projet FAR, le ministère de l’Agriculture ou d’autres partenaires impliqués dans l’accompagnement des coopératives.
Stimuler la création de valeur locale
La stratégie mise en place découle d’un diagnostic approfondi mené en avril dernier. Ce travail d’évaluation a révélé de nombreuses faiblesses structurelles: gestion approximative, gouvernance fragile, faible niveau de formation des membres et manque de vision entrepreneuriale. Le projet FAR cherche à répondre à ces lacunes par une approche intégrée qui combine renforcement des compétences et structuration d’un écosystème coopératif durable. Cette approche mise également sur une participation accrue des femmes, afin de favoriser leur implication dans les instances décisionnelles et de promouvoir leur leadership au sein des structures agricoles. L’impact attendu de cette stratégie dépasse la simple montée en compétence des membres de coopératives. À travers ce programme, Djibouti entend renforcer la résilience de ses zones rurales, améliorer la sécurité alimentaire, stimuler la création de valeur locale, et favoriser l’autonomie économique des petits producteurs. Si la dynamique actuelle est maintenue, les résultats pourraient être visibles dès les prochains mois, avec une meilleure gouvernance des coopératives, un accès élargi aux marchés, des circuits de distribution mieux organisés, et une plus grande intégration dans les chaînes de valeur nationales et régionales.
Le lancement de la formation intensive marque donc un tournant dans la transformation du secteur agricole djiboutien. En investissant dans le capital humain et en valorisant l’expertise locale, le projet FAR pose les bases d’un changement durable, au service d’une agriculture plus moderne, plus solidaire et plus compétitive. Il s’agit d’un engagement de long terme, qui nécessite de la rigueur, de la cohérence, mais aussi un accompagnement soutenu des acteurs de terrain.
Une évaluation post-formation est d’ores et déjà prévue, avec la perspective de développer une deuxième phase axée sur des compétences plus avancées en matière de gestion coopérative. L’objectif est de pérenniser les acquis de la première phase, d’ajuster les outils pédagogiques en fonction du retour d’expérience, et de continuer à bâtir une architecture de formation capable d’accompagner la mutation du secteur agricole sur l’ensemble du territoire national.
La dynamique enclenchée à Assamo et Damerjog montre que, loin des clichés d’un monde rural figé, les communautés agricoles djiboutiennes sont prêtes à relever les défis du XXIe siècle, pourvu qu’elles soient écoutées, formées et soutenues.
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