Comment l’IA peut stimuler davantage la production africaine d’uranium

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Comment l’IA peut stimuler davantage la production africaine d’uranium
Comment l’IA peut stimuler davantage la production africaine d’uranium

Emiliano Tossou

Africa-Press – Djibouti. Lors du Sommet sur l’intelligence artificielle, qui s’est achevé mardi 11 février à Paris, le président Emmanuel Macron a cité l’énergie nucléaire comme l’un des atouts dont dispose la France pour attirer les investissements mondiaux dans l’IA. Cette déclaration souligne le rôle clé du nucléaire dans le développement de cette technologie, à un moment où la transition énergétique suscite un regain d’intérêt pour cette source d’énergie bas-carbone. Riche en réserves, l’Afrique fait partie des régions de production qui peuvent tirer profit de cette croissance de la demande d’uranium que le développement de l’IA pourrait accélérer.

Répondant au fameux slogan de Donald Trump « drill, baby, drill ! », le chef de l’Etat français a déclaré lundi dernier qu’il n’y a nul besoin de forer pour alimenter dans l’Hexagone les centres de données qui font fonctionner l’IA. « It’s just plug, baby, plug ! [C’est simplement branche, bébé, branche ! Ndlr] », a assuré Emmanuel Macron aux délégations d’une soixantaine de pays présents à Paris, dont l’Inde, la Chine et les Etats-Unis.

Recours croissant au nucléaire par les géants de l’IA

Selon le Forum économique mondial, la demande d’électricité des centres de données devrait passer de 1 % de la demande mondiale d’énergie en 2022 à plus de 3 % d’ici 2030. Pour l’analyste James Schneider de Goldman Sachs, la demande mondiale d’énergie de ces centres devrait progresser de 165 % d’ici la fin de la décennie, par rapport à 2023. En pleine transition énergétique, cette croissance de la demande pousse les géants de l’IA à miser sur des sources d’énergie décarbonée ou bas-carbone, comme le nucléaire.

En septembre 2024, Microsoft a ainsi signé un accord pour relancer la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie. Si le deal est approuvé par les autorités de régulation (la centrale est fermée depuis 2019), la firme de Redmond vise une production d’électricité supérieure à 800 mégawatts jusqu’en 2054. L’énergie fournie par l’un des deux réacteurs du site servira à alimenter les data centers de Microsoft, qui fournissent notamment l’infrastructure pour le fonctionnement d’Open AI et de son agent conversationnel ChatGPT.

Le groupe Meta a aussi lancé en décembre 2024 un appel d’offres pour sélectionner des développeurs d’énergie nucléaire afin d’atteindre ses objectifs de durabilité en matière d’IA. « Notre objectif est d’ajouter 1 à 4 GW de nouvelles capacités de production nucléaire aux États-Unis, à partir du début des années 2030. Nous cherchons à identifier des développeurs capables d’accélérer la disponibilité de nouveaux générateurs nucléaires », a déclaré le groupe dirigé par Mark Zuckerberg.

Des projets similaires ont aussi été annoncés par Amazon Web Services ou encore Google, qui a signé en octobre 2024 un accord pour acheter de l’énergie nucléaire à la start-up américaine Kairos Power.

Impact sur le marché de l’uranium

Pour le moment, les analystes ne fournissent pas de prévisions sur l’impact du développement de l’IA sur la demande d’uranium, combustible indispensable à l’énergie nucléaire. La construction annoncée de nouveaux réacteurs pour les datacenters coïncide néanmoins avec une demande accrue d’uranium dans un contexte déjà marqué par une offre limitée. Selon Sprott, société de gestion d’actifs spécialisée sur les métaux, la production minière d’uranium est déjà inférieure aux besoins des réacteurs en activité.

En 2024, la production mondiale d’uranium est estimée à 157 millions de livres, alors que la demande des réacteurs devrait atteindre 176 millions de livres. Cette tension sur l’offre est amenée à s’accentuer, la demande étant projetée à 338 millions de livres d’ici 2040. Pour y répondre, la production mondiale d’uranium doit doubler dans les 15 prochaines années, ce qui n’est pas gagné selon Sprott.

Face à cette pression sur l’offre, l’Afrique pourrait jouer un rôle déterminant. Des pays comme la Namibie, le Niger et la Mauritanie disposent d’importantes réserves inexploitées, et plusieurs projets de relance de la production y sont en cours. Le redémarrage en 2024 de la mine de Langer Heinrich en Namibie par Paladin Energy illustre cette tendance. Avec des prix de l’uranium dépassant les 100 dollars la livre pour la première fois depuis 2007, ces pays sont bien positionnés pour attirer les investissements et accroître leur production, afin de répondre à la demande croissante induite également par l’essor de l’IA.

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